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SMOHALLA (FRA) - Resilience (2011)






Label : Arx Productions
Sortie du Scud : 10 octobre 2011
Pays : France
Genre : Post-Black Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 45 Mins





Tirant son patronyme d’un prophète des rêves indien, SMOHALLA compte bien nous faire partager l’expérience de son mentor, en nous plongeant dans cet univers de l’imaginaire. Telle qu’il l’avait déjà présentée au travers de leurs deux premières sorties (un album démo et un EP), la musique du combo apparaît sombre, dérangeante, mêlant avec subtilité la bizarrerie et l’extravagant. Forts de cinq années expérience ils réalisent alors Resilience, un premier album en bonne et due forme.

A la tête du groupe, Slo développe une atmosphère intemporelle, piégeant rapidement l’auditeur au sein de ses méandres difformes. Entre ambiances élégiaques et sibyllines, les pistes passent par une multitude d’états. Si la dominance est aux nappes inquiétantes (« Quasar » et sa dimension étrange, voire lugubre), de nombreux samples oniriques habillent également les morceaux. Ceux-ci sont variés, se perdant souvent dans les tréfonds ambiants, ou bien organisés en boucles surprenantes. A.L. les utilise en tant qu’éléments intrigants, charmeurs, pour mieux nous entraîner dans le dédale instrumental. L’on note aussi divers bruitages électroniques et ésotériques - lors des breaks où les samples brumeux pulsent - et un usage approprié du piano, pour densifier le climat alentour, lui apportant un côté fantasmagorique et funèbre. Quelques compositions, pendant un instant, se parent d’airs symphoniques, orientaux, ou bien néoclassiques. Les plages s’épanchent ainsi en un intense mariage de nappes épaisses et d’effets, comme « Nos Sages Divisent » qui offre, d’ailleurs, des sonorités plutôt typées Drone, avec son mélange hypnotique de claviers malsains, d’une basse marquée, et de guitares dissonantes.

Exécutées par la tête pensante de la formation, elles engendrent de fortes tensions sur des sections décadentes, tout en conservant un lien avec l’atmosphère spéciale de l’album. Les jeux saturés donnent le ton, toujours ombrés d’une certaine peine, et délivrent même des plans accrocheurs. Slo envoie des riffs solides, aux nuances incessantes (« Le Repos Du Lézard »), faisant divaguer l’auditeur au travers de territoires hallucinatoires, tordus par les cordes et les samples sépulcraux. Davantage harmonisées sur certains passages, les guitares se veulent un tantinet Prog, accompagnant les orchestrations empiriques. Les percussions appuient justement l’ensemble, sans se faire trop explosives, ce qui convient parfaitement à l’esprit visé par le groupe. Le patron de la bande rythme donc les titres d’une frappe solennelle, tout en distribuant des envolées percutantes où les blast beats rageurs soutiennent le chant extrême. À la basse, Camille laisse son empreinte dans les trames des morceaux. Support infaillible de ses voisines à cordes, il affiche également sa présence pour faire ressortir les beats et scratches d’« Oracle Rouge », et participe à conférer un aspect difforme aux titres, en assombrissant les claviers.

Pour ce qui est des vocaux, les interventions de Slo, et quelques amis, sont toutes aussi nombreuses qu’hétéroclites et, bien qu’en français, ne dénaturent jamais la musique. A eux seuls, les arrangements vocaux clairs - qu’ils soient sourds, chantonnés, murmurés, samplés, altérés, ou spectraux et inintelligibles - créent leurs propres ambiances. En outre, des voix plus consistantes sont aussi de la partie, de la simple vocalise féminine au chant clair masculin délivré avec parcimonie, telle une complainte. Les voix se mêlent, parfois, en chœurs prenants, quelque peu opératiques. Sur « Aux Mille Dieux », le chant apparaît mélodieux, contrastant avec la dissonance environnante et le tempo lourd. Toutes ces nuances rajoutent donc de la confusion dans ce disque aux multiples facettes. Et Slo se plaît à servir des cris saturés, déchirés, typiquement Black, mais usés à bon escient, de pair avec la rythmique râblée.

SMOHALLA fait la musique qui lui plaît, tout en étant originale. Cependant, en dépit du soin apporté aux titres, aussi imprévisibles que fascinants, il arrive que les plans alambiqués nous laissent sur le carreau, accablés par la profusion des schémas se déversant à la volée. Pareillement, le caractère extrêmement versatile des morceaux est à saluer. Toutefois, l’on aurait pu apprécier quelques points de repère, permettant aux titres d’avoir leur propre identité, à l’image du piano sur « Marche Silencieuse ». Les structures évitent savamment la répétition (« Au Sol Les Toges Vides »), mais certains breaks se font un peu maladroits du fait de leur soudaineté. Ainsi, il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver, dans ces pistes en perpétuel changement, pour pallier à une quelconque prévisibilité. C’est alors sans étonnement que l’on est pris de court par « L’Homme Et La Brume », pur déchaînement Black déstructuré aux vocaux arrachés, blasts intempestifs, et méandre de riffs psychédéliques, tout en y mêlant des lignes orchestrales et progressives pour une ambiance acerbe et fantasque.

En somme, sur son premier album, SMOHALLA fait preuve de multiples ressources pour garder sa musique intéressante et personnelle. Néanmoins, cette écriture assez complexe tend à rendre certains titres pleinement compréhensibles que de leurs auteurs. Resilience possède un univers suffisamment riche et développé, tout en se restreignant aux initiés du genre.



Ajouté :  Mardi 08 Novembre 2011
Chroniqueur :  CyberIF.
Score :
Lien en relation:  Smohalla Website
Hits: 9156
  
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