J’en ai déjà croisé, des allumés, dans ma courte existence. Il y a ceux qui se prennent au sérieux en se cramant des croix inversées sur la gueule, et ceux qui officient dans un registre beaucoup plus léger, mais tellement plus agréable. A tous ceux qui aiment le Metal et qui vouent un culte sans bornes pour Bozo le Clown, BAWDY FESTIVAL est fait pour vous. Ce combo de la région parisienne possède la particularité de vivre dans un monde burlesque, en articulant son concept musical autour d’une thématique originale : le Clowncore. Autrement dit, n’imaginez pas venir à un de leur concert en costard-cravate, le dress-code est clairement établi : nez rouge obligatoire ! Ainsi, nos petits français ont l’immense mérite de jouer le jeu jusqu’au bout et d’y faire participer le public. Dans la lignée directe de ces jeunes groupes tricolores qui ont des burnes bien remplies, la troupe s’est déjà produite aux côtés d’ETHS, AQME, MASS HYSTERIA ou encore ULTRA VOMIT. Que du beau monde. Et c’est avec le soutien du conseil général de Seine et Marne que ces cinq freaks sont allés jusqu'à filmer et enregistrer leur concert aux Cuizines de Chelles le 31 octobre 2008 (ouais, pour Halloween !) dans le cadre de la sortie de ce digipack très soigné, un CD / DVD live intitulé Tri Nox Samoni – Into The Weird Side qui succède à l’EP du même nom et au maxi 4-titres Back In Da Wood sorti en 2005.

CD LIVE :
Ne connaissant absolument pas à la base BAWDY FESTIVAL, j’ai choisi de démarrer la dissection avec la partie audio de leur sortie. Histoire surtout de me familiariser au maximum avec le son et, je l’avoue, de réserver la partie vidéo, autrement plus divertissante pour la fin. Le concert démarre sur un concept narré lors de l’intro avant que ne déboule l’énorme « Bawdy Mother Fucker ». Il faut bien se rendre compte que ça fait cinq minutes à tout casser que je me suis accoquiné avec nos phénomènes de foire et que déjà, je ressens le besoin d’envoyer leur CV chez Pinder, tant ce côté clownesque est parfaitement retranscrit musicalement, avec l’omniprésence de claviers façon orgues grandiloquents et forains. Les compositions s’inscrivent dans une dynamique d’Hardcore à la française. Un Hardcore remuant et dansant avec des lyrics en français et un chant légèrement rappé sauce West Side Crew (« Fashion Metal »). En parlant de Rap, BAWDY FESTIVAL nous offre aussi une piste très surprenante et provocante, tout droit sortie de l’imagination droguée des dealers de la banlieue de Los Angeles et de la bouche édentée de Joey Starr avec « Get Clowned » sur laquelle participe Merka et Le Saint. Les parisiens font preuve d’une grande diversité musicale, tout en gardant une originalité et une énergie communicative (cf. le bonus « Batte Dans l’Cul », 47 secondes de délire et d’exubérance pure). Leur musique est juste géniale et sors totalement des clichés du Hardcore baguette-camembert. Peut-être un peu rébarbatif dans les derniers instants (on sent passer les dix minutes de « Where Is My Ball ? », malgré le final splendide), Into The Weird Side se démarque par l’usage de ces claviers aguicheurs qui feront de ce disque la musique d’ambiance d’une fête foraine morbide où se côtoieront des clowns et des pantins effrayants, animés d’une volonté destructrice et assoiffés de sang. Il existe donc sur Terre un endroit où les clowns ne sont pas tous de marrants polissons juste bons à marcher sur des peaux de bananes et à se casser le col du fémur. Mieux vaut ne pas s’aventurer en ce lieu, sous peine de joindre à tout jamais leur armée.

DVD LIVE :
Après cette formidable découverte auditive, je n’ai pas boudé mon plaisir à insérer le DVD dans mon lecteur, et encore moins à le visualiser. Car définitivement, BAWDY FESTIVAL m’aura convaincu de son immense talent aujourd’hui. Ces mecs là, en plus d’être de fins compositeurs, sont également d’excellents showmans qui vivent leur trip jusqu’au bout. Fidèles à leurs costumes de clowns, le groupe investit la sympathique salle des Cuizines sous les yeux d’un public nombreux qui, lui aussi, aura joué le jeu. Les images ne donnent qu’une envie, revenir dans le passé et faire le trajet nécessaire pour participer à cette soirée. Les BAWDY FESTIVAL ont mis le feu en Cuizines. On y découvre certains faits qui nous ont échappé lors de l’écoute du CD, comme l’instant où l’on découvre ce à quoi ressemblent Merka et Le Saint, nos rappeurs confirmés sur « Get Clowned » ou le moment où Teddy DKC invite le public à « pogo-valser » sur « D.O.A.K. ». L’occasion de souligner que ce gars possède un charisme monstre derrière son micro, tout comme N DMC et son haut-de-forme (référence à Stian Aarstad, ex-DIMMU BORGIR ?) aux claviers. Grand bravo également à toute l’équipe technique et le staff qui ont participé à l’élaboration de ce DVD. Le son et l’image sont nickels. C’est d’autant plus rare pour une formation qui n’a pas encore une réputation internationale, donc un niveau « amateur ». Certains devraient en prendre de la graine. L’ambiance festive qui régnait sur scène au bout de « Where Is My Ball ? » fait carrément chaud au cœur car elle montre que BAWDY FESTIVAL s’est démonté pour combler son public et pousser le délire à son paroxysme. Y’a pas à tortiller du cul pour chier droit, c’est avec ce genre de groupes que la scène française avancera ! Et comme de coutume, de nombreux bonus viennent garnir la galette. Parmi les plus intéressants, on notera le documentaire « Freakshow » qui retrace le before de la soirée et toutes les animations spectaculaires proposées au public : monsieur Loyal, femme-zombie en cage, galerie d’art, chaise électrique, on se croirait à la tour de Londres. Egalement le making-of de l’album et du spectacle, dans lequel on découvre que c’est le doubleur David Kruger (voix de David Arquette, Christian Bale ou Ed Helms dans Very Bad Trip) qui est à l’origine de l’intro narrée « Into The Weird Side » ou encore les coulisses des Cuizines avec la préparation de nos clowns pour le show. Parmi les plus dispensables, on soulignera l’inévitable et barbante galerie photos.

Par on ne sait quelle magie, BAWDY FESTIVAL nous embarque vraiment durant plus de deux heures dans un univers à part entière. Tout a été pensé, dans les moindres détails et rien n’a été laissé au hasard. En cette nuit d’Halloween, la ville de Chelles a été victime d’un terrible rituel. Une déferlante bariolée et Clowncore s’est abattue dans les Cuizines, révélant à ce jour, l’un des meilleurs espoirs de la scène Hardcore française. Un grand moment de bonheur et de pitreries !