THE FINAL HARVEST (fi) - The End (2008)
Label : Stay Heavy Records
Sortie du Scud : 12 novembre 2008
Pays : Finlande
Genre : Death mélodique / Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 31 Mins
Tuomas Saukkonen est décidément infatigable et débordant d’idées à ne plus savoir quoi en faire. Outre ses déjà nombreux projets, le voici de nouveau présent au sein d’une énième formation finlandaise, dont il a composé la totalité des titres. Toutefois, a contrario de son statut de membre chez BEFORE THE DAWN, ou DAWN OF SOLACE, il officie, ici, exclusivement à la batterie. Autre différence notable, également, le style s’éloigne de ses sonorités Doom et/ou Gothique mélancoliques de prédilection, puisque THE FINAL HARVEST s’oriente carrément vers un assaut Death/Thrash féroce, possédant tout de même une mélodicité subtile. Preuve de l’effervescence créative du père Saukkonen, le combo finlandais s’est formé au tout début 2008 et a rapidement été signé chez Stay Heavy Records, pour finalement pouvoir proposer sa première création, sobrement intitulée The End, en plein hiver scandinave.
Brutal, cet album l’est, et prend un malin plaisir à l’afficher comme il peut. Le génie finlandais réoriente ses textes de désolation vers des écrits sur la mort et la guerre, plutôt classiques pour le coup, mais possédant certaines métaphores bien trouvées. L’ensemble se montre, de plus, des plus directs ; une dizaine de titres enchaînés en une demi-heure, pas de place pour les prolongations, les titres sont courts, frappent un bon coup, puis disparaissent avant que l’on ait eu le temps de prendre conscience du déluge abattu entre nos deux orifices auditifs. Bien que ce soit le credo du groupe - faire primer la virulence des compositions -, celles-ci n’ont, par conséquent, pas le temps de se développer, et l’on est témoin d’une forte linéarité. Malgré tout, une multitude de breaks s’encastrent dans les morceaux pour tenter d’y laisser un peu d’intérêt, tant et si bien qu’ils finissent par posséder une structure assez similaire.
Il faut dire qu’avec seulement quatre membres, et autant d’instruments, THE FINAL HARVEST n’est pas enclin à proposer des titres beaucoup plus diversifiés. Pour autant, « The Beginning Of The End », intro justement nommée de l’album, attise la curiosité de par ses quelques samples orchestraux au synthé, posant crescendo le terrain à une instrumentation remontée, mais ils ne réapparaissent, ensuite, qu’à l’ultime piste, éponyme du disque et de nouveau judicieusement placée, qui se veut davantage originale. Effectivement, durant presque trois minutes, une combinaison rythmique lourde mène le titre, coupée à deux reprises d’une narration de reportage sur fond de guitare menaçante puis, suite à un silence, déferlent chant démentiel et riffs mélodiques, appuyés d’une nappe de claviers. Rajoutez à cela : une guitare acoustique en intro de « Messiah », et quelques notes de claviers sur le pont final de « Wheel Of Misfortune », et vous avez les éléments les plus originaux de l’album.
Toutefois, il serait faux d’affirmer que cela nous empêche d’y trouver un peu de plaisir. Eero Silvonen dessert une guitare surpuissante, mise en avant dans le mix, qui maintient constamment une ligne grondante dans la structure des morceaux, augmentant l’aspect enragé recherché par les Finlandais. En outre, il expédie également des riffs acérés portés d’un fort dynamisme, prenant parfois des tournures de circularité psychédélique (« Bloodgod », « Obidience »), et en réalise d’autres plus empreints de mélodie, à la manière suédoise de THE HAUNTED, à l’instar de l’excellent « Wheel Of Misfortune » qui, malgré sa durée des plus limitées, est animé d’une énergie phénoménale, renforcée par son pont sibyllin, et de l’outro « The End ». Côté mélodie, Eero tente aussi quelques solos, toujours placés en fin de titre et qui, comme sur « Messiah », ne se montrent guère convaincants, et plutôt décousus et maladroits ; exception faite de « Attack » où il apparaît clairement abouti et réussi. On note, finalement, de rapides sweepings lors de « Bleeding ».
