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IN FLAMES (se) - Sounds Of A Playground Fading (2011)






Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 20 juin 2011
Pays : Suède
Genre : Death Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 54 Mins





Depuis un an, IN FLAMES s’efforce à faire transparaître une image plus sérieuse et mature du groupe. Et pour cause, le départ en février 2010 de Jesper Strömblad, dernier membre fondateur encore présent, fut accueilli avec stupeur par tout amateur de la carrière des Suédois. En effet, l’ancien pilier du quintette était parvenu à créer ce son de Göteborg si propre au Death Mélodique, et offrir aux Enflammés de brillantes mélodies qui ont (presque) toujours su faire mouche et caractériser leur musique, peu importe l’évolution qui est survenue en quinze ans d’hégémonie sur l’ensemble de la scène, qu’elle soit oldschool, ou moderne. Ce nouvel album, Sounds Of A Playground Fading, est alors attendu avec appréhension suite à un A Sense Of Purpose majoritairement décevant quant à son atonie et sa frivolité générales, mais également avec curiosité puisque les autres membres paraissent relativiser au maximum ce départ et présentent une facette bien plus professionnelle et concernée vis-à-vis de l’élaboration de ce dixième disque.
Ce qui se ressent via les paroles, dont l’écriture marque un contraste certain avec les textes majoritairement pré-pubères du disque précédent. Anders ne revient pas, non plus, à des concepts sibyllins et ingénieux, néanmoins le thème qu’il développe ici, soit la réaction émotionnelle de tout un chacun et sa prise de conscience du monde qui l’entoure, alors que celui-ci approche de sa fin, permet d’avoir des écrits davantage réfléchis. Et, pour les exprimer, le frontman suédois a réalisé un travail phénoménal sur ses lignes vocales, proposant un chant évolutif et varié, ne se gardant pas de surprendre l’auditeur. Anders se déleste de son aspect geignard et, par la même occasion, du chant hurlé sur les couplets, livrant alors une voix plus Rock et burnée, parfois poussant dans le registre Extrême pour appuyer le propos avec plus de véhémence. Les refrains sont, quant à eux, extrêmement soignés et redeviennent clairement délimités dans les compositions. La voix claire y est de rigueur, toujours garnie d’arrangements (overdubs, synthés) pour enjoliver la section, et apporter un caractère épique envoûtant qui pallie à leur aspect moins direct. Si Anders délivre une prestation des plus convaincantes, telle que sur le titre éponyme, ou bien sur « Fear Is The Weakness » cherchant à susciter l’émotion, ses lignes peuvent également se montrer trop poussives, voire insipides, cause à une sincérité peu crédible, comme le montrent « All For Me », ou « The Attic », ersatz dispensable de « The Chosen Pessimist », seulement construit d’une atmosphère opaque parcourue d’arpèges et battements cardiaques, avec une voix qui se veut intimiste, mais dont l’émotion surfaite ne convainc guère.
A contrario, l’autre interlude de l’album, « Jester’s Door », s’avère mieux aboutie, instaurant le même type d’ambiance alimentée de divers bruitages (craquements de parquet, sifflotement, toux), mais guidée d’une mélodie sentencieuse à l’accordéon qui se meurt, après l’intervention solennelle d’Anders, en un ensemble d’effets électros et percussions plutôt classe. Il faut tout de même préciser que les claviers ont une grande importance sur cet opus, à tel point qu’Örjan Örnkloo mériterait d’être intégré à temps plein au quintette. Aucune composition n’est exempte de ces synthés qui favorisent sans conteste l’accroche des refrains, contrastant ainsi avec la rythmique lourde alentour et complémentant la faible dimension mélodique des titres. Preuve en est avec « Where The Dead Ships Dwell », devant son seul intérêt aux ornements électroniques à la manière d’un Soundtrack To Your Escape, et à la boucle accrocheuse stylisée qui amène le refrain. On peut aussi noter le solo qui suit, s’en sortant convenablement en se prolongeant sur différents niveaux harmoniques.
Un point intéressant car, côté guitares, le disque pêche indéniablement. Précisons avant tout que, même si Niclas Engelin, bon ami du groupe et remplaçant attitré d’un des guitaristes depuis de nombreuses années, a été officiellement intégré comme membre constant à la place de Jesper, il n’a pas pour autant participé à l’écriture des morceaux. Le champ a donc été laissé libre à Björn pour la quasi-totalité des pistes et, bien qu’il soit un guitariste extrêmement compétent, s’occuper de la composition d’un album ne semble pas être son point fort. Pourtant, l’on retrouve des éléments qui ont marqué le son du groupe, à l’instar de l’intro acoustique de « Sounds Of A Playground Fading », des riffs incisifs et dynamiques de « Deliver Us », ou du pont aérien de « All For Me », mais souvent, les riffs apparaissent redondants et bien simplistes dans leur écriture, comme sur « Darker Times » et « The Puzzle » où les plans semblent similaires. Ces deux compositions présentent également une nouvelle facette du son