A.O.K. (de) - Anal Oder Kot (1989)
Label : Metal Enterprises / Bellaphon
Sortie du Scud : 1989
Pays : Allemagne
Genre : Metal
Type : Album
Playtime : 19 Titres - 20 Mins
On tombe souvent au hasard des rayons des librairies sur des recueils compilant les meilleurs albums de l’histoire de la musique. On retrouve souvent les mêmes noms et les mêmes disques au sommet, et c’est terriblement lassant.
Oui, c’est vrai la perfection, au bout d’un moment, on s’en tape. On sait qu’un diamant sera toujours plus précieux qu’une vieille chaussette. Mais moi, j’aime les vieilles chaussettes. Surtout celles qui puent.
Alors je me prends à rêver d’un livre qui recenserait les pires albums du siècle. Je prendrais un plaisir non feint à me glisser entre les métaphores pour mieux les deviner. Ces pochettes approximatives, ces paroles proches du non sens, ces musiciens médiocres…Qui eux aussi méritent d’être cités. Pour la gloire, le panthéon des loucheurs et autres baveurs d’écume. Je m’en renverserais le café sur les burnes de joie…
Si vous avez déjà jeté une oreille sur certaines œuvres, vous savez ce dont je veux parler. Non, pas de ces albums maladroitement ratés, ébauchés grossièrement, mal dégrossis, non, définitivement non. Je parle des naufrages programmés, des cataclysmes inévitables, provoqués, jouissifs et irremplaçables.
Prenez le cas des SHAGGS. Ces trois pauvres gamines dont le père plein aux as avait crû bon de tenter d’en faire des Pop Stars. Catapultées dans un studio sans avoir jamais manié leurs instruments, elles accouchèrent d’un des albums les plus phénoménalement nuls - tout en restant diablement touchant - de l’ère moderne de la musique populaire. Les entendre péniblement couiner les aventures de leur petit chat, de leur belle voiture, sur fond de cacophonie insupportable est une épreuve authentique que seuls les Etats-Unis pouvaient nous infliger.
Mais pas seulement.
C’était sans compter sur l’humour allemand. Le plus gras du monde.
La première écoute d’Anal Oder Kot (qui pour les non germanophiles signifie Anal ou Caca, ça plante déjà le décor…) m’a plongé dans le même désarroi émerveillé que des œuvres telles que Safe Sex d’INTENSE MUTILATION, ou encore le sus nommé Philosophy of the World des mirifiques SHAGGS. Je suis resté sur mon siège, dans un état quasi catatonique, me demandant sérieusement si c’était moi qui virais grave barge, ou si le monde qui m’entourait tournait soudain à l’envers.
Et pourtant, c’était vrai.
Fin flingué devant l’éternel, j’avoue que je m’en suis voulu de ne pas y avoir pensé avant. C’était si magnifiquement mauvais que j’hésitais chaque seconde à crier au génie ou à hurler à l’imposture inadmissible. Quoique, j’aurais pu, ou du m’en douter. Face à la publicité non dissimulée de bon nombre de leurs homologues bruitistes allemands, TANKARD au premier rang, et l’appellation d’origine incontrôlée Nothingcore comme leitmotiv, la conclusion était inévitable. Mais non, même avec tous ces éléments, je n’aurais jamais pensé qu’on puisse aller aussi loin dans le joyeux n’importe quoi.
Mais il est très difficile d’affilier cet album avec quelconque style « musical » que ce soit. Il est même difficile, voire impossible d’y déceler une quelconque trace de musique. Foin du Grind-Core, de l’Indus ou de l’expérimental, A.O.K. donne dans le paillard bruitiste. Le gag qui sent la merde. Oyez, oyez braves gens, le vacarme de pré pubère bête et méchant, bas du front plein de boutons à une illustration sonore adéquate, et elle n’attend que vos oreilles mal lavées pour s’incruster.
« Roi Des Intestins », « Frank Thorwarth de Tankard N’a Plus De Moineau », « Buffo, Tu As Les Cheveux Gras », « Boris Becker », « Sommes Nous Des Rockstars Ou Des Petits Pains De Seigle ? », « Meh, Meh, Meh », et beaucoup d’autres comptines aussi stupides qu’essentielles vous attendent tout au long de ces 20 minutes de délire collectif.
Abandonnez avant d’entrer toute connaissance de base des structures harmoniques. Imaginez plutôt Papa Schultz à poil qui découvre la tarte à la crème badigeonnée d’excréments. C’est le foutoir au camp, tout le monde s’en prend plein la gueule, et surtout les esgourdes qui n’en sortent pas indemnes.
Tout vous raconter reviendrait à vous gâcher le plaisir de la découverte, telle que je l’ai éprouvé moi-même. Sachez simplement que j’ai fait de « Meh, Meh, Meh » ma devise. Que ce pauvre Boris Becker doit avoir eu envie à l’époque de se teindre en brun. Que les premières notes de basse de « Alle Meine Dräschis » feraient passer Sid Vicious Pour Jaco Pastorius sous acides. Qu’un Caruso crétin, c’est mieux qu’un lapin. Qu’on ne saura jamais si cet album contient oui ou non une reprise de JUDAS PRIEST.
C’est la quintessence de la blague de potache, celle qui ferait passer les Charlots pour des immortels de la vanne fine et futée.
Avez-vous déjà mis un pétard mammouth dans une bouse de vache, juste avant qu’un pauvre quidam passe, de préférence une dame âgée ou un gamin ?
Non ?
Je ne vous connais plus.
Ajouté : Vendredi 18 Février 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: A.O.K. Website Hits: 12945
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