CHELSEA GRIN (usa) - Desolation Of Eden (2010)
Label : Artery Recordings
Sortie du Scud : 16 février 2010
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 35 Mins
On s’évertue souvent à glorifier SUICIDE SILENCE pour être les dieux vivants du Deathcore moderne (d’ailleurs, ils se glorifient eux-mêmes, c’est dire…). Mais saviez-vous qu’à quelques centaines de kilomètres de Riverside, à Salt Lake City précisément, réside une formation qui possède exactement les mêmes caractéristiques que la troupe à Mitch, à la seule différence que leur Deathcore à eux, est des plus intègres et des mieux composés ? Ce groupe, c’est CHELSEA GRIN. Un nom qui ne parlera probablement qu’aux coreux de mon espèce, et pourtant… si on me demandait de mettre un nom sur la formation qui matérialise le mieux le Deathcore en ce moment, après avoir éliminé ASKING ALEXANDRIA et ATTACK ATTACK ! (trop dancefloor), ALL SHALL PERISH et DESPISED ICON (trop brootal), CARNIFEX et WHITECHAPEL (pas assez groovy), JOB FOR A COWBOY (des vendus) ou IWRESTLEDABEARONCE (trop bisounours), je répondrais sans hésiter CHELSEA GRIN !
A première vue, Desolation Of Eden (produit par Tim Lambesis d’AS I LAY DYING) ne paie pas de mine, mais ces garçons en ont dans le pantalon. Ce premier disque paru en février 2010 eu l’effet d’une petite bombe qui implose au sein de sa propre communauté. Sans réécrire les grandes lignes d’un style incompris car incompréhensible, il étale aux oreilles du monde entier une puissance rarement perçue et enfile à merveille son costume de trublion. Dans cet univers si amalgamé, si décrié, il sera un motif de satisfaction pour les antis, car un exemple si délicatement parfait du manque d’imagination dont font preuve tous ces jeunes groupes de Deathcore. Mais comme un pied-de-nez aux critiques, comme une provocation flagrante, CHELSEA GRIN n’aura de cesse d’exagérer sa musique, au point de la rendre par moments grotesque. Je ne peux certes pas contredire ceux qui pointeront du doigt le manque de musicalité de cet opus ou sa « rébarbativité ». Mais j’adore le culot de ces gamins, leur hargne et leur façon de se foutre de vous. La recette est simple et éculée, mais une fois encore, nos Bernard Pivot du Deathcore manient l’art de l’hyperbole à merveille. Prenez le chant : habituellement, il est criard ou guttural. Celui d’Alex Koehler est à la fois abyssal, d’une profondeur effrayante mais également extrêmement aigu, dans un registre à la Mitch Lucker. Ce mec joue dans deux registres différents de façon très habile et sa prestation ici, saupoudrée de quelques pig-squeals, est simplement déconcertante. De puissance et d’aisance. La particularité de CHELSEA GRIN est également d’avoir embauché trois guitaristes et un bassiste. Un quatuor qui se montre vorace mais discipliné. Pas de grosses révolutions mais une complicité certaine. Ce choix s’avère particulièrement judicieux sur les moments les plus tripants de cet album : les breakdowns. Ils sont partout, ils en usent, en abusent, ils sont cuisinés à toutes les sauces. Certains sont très lents, comme sur la tubesque « Recreant » (et son vidéo clip bien « crabby ») et sont merveilleusement accompagnés par une batterie comateuse. D’autres sont plus remuants comme sur « Cheyne Stokes ». Mais dans tous les cas, ils procurent une incroyable envie de se briser la nuque. La lead guitare pond parfois quelques arpèges intéressants (« The Human Condition ») qui rappelle méchamment la technicité exubérante d’I DECLARE WAR. Avec ses rythmes catchys, ses notes de guitares rondes, malléables et imprévisibles comme des bulles de chewing-gum et l’incroyable vista d’Alex derrière son micro, les enfants du Deathcore ont trouvé leurs guides. Les compositions, plutôt courtes (pour les quelques effluves de Grindcore) misent tout sur la précision des riffs et les variations vocales. Ils ne savent faire que ça, mais ils le font bien ! La durée est optimale et nul doute que quelques minutes supplémentaires auraient été préjudiciables, car CHELSEA GRIN n’a pas la politesse de nous accorder des instants de répit, malgré deux instrumentales (« Elysium » et « Wasteland ») qui n’ont pas l’impact de leur statut. Néanmoins, si malgré ce que vous disent les autres, vous avez tout de même envie de jeter une oreille sur Desolation Of Eden, zappez directement sur « Sonnet Of The Wretched », le hit absolu de cette galette, qui regroupe à la perfection et dans une atmosphère glauque les différents attributs de nos ricains.
Pour un premier essai, on peut dire que CHELSEA GRIN aura fait parler d’eux. Probablement plus en mal qu’en bien, car déjà qu’un groupe de Deathcore qui joue fort et qui se la ferme, c’est mal… Mais alors un groupe de Deathcore qui joue bien et qui se la raconte, ça mérite juste la peine capitale. Au final, s’ils s’en balancent autant et que ça roule pour eux, c’est que cette technique de l’arrogance assumée porte malgré tout ses fruits. Et je serais bien tenté de leur donner raison.
Ajouté : Mercredi 07 Septembre 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Chelsea Grin Website Hits: 11958
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