ARCH ENEMY (se) - Khaos Legions (2011)
Label : Century Media Records
Sortie du Scud : 30 mai 2011
Pays : Suède
Genre : Death Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 55 Mins
En dépit des réenregistrements des pistes pre-Angela, sur la compilation The Root Of All Evil, et une autre reprenant des titres de la période post-Angela, l’attente des fans aura été mise à rude épreuve puisque ce n’en est pas moins quatre années qui se sont écoulées depuis l’excellent Rise Of The Tyrant, laissant les amateurs du groupe plus enthousiastes que jamais par ce talent de composition de nouveau poussé à son paroxysme.
Et, tout comme sa pochette cartoonesque enquillant les clichés, ce nouveau disque, Khaos Legions, s’avère être une bien belle désillusion artistique qui se ressent principalement du côté des guitares. Les frères Amott accusent une sévère perte d’inspiration et, pour la compenser, se contentent d’enchaîner shreds, solos et autres démonstrations virtuoses requérant une certaine dextérité, à un tempo plutôt élevé. Malheureusement, leurs jeux apparaissent dépourvus de feeling et ces artifices autrefois soignés en ressortent ici bien pauvres et dispensables aux compositions (« Yesterday Is Dead And Gone », « Cult Of Chaos »). Même les riffs, bien qu’agressifs et suffisamment renforcés par Sharlee et ses cordes mastodontes, se permettent d’être répétitifs et convenus. Par ailleurs, ils sont exécutés sans accroche aucune, ce qui mène les morceaux souvent nulle part. Les titres peinent donc à prendre de l’ampleur puisque même les leads parviennent à être gâchés (« City Of The Dead », ayant aussi une intro orientale inutile), bien que quelques-uns restent corrects (« Thorns In My Flesh »). Mais il faut attendre l’ultime piste, « Secrets », si l’on souhaite retrouver un jeu un peu plus marquant avec quelques riffs old-school.
Comme à l’accoutumée, la production est irréprochable, offrant une batterie puissante, et une basse se distinguant sans mal de ses consœurs. Néanmoins, cela n’est pas suffisant à l’album pour faire mouche. En effet, le jeu de Daniel est redondant et n’affiche que peu de schémas réellement saisissants, éculant simplement blast-beats et accélérations, même lorsqu’ils n’ont pas lieu d’être, comme le solo de percussions et le break Metalcore de « Through The Eyes Of A Raven ». Ses plans font, parfois même, penser à du SLIPKNOT, et restent conventionnels, à l’image de l’intro martiale de « Under Black Flags We March ». A l’instar des guitares, les tempos sont rapides et mordants, ce qui aurait pu profiter aux morceaux, mais les innombrables variations rythmiques brisent l’intérêt de l’auditeur, déjà éprouvé par une mélodie peu recherchée. Ce chaos de création musicale, entamé dès « Khaos Overture », le premier titre, où diverses bruitages se mêlent (voix démoniaque, sirènes de police), est donc enrichi par les trop nombreux breaks sans intérêt, et également plus que dispensables. La grande majorité des compositions se voit alors sans arrêt détournée par des passages, soit sans harmonie avec la trame du titre, soit totalement maladroits, ou bien essoufflant complètement l’envol de morceaux qui auraient pu faire office de pistes correctes. Ainsi, à l’exemple de « Cruelty Without Beauty », titre chaotique par excellence, avec ses incessantes alternances de tempos, ses synthés un peu symphoniques, et sa coupure atmosphérique, le groupe enchaîne les successions de rythme au sein de ses titres, sans se soucier du maintien de l’harmonie, et laisse davantage l’impression d’avoir voulu caser toutes ses idées du moment, sans chercher à coordonner le tout. De ce fait, même les pistes ayant quelques moments de gloire se retrouvent vite dépourvues d’arguments face à la discordance qui s’ensuit. Ce bâclage apparaît également au travers des instrumentales, que ce soit « We Are A Godless Entity » débutant solennellement et rattrapée par une batterie en excès faisant perdre tout charme au titre, ou bien les trente secondes de « Turn To Dust », qui auraient pu facilement être associées en intro de la piste suivante.
Enfin, le chant ne relève guère le niveau de l’instrumentation puisqu’Angela semble avoir abandonné ses précédentes prouesses vocales favorisant les émotions pour revenir à un chant truffé de filtres et d’effets. Cela n’a jamais été synonyme de médiocrité et s’est déjà montré efficace, sauf que, dans notre cas, ses lignes vocales ne proposent que de très rares variations et sont, par conséquent, difficilement attrayantes de par leur linéarité nuisant grandement aux refrains (« Vengeance Is Mine »), dont aucun ne fait office d’hymne à scander, bien que « Bloodstained Cross », grâce à un bon riff mélodique qui l’étoffe, et « No Gods, No Masters », de par la participation de Chritopher en backing, en proposent des acceptables. Ce dernier titre est également un peu au-dessus du lot sur les couplets, avec une rythmique entraînante à travers l’ajout d’acoustique, et des mélodies plus marquantes.
Khaos Legions est donc un amas de compositions manquant cruellement de consistance, tant leur écriture semble avoir été bâclée et enchaîne pas mal de clichés. Avec un chant ennuyeux, sans recherche d’émotion, des guitares ayant oublié toute ingéniosité, et des titres rendus plus bancals qu’intéressants, la faute à une rythmique répétitive qu’il était nécessaire de faire varier, le groupe avait dans l’idée de surprendre l’auditeur ; eh bien c’est réussi. Après quatre ans, l’album surprend sans contexte par sa pauvreté, comparé à son prédécesseur, qui restera un des meilleurs opus des Suédois.
Ajouté : Mercredi 15 Juin 2011 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Arch Enemy Website Hits: 11532
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