des Suédois, au travers d’une rythmique mid-tempo lourde et répétitive, que seuls les refrains sauvent de la banalité. Malheureusement, les leads sont également amoindris en présence, poussant ainsi à un rendu sonore plus brut et rigide. « Ropes » tire, malgré tout, son épingle du jeu, replongeant l’auditeur dans la période Clayman, grâce à son riff principal digne de « Swim ». Ce morceau possède, d’ailleurs, une mélodie bien plus en avant de par un chant clair constant et développés sur diverses nuances émotionnelles. Toutefois, le solo présenté, et à l’image de la majorité de ceux du disque, n’impressionne pas outre mesure. En fait, leur exécution est infaillible mais, en dehors de leurs structures similaires, ils manquent réellement d’un certain feeling qui les rende appréciables et mémorables, ainsi que de cohésion avec leurs morceaux hôtes. Etonnamment, au sein de « Liberation », l’exécution de Björn est en parfaite adéquation avec la trame du titre.
Cette ultime piste est tout de même extrêmement osée de la part d’IN FLAMES, puisqu’entièrement orientée Pop Rock, et laisse, malgré sa réussite (quoique classique pour le genre), dubitatif quant à la volonté d’évolution future du groupe. Entre vocaux clairs éraillés et distorsions légères sur les guitares, la batterie placide offre, elle aussi, sa prestation la plus cohérente ; comme si l’album lui-même avait été calibré à l’image de sa plage de clôture. Effectivement, en dépit d’une excellente production à la clarté irréprochable, Peter reste globalement inaudible tant sa basse est supplantée par les riffs grondants et, même si l’on entend parfois sa résonance, l’on ne parvient pas à la définir pour apprécier son jeu. Le jeu de Daniel est également une déception. Exécutant ses lignes avec justesse, il exhibe cependant une batterie conventionnelle, manquant indéniablement d’entrain et d’explosivité dans les percussions, ainsi que d’audace sur les mid-tempos monotones. L’auditeur se contente alors de plans trop mécaniques où les cymbales presque éclipsées ne laissent place qu’à de banales frappes et roulements de toms.
Malgré tous ces défauts et maladresses précités, le disque nous offre tout de même une piste exquise en la présence de « A New Dawn » qui, paradoxalement, synthétise plutôt toute la carrière du groupe, mêlant habilement leads oldschool accrocheurs et riffs intelligents. Le chant y est également époustouflant, se parant un court instant d’une tonalité à la Lunar Strain et s’accordant, à d’autres, aux growls typés Whoracle/Colony tout en côtoyant des samples vocaux provenant davantage de l’époque Reroute To Remain. Par ailleurs, un mini-orchestre de cordes frottées s’est invité l’espace d’un pont passionné absolument somptueux, dont la sortie, marquée d’une rythmique imparable et de lignes vocales riches venant chercher l’émotion dans ses derniers retranchements, ne peut que faire abdiquer. Une composition qui prouve donc que les Suédois disposent encore de leur talent à écrire des morceaux phénoménaux ; ce qui est d’autant plus frustrant, au regard de la qualité globale du contenu de l’album.
Finalement, avec Sounds Of A Playground Fading, et comme à chaque nouvelle sortie, IN FLAMES offre un album qui se démarque de ses prédécesseurs. Toutefois, cela n’est pas, en soi, un gage de réussite car les compositions, résultant malgré tout d’un travail indubitablement soigné et réfléchi, accumulent lacunes et disparités. Coïncidence ou non, quoi qu’ait pu dire le groupe sur l’implication limitée de Jesper les années passées, ces nouveaux titres accusent clairement le manque de la patte mélodique de la formation en ce qui concerne les guitares, se reposant toujours plus sur les claviers. Ce qui entre d’ailleurs en contradiction avec le fait de composer des morceaux pour le live, ligne de conduite actuelle des Suédois. Le disque n’en reste pas moins varié et divertissant, parvenant à se construire sa propre atmosphère de par ses sonorités plus brutes. Néanmoins, même si chacune des pistes possède un passage appréciable, la banalité et répétitivité de la rythmique, couplée à un agencement révisé de la mélodie, ne joue clairement pas en leur faveur, ne laissant qu’une pincée de très bons titres comme consolation. IN FLAMES emprunte donc un chemin dangereux qui, au vu des nouvelles sonorités développées, lève plus d’inquiétudes qu’il ne divertit.

Discographie Complète de IN FLAMES :
Lunar Strain (Album - 1994), Subterranean (EP - 1995), The Jester Race (Album - 1996), Whoracle (Album - 1997), Colony (Album - 1999), Clayman (Album - 2000), The Tokyo Showdown - Live In Japan 2000 (Live - 2001), Reroute To Remain (Album - 2002), Soundtrack To Your Escape (Album - 2004), Used And Abused... In Live We Trust (DVD - 2005), Come Clarity (Album - 2006), A Sense Of Purpose (Album - 2008), Sounds Of A Playground Fading (Album - 2011)

MI Bonus :
IN FLAMES (se) - Anders Fridén (ITW - Nov-2011/VF-EV)



Ajouté :  Mercredi 10 Août 2011
Chroniqueur :  CyberIF.
Score :
Lien en relation:  In Flames Website
Hits: 10900
  
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