Trente piges… Déjà trente piges que VULCAIN a vu le jour dans cette région parisienne qui alors ne ressemblait pas encore à ce cliché glauque de carte postale qu’elle est aujourd’hui.
La rage au ventre, avec une envie folle de faire bouger les choses en France, à l’instar de TELEPHONE ou des grands frères de TRUST, ils n’avaient d’autre credo que le Rock, les bécanes, et le contact avec le public.
Pendant quinze ans, le quatuor, puis trio aura délivré une pelletée d’albums plus ou moins réussis, mais toujours sincères, du brut et mythique Rock N’Roll Secours à l’ultime et malheureusement bien nommé Stoppe La Machine en 1998, en passant par le précieux Transition, avec Franck Pilant. De tournées gigantesques en 1987, en baroud d’honneur plus intimes, le groupe à connu tous les honneurs nationaux, mais aussi toutes les galères imaginables, dont la plus tenace fut cette p***** d’étiquette de « MOTÖRHEAD français » qui leur colla à la peau jusqu’au bout. Alors oui, la voix de Daniel, si rocailleuse, la basse de Vincent, tout en accords, payaient leur tribut au sieur Lemmy, mais peut on en vouloir à un groupe de rendre hommage à ses racines ?
D’autant plus que bien des titres à partir du très décrié - y compris par le trio lui-même – Big Brothers n’avaient plus grand-chose en commun avec les speedfreaks anglais.
Bref, nous ne referons pas l’histoire, mais nous allons au moins pouvoir la continuer.
Car après plus de dix ans d’absence, l’appel de la route et du carburant commun se fit à nouveau sentir, et Marc, Daniel et Vincent remirent le couvert pour notre plus grand bonheur. Une apparition magique au Hellfest, et une tournée triomphale comme blasons, les VULCAIN étaient de retour, et bien décidés à marquer de leur sceau les années 2000 qu’ils avaient vécu par procuration, malgré de nombreux et sympathiques projets solo.
Et quoi de mieux pour immortaliser ce retour qu’un nouveau live, après le légendaire et impérissable Live Force en 1987, et le fort bien intitulé Atomic Live 9 ans plus tard ?
Ainsi En Revenant… est maintenant dans les bacs, et les trois sales gosses de VULCAIN n’ont pas fait les choses à moitié, puisqu’ils nous balancent un live rempli à la gueule et son pendant DVD, truffé de bonus alléchants.
Pour le CD, on va la faire courte, car le groupe n’a jamais aimé faire traîner les choses. A l’image de Live Force il y a 24 ans, c’est une boucherie, une tuerie en règle, le public aligné dans la salle, et le trio qui dégaine sans compter les cartouches, qui sont pourtant au nombre de dix sept. Pas moins de huit extraits du séminal Rock N’Roll Secours, cinq de Desperados qui fêtait son vingt cinquième anniversaire au moment du concert, soit déjà plus des deux tiers de l’album entier.
VULCAIN n’a pas pris de risques en misant sur ces classiques intemporels, et grand bien lui en pris. Pour le coup, et si l’on excepte les rares incursions dans les LP suivants (dont un titre jamais joué live à l’époque, « Les Droits De L’homme », figurant sur le sampler Compilaction), comme l’excellent « Derrière Les Cartes », ou l’ébouriffé « L’an 2000 » extrait de leur dernier effort studio, on se croirait revenu en 1985, lors de la tournée Desperados. Avec en prime un son énorme et clair, ne privilégiant aucun instrument (même si la basse de Vincent est…atomique !!!), un Marc Varez qui a du finir le concert sur les rotules et une double pédale greffée à jamais sous les semelles, et un Daniel vociférant comme un diable sorti de sa boite, vous comprendrez facilement qu’il est impossible de passer à côté d’En Revenant…, sous peine de manquer un nouveau chapitre de l’histoire du Hard-Rock français, voire du Hard-Rock tout court.
Ca transpire, ça headbangue, on imagine sans peine les gars dans le public pogoter comme des barges sur les hymnes plombés du trio, et pour faire clair, on s’y croit putain, on s’y croit !!! Et comment douter de la sincérité de cette réunion, car s’il y a bien une chose qu’on ne peut pas remettre en cause, c’est l’intégrité de ces types, qui auront perdu beaucoup plus d’argent qu’ils n’en ont gagné tout au long de leur carrière…
Alors…
Le DVD ?
Et bien, si vous avez bien assimilé mon postulat à propos du CD, vous multipliez l’euphorie par dix, et vous serez encore loin du résultat ! Avec cinq caméras HD savamment placées aux endroits stratégiques du Trabendo, un montage nerveux mais pas hystérique, un public intenable et un groupe en permanence sur la brèche le sourire aux lèvres, c’est juste le bonheur, rien de plus !
Avec en prime, l’intégralité du concert et donc pas moins de cinq titres supplémentaires (« En Retard », « (We Are) The Road Crew », majesté oblige, « Le Fils De Lucifer », « Faire Du Rock » et « Black Silex »), le plaisir de revoir Didier LOHEZIC monter sur scène avec ses anciens comparses (un Didier d’ailleurs très touchant, et qui parait plus qu’ému de se retrouver on stage comme à la grande époque), un son fantastique et des lumières très travaillées, ce DVD est proche de la perfection, et malgré plusieurs visions, je ne vois vraiment pas ce qu’on pourrait lui reprocher.
Les bonus ?
La aussi, c’est du lourd, cinq titres extraits de leur performance au Hellfest l’année dernière, avec bien sur une image et un son nickels, et l’émotion quasi palpable (nous étions là, et rien n’est plus vrai !), un making of du concert au Trabendo de huit minutes fort sympathique, avec le groupe en balance, dans les loges, avec un très beau noir et blanc, et en « bonus-bonus », deux clips d’époque de VULCAIN, le très rigolo « Soviet Suprême » et son mélange de plans live à la Loco et d’un itinéraire parisien abstrait passant par toutes les rues ayant un nom en rapport avec les Etats-Unis et l’URSS, et le plus classique « Assedic Park » de Stoppe La Machine.

Comme vous le constatez, pour entériner son come-back, VULCAIN ne s’est pas foutu de notre gueule, et revient les poches pleines d’un package qu’il serait de fort mauvais ton de bouder, même en ces temps de disette économique.
En Revenant… rend parfaitement hommage à un groupe qui n’a pas encore écrit son épilogue, qui a toujours tant donné à son public, et qui mérite qu’on lui rende au centuple… A l’ère de la standardisation de « produits » tous plus aseptisés les uns que les autres, cet album/DVD est une bouffée d’air frais, loin des préoccupations d’un business pour qui seule la rentabilité compte.

Une seule chose à dire mes chers amis : A quand l’album ??????

Et surtout, merci.