Prélude à l’album à paraître en fin d’année 2011, TAAKE nous propose ce Kveld, EP cinq titres, composé d’un nouveau morceau « Nordbundet », entouré de quatre classiques (« Motpol » tiré de Taake, « Hordalands Doedskvad 1 » issu de Hordaland Doedskvad, « Over Bjoergvin Graater Himmerik 4 » extrait de Over Bjoergvin Graater Himmerik, et « Nattestid Ser Porten vid 1 » de Nattestid Ser Porten Vid), réenregistrés avec le line-up actuel.
Pratiquant depuis les mid 90’s un Black Metal de tradition, TAAKE est un peu le canal historique des ténèbres, et de simple one-man-project est devenu un vrai groupe à l’identité propre et enviable.
Et pour adhérer à l’enthousiasme dont faisait preuve mon cher collègue Warloghe dans sa chronique de Taake, l’album de 2008, j’avouerais même sans la torture que la musique présente dans ces sillons fait preuve d’autant d’allant que de traditionalisme. Si le combo s’est plus ou moins démocratisé au fil des années, il faut reconnaître que son leader, Hoest tient encore les rênes d’un gant de fer, et survole les débats de sa voix d’écorché vif et de sa guitare stridente et menaçante.
Si l’univers de TAAKE vous est étranger, sachez que l’inspiration du groupe paie autant son tribut à des leaders comme BURZUM ou au DARKTHRONE des débuts, qu’a des combos plus ouverts tels FINTROLL ou ENSLAVED. Ce subtil mélange des racines ultra violentes du Black Metal telles que BATHORY et MAYHEM ont pu les définir, et d’orchestrations plus Folk, avec chœurs guerriers et apaisements acoustiques, compose une fragrance unique qui place les Norvégiens d’emblée au dessus de la mêlée souvent brouillonne du BM.
« Nordbundet », qui annonce donc le futur longue durée à sortir reste dans la plus droite lignée de ce que TAAKE a pu proposer de meilleur tout au long de sa carrière, et ses huit minutes développent à l’envi bon nombre de climats, passant allégrement de la déflagration sonore en règle, aux breaks doucereux et acoustiques, avec toujours ce gosier unique, qui rappelle plus d’une fois les intonations qu’a pu utiliser Quorthon tout au long de sa période dite « satanique ». Avec en sus un long passage instrumental sur lequel se pose un solo harmonique pour clôturer l’affaire, le compte est bon, et l’opération de promotion est plus que réussie. Alors évidemment, un seul morceau est bien peu pour juger d’une œuvre entière, mais ce nouvel LP s’annonce si l’on en juge par ce titre sous les meilleurs auspices.
Le reste comme dit précédemment est déjà bien connu des fans du combo, et il serait redondant de revenir une fois de plus dessus. Sachez toutefois que si vous n’avez jamais jeté une oreille sur la musique des Norvégiens, il constitue une très bonne entrée en matière pour vous familiariser avec ce Black Metal si unique et précieux.
La gageure que remporte TAAKE est de progresser tout en restant fidèle à son credo d’origine. De faire avancer les choses sans tomber dans le grotesque ou le pathétique, et surtout, de ne jamais se contenter de ses acquis.
Tenez-vous le pour dit.