Ce titre porte, d’ailleurs, réellement à controverse puisque sa rythmique amenant le refrain est, bien qu’assurément implacable, typique d’un schéma déjà employé au sein du groupe principal de Tuomas (BEFORE THE DAWN) ; même le chant, lors de ce passage, se montre similaire. Et, déjà sur « Purgatory », on ressentait cette même présence, plus discrète néanmoins. Mais cela ne reste qu’une des influences que l’on peut remarquer puisqu’on y retrouve des intonations Metalcore, principalement lors des breakdowns, ou même de Deathcore avec « Bloodgod », par exemple, et des sections intenses dignes d’un LAMB OF GOD. La batterie est donc déchaînée et libère de véritables déflagrations et blast beats sur des tempos majoritairement agressifs et d’autres plus lourds, justement plombés. Accompagnée de la guitare, ces deux instruments forment la combinaison maîtresse de l’opus, ravageant chaque piste d’accords grondants et percussions explosives. Cependant, l’on remarque que seuls les toms ressortent efficacement du mix, le reste étant obstrué par l’importance placée sur les lignes de la guitare, au même titre que la basse de Risto Roine, qu’il est extrêmement difficile d’entendre se démarquer de sa voisine à cordes. De toute façon, la qualité discutable de la production offre un son pas toujours clair et un rendu des basses vraiment brouillon. Même si imposante, cette rythmique amène donc des répétitions et certains titres, tels que « Obidience » ou « Warrior Song », ne conservent que peu d’intérêt pour l’auditeur.
Enfin, Ville Rutanen dévoile un chant efficace, oscillant entre les registres hurlés et growlés. En tout cas, sur les premières pistes, sa prestation est effrénée et assurée, maîtrisant les refrains en leur conférant l’intensité nécessaire et s’adaptant à la véhémence de la rythmique pour mieux y calibrer les harmonies. Certains passages voient même une densification de ses vocaux pour un rendu complètement dantesque (« Bloodgod »). Par contre, tout le milieu d’album souffre de la trop importante homogénéité avec des lignes de chants moins marquantes, même sur des morceaux donc l’instrumentation se révèle énergique (« Messiah »). Hormis « Bleeding », déjà énoncé, il faut attendre les deux derniers titres pour retrouver quelques variations dont des vocaux davantage criards sur les refrains de « Attack », ainsi que des growls denses, et les lignes démentes de l’outro.
Pour ce qui est des deux pistes bonus incluses sur la version européenne, les compositions restent dans une veine similaire à celles de l’album. Seuls la production et le mixage diffèrent, proposant un rendu sonore moins clair et puissant, davantage prononcé sur les aigus. Bien que plus véloce, « Chosen Suffering » a un aspect mélodique bien prononcé, tandis que le second bonus se contente d’une rythmique plus pesante. En revanche, le chant est plus réussi sur « The Rapture » que les lignes plutôt aboyées du premier supplément, malgré de très bons growls profonds posés sur les refrains. Enfin, étonnamment, les solos présents dans chacun des titres se montrent corrects en virtuosité et bien supérieurs à ceux de l’album, de quoi s’interroger sur les aspirations du groupe.
THE FINAL HARVEST est, finalement, bien loin du potentiel de composition que l’on aurait pu attendre de Tuomas Saukkonen, et cet album l’illustre parfaitement. L’ensemble s’avère trop homogène et parfois brouillon, même si l’on peut apprécier la puissance conférée par la production. Si certains titres possèdent de très bons moments à l’énergie maîtrisée, d’autres perdent tout intérêt du fait de leur répétitivité, ou même d’idées déjà usées par Tuomas dans ses différents projets. On peut alors se demander si ce groupe n’est pas simplement une façon pour lui d’assouvir un désir de brutalité, peu importe la qualité et l’originalité. Quoiqu’il en soit, The End, en plus d’avoir son parcours bien représenté par les noms de quelques pistes, risque également de symboliser comme il se doit la période la plus créative et valable des Finlandais, si son successeur continue de simplement permettre à Tuomas de se vider l’esprit.
Ajouté : Jeudi 31 Mars 2011 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: The Final Harvest Website Hits: 9688
|