SKINNY PUPPY (ca) - hanDover (2011)
Label : Synthetic Symphony / SPV
Sortie du Scud : 31 octobre 2011
Pays : Canada
Genre : EBM
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 52 Mins
Quatre ans après le très bon Mythmaker qui avait pérennisé leur réunion de l’an 2000, hanDover enfonce encore un peu plus le clou, et ramène les canadiens de SKINNY PUPPY sur le devant de la scène. Toujours aussi investis dans cette Electro Body Music qu’ils affectionnent depuis leurs débuts en 1984, on peut sans se tromper affirmer que ce dernier né fait partie de leurs meilleures livraisons. Démontrant la volonté perpétuelle du duo d’aller de l’avant, hanDover puise dans le passé illustre du combo tout en apportant de ça et là des touches modernes qui leur permettent de rester ancrés dans leur époque.
On retrouve bien sur tous les ingrédients qui ont fait la renommé du PUPPY, ces rythmes dansants et légers qui ondulent sous une bonne couche de samples, et que la voix de Nivek manipule sans vergogne, restant toujours dans des tonalités monotones et constamment sur la brèche. Mais la violence instrumentale sous jacente – et qui les rapproche de fait des camarades de FRONTLINE ASSEMBLY – assortie de périodes de transitions calmes mais toujours pesantes, font de hanDover le parfait petit manuel de vie d’un 21ème siècle qui court à sa perte.
A ce titre, une juxtaposition simple de deux titres aussi différents que « Icktums » et son refrain/leitmotiv « Worship money, worship nothing », et « Wavy », et son décorum sombre et délétère, serait assez symptomatique de la direction générale de l’album. Le premier offre une rythmique plombée et répétitive à outrance, sur fond de riffs/loops apocalyptiques, tandis que le second se fait volontairement plus épais, et même malsain à l’occasion de l’utilisation d’une guitare acoustique menaçante de douceur amère.
Quant au final « NoiseX », il résume à lui tout seul cette panique des temps moderne, dans laquelle le peuple évolue les yeux bandés, en attendant la prochaine crise qui ébranlera tout le système. Très APHEX TWIN vs GOLDIE dans l’esprit, c’est un morceau prophétique avec ses nappes vocales lointaines qui résonnent comme autant de litanies du chaos dans un vide émotionnel.
L’influence FRONTLINE est aussi perceptible sur des titres aussi lestés que « Cullorblind », et ses beats qui frappent en plein cœur de manière chirurgicale, légèrement nuancés par de délicates notes de piano, qu’un chant pervers et trouble se complait à distordre.
Même constat sur « Vysirus », et sa fausse linéarité traversée d’éclairs de haine, emphase totale sur des arrangements glauques et propres à la claustrophobie.
Mais c’est certainement « Village » qui nous fait appréhender le plus la réalité de l’influence qu’à pu avoir SKINNY PUPPY sur bon nombre de ses contemporains, du révérend Manson au flippé Zombie, en passant par KILL II THIS ou SPINESHANK. Ces BPM réguliers comme des pas d’esclaves dans un couloir d’administration de l’absurde, ce chant passant sans vergogne de l’harangue violente au murmure inquiétant, et ces guitares sombres comme notre avenir ont en quelque sorte défini l’orientation à suivre lorsqu’un groupe veut symboliser tout le malaise ambiant d’un monde moderne.
Avec hanDover, SKINNY PUPPY prouve une fois de plus à quel point son duo de musiciens et un binôme visionnaire, qui ne lâche jamais prise, et qui reste solidement planté dans une époque trouble et difficile. Réussir à décrire une ère de consumérisme cathartique tout en proposant une musique concrète et pertinente est une gageure que seule une poignée de compositeurs peuvent se targuer d’avoir accomplie. C’est bien sur difficile à affronter pour un auditeur lambda sevré de produits prêts à consommer et à jeter, mais qui a dit qu’affronter le monde était une épreuve facile ?
Ajouté : Mercredi 28 Septembre 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Skinny Puppy Website Hits: 9574
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