AMON AMARTH (se) - Surtur Rising (2011)
Label : Metal Blade Records
Sortie du Scud : 25 mars 2011
Pays : Suède
Genre : Death Metal mélodique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 49 Mins
AMON AMARTH fait du AMON AMARTH. On répète cela à chaque nouvelle sortie des Suédois, mais force est de constater qu’ils en font peu pour que l’on dise le contraire ; et puis, avouons qu’on prend toujours un plaisir monstre à retrouver ce son immense qui les définit, parcouru de lignes instrumentales bestiales et implacables. Le précédent effort, Twilight Of The Thunder God, a également hissé la barre bien haute en ce qui concerne l’efficacité musicale de la formation, et s’est désormais octroyé le statut d’incontournable dans la discographie du combo.
D’entrée de jeu, « War Of The Gods » semble s’imposer comme digne successeur du disque de 2008. Effectivement, il s’agit d’un de ces titres qui vous met directement dans la peau d’un Viking à la carrure colossale, au visage broussailleux, et dont le regard meurtrier vous fait toiser avec fierté chaque âme croisée sur votre chemin. Durant votre parcours, fourmillent encore, dans votre tête, les images du festin de la veille : les tables martelées en cadence par la tribu joviale, les écuelles arrosant les crinières de breuvage, et les couverts rudimentaires tintant en l’honneur des batailles ardemment menées. Alors que ce morceau défile, vous vous sentez clairement invincible, et c’est là la force de composition des Suédois, dosant à merveille leurs guitares à la fois mélodiques et agressives au sein de structures vives, et accompagnées d’un growl fédérateur.
Toutefois, l’entrain procuré par cette ouverture diminue rapidement dès lors que les compositions suivantes s’exhibent à nos oreilles avares de moult épopées intenses et épiques. En réalité, Surtur Rising revient à un son plus classique et si, auparavant, le groupe convainquait sans trop se renouveler, celui-ci pèche de ce côté. Malgré la production plus brute, les titres, essentiellement mid-tempo, se révèlent fastidieux et répétitifs, à l’image de « Töck's Taunt - Loke's Treachery Part II » et « Slaves Of Fear », et ce, en dépit d’une batterie qui sonne bien plus naturelle et cavale à bon escient (« Live Without Regrets »). Néanmoins, même sur une piste davantage bestiale, qui ne saurait être que « A Beast Am I », on ne reste que simple spectateur. Qui plus est, ce titre s’avère maladroitement organisé, proposant dans un premier temps un break brouillon qui relance le titre sans fluidité, et, au final, un interlude instrumental, agréable du fait de ses tonalités à la With Oden On Our Side, mais qui aurait clairement mérité sa plage à part entière. Paradoxalement ce sont les compositions les plus lentes qui se montrent parmi les plus intéressantes.
Ainsi, « The Last Stand Of Frej » retrouve un caractère épique de par ses longs riffs presqu’atmosphériques et l’écho accordé au growl pondéré abyssal, et « Doom Over Dead Man » instaure quelques cordes frottées s’accordant avec la tonalité désespérée des vocaux. Johan ne déroge pas à sa réputation et nous offre à nouveau une prestation désincarnée, usant différentes variations de profondeur, et se faisant appuyer des cymbales explosives pour renforcer sa présence. Cependant, l’album manque d’envolées intenses et de textures riches, ce qui rend les refrains bien moins prenants et créé une certaine monotonie. Bien qu’il exécute ses lignes convenablement, on a, malgré tout, du mal à y retrouver la fougue tenace des précédents disques, à l’exception de quelques titres tels que celui d’ouverture, ou « Destroyer Of The Universe » qui, en plus de posséder un refrain entraînant, jouit aussi d’une rythmique puissante à la double pédale déchaînée, et aux riffs grondant avec plaisir.
Pareillement, les mélodies des guitares apparaissent moins lissées et, donc, plus brutes et cisaillantes. Elles supportent toujours solidement les morceaux et délivrent des riffs accrocheurs et de qualité, même si parfois un peu trop familiers, à l’exemple de ceux du dynamique « For Victory Or Death » qui rappellent l’éponyme de l’opus précédent. Quand bien même les mélodies vrombissantes se montrent efficaces, cela n’empêche pas « Wrath Of The Norsemen » de ne pas se faire marquant. L’acabit de son solo est, par ailleurs, peu convaincant tout comme sur les plages qui l’encadrent dans la liste ; mais à ce niveau, seuls « War Of The Gods » et « The Last Stand Of Frej » offrent des démonstrations convenables. En ce qui concerne la basse, elle reste difficilement audible parmi le vacarme guerrier de l’instrumentation. Seulement lorsque les guitares s’assagissent, on distingue cette ligne grondante qui s’ajoute à la densification des structures, mais mériterait une distinction plus précise.
Ce Surtur Rising n’est donc clairement pas une réussite et marque plutôt une régression dans la discographie du groupe, bien qu’elle soit apparemment volontaire. Les morceaux peinent, en effet, à maintenir l’auditeur curieux pendant la cinquantaine de minutes que dure l’opus, faute, principalement, aux rythmiques redondantes et à une qualité d’accroche réprimée. La formation n’en reste pas moins compétente dans son art et, hormis les titres énergiques classiques, d’autres se voulant davantage ambiancés parviennent à capter l’intérêt. Il est évidemment difficile de succéder à un album de la trempe de Twilight Of The Thunder God, cependant, c’est justement ce défi que les amateurs des Suédois espéraient voir relevé, et non un retour aux sonorités classiques.
Ajouté : Mardi 03 Mai 2011 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Amon Amarth Website Hits: 11594
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