AUTOPSY (usa) - Macabre Eternal (2011)
Label : Peaceville Records
Sortie du Scud : 31 mai 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 65 Mins
Il y a plusieurs façons d’appréhender le Death Metal, selon son âge, ses convictions, sa pratique musicale, et l’impact que l’on souhaite avoir sur son public éventuel. Pour la génération du Death Boom de la fin des années 80, les références restent les mêmes. DEATH, OBITUARY, le CARCASS de Necrotism, ENTOMBED, MORBID ANGEL, UNLEASHED, et j’en oublie certainement. Il n’y a pas qu’une seule façon de jouer ce style si extrême, car de nombreuses combinaisons existent. Il est en effet de fait que l’être humain peut périr instantanément de mort violente, de façon très lente et horrible sous la torture, ou à cause de la maladie, ou encore seul et déterminé/désespéré, par le suicide par exemple.
Je ne me tromperai guère en affirmant que seul un album a réussi à capturer l’essence même du Death Metal sous tous ces aspects. Un seul qui puisse clamer haut et fort représenter tout ce que la mort a de fatal, de terrible, d’inéluctable et de malsain.
Severed Survival d’AUTOPSY.
En quittant DEATH, qui à l’époque représentait la quintessence même de ce genre, Chris REIFERT aurait pu le payer très cher. Mais au final, il ne peut que se féliciter de ce choix, d’une part parce qu’il aurait été viré du groupe à un moment ou à un autre (deux créatifs au sein du même combo, dont l’un possède un Ego surdimensionné, ça n’a jamais fonctionné…), et d’autre part, parce qu’on se souviendra toujours de lui comme le compositeur ultime d’un chef d’œuvre de la noirceur impénétrable.
Et lorsque le retour de son combo fétiche fut annoncé l’année dernière par la venue d’un EP, The Tomb Within, après quinze ans de silence, nous étions nombreux à espérer que l’effort ne soit ni vain, ni unique.
Ce come-back est maintenant entériné par la sortie d’un LP, qui n’aurait pu rêver titre plus adéquat. En retournant à ses racines, AUTOPSY nous prouve une fois de plus que des ambiances glauques, que la froideur de la rigor mortis ne se créent pas artificiellement, et qu’il faut sentir la mort, la respirer par tous les pores pour mieux l’expirer.
Et bien loin des standards aseptisés de production actuels, Macabre Eternal renoue avec la tradition, et tire l’instrumentation vers l’arrière, avec un fort parfum analogique, qui offre une patine délicieuse à un album qui en avait vraiment besoin. Faisant fi de la performance individuelle, les trois quarts du line-up d’origine (Chris Reifert bien sur, Danny Coralles et Eric Cutler aux guitares) préfèrent se concentrer sur l’efficacité, et de fait, nous délivrent un album hors norme, intemporel, ni passéiste ni opportuniste, juste atypique. Aussi glacial et nauséeux qu’ont pu être en leur temps Severed Survival et Retribution For The Dead, Macabre Eternal développe sur plus d’une heure toutes les recettes qui ont fait la légende du grand AUTOPSY, avec bien sur ce chant si caractéristique, à la limite de la schizophrénie et de l’incantation mortuaire, et surtout, ces riffs sortis du plus profond des sépultures, épurés à l’extrême pour n’en retenir que la substantifique moelle. Si vous me trouvez trop dithyrambique, écoutez simplement la complainte/profession de foi « Deliver Me From Sanity » qui exhale l’insalubrité mentale et régurgite toute forme d’espoir pour vous convaincre du contraire. Et si cette preuve vous parait insuffisante, jetez vous sans hésiter sur la longue litanie de plus de onze minutes « Sadistic Gratification », qui renvoie tous les groupes de Doom/Sludge à leurs chères études dépressives.
Mais Reifert n’en a pas pour autant oublié son utilisation si intelligente de la vitesse, comme le prouvent les petits bijoux de méchanceté déclarés que sont « Dirty Gore Whore », « Born Undead », ou l’ambivalent « Spill My Blood », qui achève le LP avec la dualité originelle d’AUTOPSY, ce savant mélange de vélocité maîtrisée et de lourdeur moite.
Quant à « Always About To Die », il pourrait représenter à lui seul l’essence même d’un groupe qui à toujours évolué dans un monde à part, où l’uniformisation n’est jamais de mise…
Un flagrant désir de rester fidèle à ses racines tout en les adaptant à une époque qui ne peut que les accueillir à bras ouverts, toujours le même talent pour distiller des ambiances menaçantes et délétères, AUTOPSY mérite en 2011 la même attention qu’il avait suscitée il y a plus de vingt ans en se posant comme cas d’école d’un genre qui n’allait pas tarder à tomber sous les coups d’une production pléthorique et linéaire. Avec en enrobage une sublime pochette signée Wes Benscoter (qui a travaillé par le passé pour Sinister, Mortician, Deceased, Broken Hope ou encore Torture Killer, et qui a signé la pochette du Divine Intervention de SLAYER), il ne serait pas raisonnable de passer à côté de ce nouveau pan d’histoire, ne serait ce que pour l’innovation dont il fait preuve.
Seul le temps nous dira si Macabre Eternal aura sa place aux côtés de l’insurpassable Severed Survival qui en fait encore cauchemarder plus loin.
Mais on ne pourra pas accuser Chris Reifert de ne pas avoir tout fait pour.
Ajouté : Mercredi 15 Juin 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Autopsy Website Hits: 11556
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