HEWITT (FRA) - Sacred Heart (2010)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 14 juin 2010
Pays : France
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 45 Mins
C’est en s’inspirant d’un pur chef d’œuvre cinématographique que naquit HEWITT. Nous sommes en 1974 et avec ses quelques 80.000 dollars en poche, Tobe Hooper ne s’imaginait pas que son film ferait le tour du monde et que son personnage, Thomas « Bubka » Hewitt, inspiré du serial-killer américain Ed Gein deviendrait un des visages (amochés, certes) du cinéma d’horreur. Avec son « Massacre à la tronçonneuse », il réécrit ni plus ni moins les codes du genre, et ce bien avant les premiers Michael Myers, Jason Voorhees et autres Freddy Krueger. Nous sommes maintenant en juin 2010 et HEWITT nous propose son premier album. A la lecture de son titre, à la vue de sa pochette, on comprend que Sacred Heart ne sera pas un concept-album autour du film. Les références s’arrêtent net au nom du groupe et à l’intro du disque, « 91 :10 ». Pourtant, ce petit groupe français qui compte dans ses rangs le batteur Fred Ceraudo (PLEYMO) injecte dans sa musique une dose suffisante d’idées noires et de violence pour en faire une éventuelle bande-originale.
Hélas, la dernière fois que j’avais écrit pour un groupe de Metalcore français, c’était pour TESS et ça c’était plutôt mal passé. Mais il suffit de quelques minutes d’écoute pour comprendre que les mecs d’HEWITT n’ont pas 20 ans et portent leurs couilles. Dès l’intro, dont je vous parlais avant, le ton est donné. Des mouches qui dansent autour d’une dépouille, où un clin d’œil à peine dissimulé à la scène d’ouverture dudit film et ce cadavre en décomposition empalé sur pierre tombale. Bonjour l’ambiance. Et bizarrement, alors qu’on pouvait s’attendre à un déclenchement d’ultra-violence bien mastoc’, les petits gars nous proposent plutôt un déclenchement de pistes ingénieuses, calculées, ciselées et beaucoup trop réfléchies pour un groupe français, tant on connaît leur goût pour les compositions décousues et bordéliques. Le point fort d’HEWITT, c’est la cohésion qu’ils ont su instaurer entre les guitares et la batterie. L’un accompagne l’autre dans un chemin de croix à n’en plus finir et je prends pour exemple particulièrement frappant l’ouverture alambiquée de « What We’re Made Of ». Quelquefois, on se retrouve en présence de breaks syncopés comme sur « Till Death Do Us Part » et on comprend un peu mieux leurs influences avouées pour AS I LAY DYING et LAMB OF GOD. Entre Brieuc, Victor et Fred, c’est un ménage à trois qui marche comme sur des roulettes. Derrière ça, deux personnes se disputent aussi le devant de la scène. Il y a Fab et sa basse et Jay et son micro. A priori, Jay et son charisme de front-man ne devrait pas avoir de problèmes de visibilité et justement, il n’en a aucun. Ses screams ne sont pas particulièrement transcendants mais collent bien finalement à une musique, elle aussi plus efficace que transcendante. Quelques tentatives de chant clair vite oubliées comme sur la paisible mais inquiétante « Talking On Mute I », emballé c’est pesé, on n’en parle plus. Somme toute du bon travail. Pour Fab, il reste encore un peu de chemin à parcourir avant d’atteindre la lumière des projecteurs et si on lui a offert une place de choix sur « Melt », c’est peut-être seulement pour prouver qu’il ne s’est pas barré en pleine session d’enregistrement. Définitivement, Sacred Heart possède beaucoup de qualités pour peu de défauts. Et l’absence de défauts pour un groupe de Metalcore français, je trouve ça plutôt suspect, car ce n’est pas une musique sanctifiée, loin de là. Mais jusqu’à preuve du contraire, HEWITT ne commet pas de fausse note. Malgré ses 45 minutes, le tout est bien ficelé et suffisamment fluide. Ce disque procure une sensation de solidité et d’homogénéité, une sortie compacte et un concentré de Metalcore franchouillard pas du tout aseptisé.
Par conséquent, le nom d’HEWITT n’est pas seulement à retenir car il est celui d’une icône du cinéma d’épouvante, d’un joueur de tennis australien ou d’une superbe actrice texane mais aussi parce qu’il est celui d’un combo français qui pourrait nous réserver quelques belles émotions d’ici peu de temps, et accessoirement redorer le blason du Metalcore à la française avant de porter fièrement notre drapeau sur d’autres sols. Avec tous mes encouragements.
Ajouté : Mercredi 15 Juin 2011 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Hewitt Website Hits: 11686
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