Deuxième album pour les parisiens de DEEP IN HATE après le très remarqué Only The Strong Survive, et une réputation grandissante au sein de la scène Death française depuis la création du groupe en 2004. Il faut pourtant aller chercher les racines du quintette outre atlantique, puisqu’ils pratiquent un Death technique et compact très en vogue au pays de l’oncle Sam.
Il est vrai que le raffut pratiqué par nos jeunes compatriotes découle autant de l’héritage brut de SUFFOCATION que de l’amalgame global de PSYOPUS, et il faut avouer que la force de pénétration de ce nouvel effort est impressionnante. Bénéficiant d’une production massive et néanmoins précise, DEEP IN HATE prouve que le temps des productions françaises qui faisaient gentiment sourire est bien révolu !
Et bien que l’agression sonore soit quasi permanente, les cinq musiciens n’oublient pas pour autant que la violence la plus fatale est plus efficace diluée, et incluent régulièrement de sombres passages lourds comme un ciel d’orage.
Avec cette petite touche de Hard-core qui fait la différence, Origins Of Inequality multiplie les fausses pistes, et louvoie dans les dédales d’une imagination débridée, et loin de se contenter d’aligner les poncifs ou les gimmicks inhérents à la musique extrême standard, offre des morceaux patiemment construits aux structures parfois relativement complexes, comme en témoigne le morceau phare « Sands Of Time ». Avec des parties Shred diaboliques insérées dans un contexte 100¨% Death, le tout délicatement posé sur un lit d’ambiances poisseuses et délétères, DEEP IN HATE nous offre une incursion dans les plus hautes sphères de l’ultra-violence maîtrisée, alternant les climats, se jouant de la vitesse et de la technicité la plus pointue.
La volonté de transcender l’uniformité se sent au détour de nombreux morceaux, et si le mélodique et nostalgique instrumental « For Our Father » fait figure de véritable bouffée d’air frais harmonique, le fait qu’il soit immédiatement suivi par une compo aussi intense et supersonique que « Virtual Supremacy » en dit long sur les intentions du combo.
Avec en sus une interprétation tenant plus de la frappe chirurgicale que de l’explosion tous azimuts, le gang peut se permettre des combinaisons parfois déroutantes, comme le prouve l’excellent « Seven Days Of The Talion », qui doit autant à MESHUGGAH qu’à COMITY, voire même CANDIRIA dans ses passages les plus lourds et mélodiques.
Mais malgré ces éléments qui à la lecture pourrait laisser penser que ce petit dernier n’est qu’un amalgame disparate d’influences plus ou moins assimilées, DEEP IN PAIN reste en tout instant maître de sa musique, et la restitue de manière tout à fait personnelle, avec une identité propre que personne ne pourra lui nier. Offrant au passage un album très compétitif selon les normes en vigueur dans le petit monde de la violence sonore, le groupe se place en avant sur un échiquier qui devra compter désormais sur une pièce solide et apte à renverser bien des hégémonies. Un professionnalisme qui se reflète aussi sur l’objet même, puisque Origins Of Inequality se décline sous la forme d’un superbe digipack à la pochette superbe dont il serait dommage de se passer.