SIDILARSEN (FRA) - Machine Rouge (2011)
Label : New Track Music
Sortie du Scud : 10 octobre 2011
Pays : France
Genre : Rock / Metal Industriel
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 42 Mins
SIDILARSEN a toujours fait preuve d’un engagement marqué, notamment à l’encontre du gouvernement en fonction, comme ils le clamaient sur le diptyque clôturant leur opus précédent. Sur Machine Rouge, leur nouvel album, les paroles sont moins cinglantes et apparaissent, par moments, poétiques. La formation toulousaine a préféré, en dehors de ses propos, revendiquer ses idées par des actions. C’est ainsi qu’ils en sont venus à distribuer, gratuitement, un premier single issu de ce disque, dans plusieurs grandes villes de France, en tant que pied de nez aux majors du disque jurant plus par leur bourse que par le talent artistique.
Une Nuit Pour Sept Jours développait déjà la musique du quintette vers des territoires plus Rock, avec une emphase sur les guitares. Leurs compositions se voulaient alors plus posées, mais pas moins vindicatives. Sur ce nouvel opus, SIDILARSEN ravive les riffs puissants et modernes, parfois Punk Rock, essentiellement sur des refrains terriblement accrocheurs. Le soutien des vocaux fédérateurs crée d’intenses passages (« Le Meilleur Est À Venir ») à l’énergie communicative du groupe. En parallèle des lignes détonantes, Viber et Benben assurent également des leads à l’entrain appréciable. Mais, il est vrai que les deux instrumentistes ont laissé davantage de place aux beats agressifs, et à la basse de Fryzzzer. Preuve en est avec le très Dance/Techno « Paradis Perdu », dans la veine d’un « Prediction » sur Eau.
« Absolu » emprunte également ce chemin, en s’entamant sur une rythmique de beats Hip Hop et effets électro marqués, tandis que les guitares sont samplées. La production, de qualité, demeure organique, mettant bien en avant les impacts efficaces de ces percussions informatiques. Toutefois, la batterie s’en trouve lésée. L’on aurait apprécié plus de différenciation des composants, et le fait de l’avoir autant triggée cause des schémas répétitifs et monotones. Surtout lorsque la majorité des couplets sont gouvernés par la basse rondelette et bourdonnante, et cette batterie qui a du mal à apparaître naturelle, en complément de sa contrepartie électronique. Heureusement, sur quelques titres, elle l’est, à l’instar du funky « Offensifs », et ses boucles jungles dans la rythmique se rapprochant d’un « Essentielle Etincelle ». Sur cette plage, l’on trouve également Mouss & Hakim du groupe Rock/Reggae toulousain ZEBDA, imposant leur accent du Sud qui dénote, réminiscence du feat de FABULOUS TROBADORS sur « La Parole ». Un morceau qui participe aux multiples saveurs et couleurs de ce disque. Tout comme la participation du manager du groupe, Soufiane Djaffer, au détour de « Densité ». Là encore, malgré quelques percussions typées orientales, son chant en arabe manque de cohésion avec la musique exécutée, ce qui n’est pas le cas de l’excellent break à la basse qui suit.
Hormis ces apports vocaux aux sonorités variées, il s’installe une réelle fluidité dans la combinaison de la voix rauque, pugnace du frontman Didou, et celle plus temporisée, et mélodieuse, de Viber. Les temps de parole sont répartis équitablement entre le duo, même si les refrains sont davantage laissés au vocaliste principal. Ces derniers sont, d’ailleurs, relativement massifs et harmonieux, souvent repris en chœurs par les guests du morceau, comme sur le final de « Back To Basics », où c’est Frédérika (du groupe Indie Pop MANATINE) qui apparaît. Néanmoins, sur ce même titre, et contrairement à « Samira » - où elle appose des vocalises orientales dans le genre de « Féline », en compagnie du chant extrêmement prenant de Didou - sa voix nasillarde Rock peine à concorder. Qui plus est, le refrain est vraiment dénaturé par l’usage de l’anglais, et un accent bien frenchy des membres au micro. Une autre utilisation défavorable de la langue de Shakespeare a lieu sur l’excellent « Fantasia » qui, sans ce refrain où l’on ne peut s’empêcher de tiquer, et malgré sa jolie musicalité, serait une des pièces phares de la discographie des Toulousains, de par son côté atmosphérique, et son superbe pont aérien conquis par des violons envoûtants. Finalement, Viber se veut de plus en plus présent du côté du chant, ayant même sa propre piste mélancolique, guidée d’arpèges et de percussions sentencieuses touchant l’émotion (« À Ton Ego »). Un morceau qui a sa réponse avec « Vie Passionnée », où Didou domine, cette fois-ci. Néanmoins, en dépit de l’ambiance calme et fascinante du départ, le refrain sonne complètement faux avec le frontman montant dans les aigus. L’on se contente alors de sa voix rocailleuse qui fonctionne à merveille lors des couplets.
Malgré leurs déboires, les membres de SIDILARSEN ont tenu à réaliser un album complet, représentatif de toutes leurs influences et visions artistiques. Machine Rouge s’avère donc d’un fort éclectisme, assumé, mais également risqué. En effet, ils se montrent entreprenants, et ce n’est pas forcément salutaire pour leur œuvre. Ne s’imposant guère de contraintes, le groupe ose mêler des sonorités qui ne convainquent pas toujours et peuvent, également, apparaître en trop au sein des compositions. L’effort est tout de même à saluer, mais, malgré sa facilité d’accroche première, il recèle de cohabitations stylistiques pas des plus charmeuses. SIDILARSEN n’en reste pas moins un des artistes français les plus intéressants et originaux de ces dernières années.
Ajouté : Mardi 08 Novembre 2011 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Sidilarsen Website Hits: 8722
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