UTOPIAN.HOPE.DYSTOPIAN.NIHILISM (pt) - Pact With Solitude (2011)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2 mai 2011
Pays : Portugal
Genre : Death Black Metal Mélodique / Progressif
Type : Album
Playtime : 4 Titres - 40 Mins
Utopie, dystopie, espoir, nihilisme. Des termes qui s’opposent, mais se complémentent, ont besoin l’un de l’autre pour exister. C’est avec cette idée en tête qu’Élvio Rodrigues a choisi le nom de son projet destiné à rester solo : UTOPIAN.HOPE.DYSTOPIAN.NIHILISM. Le Portugais a, en effet, une vision très spéciale de sa musique, qu’il créé sans se soucier des genres auxquels il touche. Dans ces conditions, il lui fut très difficile de trouver des musiciens pour partager son aventure, débutée en 2004. Ayant un instant songé à l’arrêter pour se consacrer à un nouveau groupe, THROUGH DARKNESS, Élvio s’attela à le faire revivre à la fin de la décennie alors que son autre formation partait, à son tour, en pause.
Toujours seul aux commandes, il livre ainsi Pact With Solitude, un premier album qui surprend par son imagerie déjà très personnelle et laissant présager un disque à l’atmosphère propre. Le logo intrigue, tandis que l’artwork, de ses teintes sépia automnales captive. La tracklist, elle aussi, est particulière : seulement quatre pistes sont présentées mais trois d’entre elles sont divisées en plusieurs sections, nommées, et touchant à un même thème conceptuel. Néanmoins, d’un point de vue musical, ces différentes parties se révèlent suffisamment dissemblables pour exister à part entière - et ainsi avoir neuf pistes distinctes - puisque l’air principal d’un morceau n’est pas conservé tout du long, même si l’ultime plage maintient une cohérence rythmique et tonale sur ses trois derniers mouvements. Par exemple, l’instrumentale acoustique « Vislumbre De Esperança », clôture du premier titre, provoque une cassure avec sa mélodie cinglante ne suivant pas la progression des sept minutes précédentes et, qui plus est, apparaît comme une improvisation.
D’amateurisme, il en est clairement question sur cet album puisque la production maison, loin d’être chirurgicale, agresse l’oreille aux premières notes et fait parfois ressortir un côté trop démo sur les passages à fortes saturations (« OneMinuteSilenceInRespectForThoseWhoMightHaveBeenKilledDuringTheProcess »). Mais une fois que l’on s’y habitue, son aspect étouffé apporte un charme certain à l’atmosphère fragile du disque. Malgré leurs durées, les compositions évoluent sans peine, efficacement guidées par la guitare offrant de très bons leads - dans l’esprit mystique des pistes - repris avec brio au détour d’un break, d’arpèges aériens, ou de riffs saturés. Les cordes sont virevoltantes et ingénieuses, créant tout un monde de leurs mélodies lancinantes. L’acoustique est aussi souvent présente, densifiant davantage l’ambiance intimiste de certaines parties, comme « Closure? », où arpèges clairs et vocaux parlés filtrés se mêlent sur une section low-tempo poignante légère.
Basse et claviers sont, également, constamment en support, se superposant à l’ambiance, au sein du brouillard de la prod, et conférant cette dimension surréelle aux morceau. Ils permettent ainsi de construire agréablement la trame de « Eu:Ele », dans une ambiance envoûtante appuyée d’entonnements, ou bien marquent une scission pesante sur « Pandora’s Box » avant le retour de l’instrumentation épaisse et du chant extrême. Car l’homme derrière ce projet n’en garde pas moins des influences Black et Death qu’il ressert, outre des riffs tranchants distordus, de par des vocaux déchirés lorgnant vers le shriek avec le soutien de quelques blast-beats, ou vers le growl guttural, pour approfondir ses lignes. La prestation d’Élvio est véritablement prenante, et variée, posant autant une voix claire chuchotée, pour accentuer le côté mystérieux de sa musique, à l’instar de « The End Staring At Me », se parant également de sonorités Pagan et d’un air joué à la flûte, qu’un déchaînement vocal désincarné (« Will This End Set Us Free? »). Le titre ouvrant l’album a même le droit à la présence de Bruno Pereira, seconde moitié de THROUGH DARKNESS, pour un apport plus beuglé et bestial. Cependant, il est bon de remarquer que les lignes vocales sont, par moments, trop mise en avant dans le mix, ce qui a pour effet de masquer l’instrumentation.
Et l’on peut dire que la batterie n’a clairement pas besoin de ce facteur. En effet, faute d’avoir l’équipement nécessaire à portée de main, le Portugais s’est résolu, avec tristesse, à devoir la programmer par ordinateur et ajouter quelques percussions métalliques industrielles faites avec les moyens du bord. Bien sûr, le professionnalisme n’est pas de mise et il manque une touche organique au disque, mais le rendu n’en reste pas moins correct pour les conditions. Si, à l’image de « Self Inflicted Metamorphosis », les accélérations agressives soutenant les hurlements sont limitées par l’informatique, car nécessitant davantage de punch, « ‘‘Goodbye Exi(s)ts’’ » reste martelée avec insistance.
UTOPIAN.HOPE.DYSTOPIAN.NIHILISM est né d’une envie de faire une musique différente, évoluant selon le gré du cerveau derrière le projet. Pact With Solitude se veut un premier disque musicalement riche et révélant une créativité pleine de promesses. Malheureusement, Élvio reste freiné par son manque de moyens, n’aidant pas à faire paraître ses compositions sous leur meilleur jour. On ne peut que lui souhaiter de parvenir à remédier à ces défauts, et nous revenir le plus vite possible avec un disque tout aussi peaufiné.
Ajouté : Mercredi 14 Septembre 2011 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: utopian.hope.dystopian.nihilism Website Hits: 9024
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