Y a un truc qui cloche… Pour quelle bonne raison ce disque n’est-il pas chiant à mourir ? Il n’y avait rien, strictement rien qui jouait en sa faveur. Et au final, c’est une jolie découverte qui nous attend. La raison, c’est que LOSNA, tout au long de sa prestation, nous fait passer de surprises en surprises. Des détails croustillants qui rendent cet album intéressant et qui font que même l’orage passé, on se souviendra encore de ce nom. Ce trio brésilien revient sur le devant de la scène et j’ai très bien compris quelle était l’origine de la petite réputation qu’ils possèdent dans leur pays. Quatre années après leur premier opus, Wild Hallucinations, la petite troupe revient avec son dernier bébé, Distilling Spirits, susceptible de plaire particulièrement à son public français, vous allez comprendre pourquoi.

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. En effet, le flacon n’est ici pas génial. Il faut vraiment se concentrer pour distinguer le verre de pinard représenté sur une pochette digne de l’imagerie d’Epinal. Et l’ivresse alors ? Elle est présente. C’est d’abord celle distribuée par les flèches de Cupidon, quand on découvre que ce trio est en réalité composé de deux sœurs, Fernanda et Débora. Elles ne sont pas des plus séduisantes, mais un charme certain se lit sur leur minois. Entourées par Marcelo (batterie), voilà donc un casting idéal pour une partouze forestière. Pour l’heure, c’est un méchant Thrash Metal, ouvertement Crossover et teinté de Hardcore et de Death old-school qui est au programme. La première piste est totalement anecdotique, ce qui n’est pas le cas de la suivante, « Merde ». Les nanas semblent apriori éprouver une fascination béate pour ce mot français considéré comme « charmant, attractif, agressif » puisqu’elles n’ont de cesse de le répéter sur fonds de riffs hachés-menu. Le clin d’œil à la France pourrait s’arrêter là, mais elles enchaînent avec « Tremblement De Terre » (prononcez à la brésilienne « Twemblèmen Dter ») et là, on se dit qu’on a toutes nos chances. Hommage à la « Paris bohème » et à la « Belle Epoque », les brésiliennes parlent même dans leur chanson de « Toulose Lautrec », profitant de l’occasion pour écorcher son nom. Du coup, chauvins comme un camembert de Normandie, on s’en retrouve flattés. Mais il m’en faudra légèrement plus pour leur accorder mes compliments. Et ce plus, elles me l’offrent en musique, sur un « Pentito » dont la basse omnipotente et la qualité sonore médiocre n’est pas sans rappeler HELLHAMMER, sur la ravageuse « Room 55 » (qui a d’ailleurs fait l’objet d’un vidéo clip, chose assez rare pour un si petit budget) ou la Rock & Roll « Lycanthropy ». Les tempos sont généralement lents voire très lents, ce qui permet d’apprécier totalement le jeu de guitare assez rétro de Débora et d’entendre les moindres subtilités. L’amie Fernanda a encore un peu de mal à trouver le meilleur registre et à l’évidence, elle n’a pas le coffre d’une Angela Gossow. La seule apparition à ce poste de Débora (sur « Get Out ») est déjà plus convaincante. L’expérience tourne presque au vinaigre quand la belle se met à « chanter » sur « Extorting Your Life ». Le rendu final n’en est donc pas excellent mais de là à en avoir honte… Je me garde bien de franchir le pas.

Les sud-américains sont donc la petite sensation de la semaine. Il manque certainement beaucoup de professionnalisme, d’ingéniosité et de moyens (financiers en particulier) mais le groove implacable que véhicule ce Distilling Spirits, les quelques caméos discrets qui l’agrémentent et la production aux senteurs d’humus qui enveloppe le tout sont les détails qui font tout le charme de cette sortie. Il n’y a pas grand-chose à rajouter sur un achat à la fois exotique et fortement recommandable. Croyez-moi, ces demoiselles violeront vos oreilles sans que vous esquissiez le moindre geste auto-défensif. Messieurs, à vos mouchoirs !