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VIO-LENCE (usa) - Eternal Nightmare (1988)






Label : Mechanic Records / MCA
Sortie du Scud : 1988
Pays : Etats-Unis
Genre : Thrash Too Late
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 35 Mins





Sur le quai de la gare, lorsque l’on rate son train, on prend le suivant. Avec les conséquences que cela implique. On peut arriver un peu en retard, beaucoup, manquer un entretien d’embauche, sa petite amie, un mariage, ou parfois, plus grave, influencer le cours entier de sa vie. Et dans ce dernier cas, il est toujours très difficile de s’en remettre, voire même d’entrevoir ce qui aurait pu se passer si tout s’était justement bien passé.
Le syndrome « pas de bol ».
Rien ne définit mieux le sort connu par VIO-LENCE.
Pourtant, que tout avait bien commencé…Mais trop tard.
La Bay Area en 1988 ne voulait plus dire grand-chose. Tous les esprits étaient quasiment obnubilés par la nouvelle capitale de l’extrême, Tampa, Floride.
METALLICA allait passer de l’autre côté du mur, SLAYER était sur une major, EXODUS n’allait pas tarder à l’être, MEGADETH aussi, alors que dire…Les chefs d’œuvre étaient déjà sur le marché depuis longtemps (enfin, tout est relatif puisqu’ And Justice For All est sorti la même année…), et le nouveau terrorisme sonore, le Death Metal de Chuck et John captivait plus les fans que les dernières péripéties Thrash venant de Californie.
Soit.
Mais Eternal Nightmare méritait un autre traitement.
Atypique. Intemporel. Puissant. Déroutant. Créatif. Rapide.
Tous ces épithètes peuvent être usités pour décrire la folie dévastatrice qui animait ces sillons.
Rarement un batteur, Perry Strickland en l’occurrence, sera à ce point parvenu à créer une telle atmosphère de furie sur un album de Thrash. Multipliant les breaks inventifs à outrance, il emmène les morceaux dans une dimension parallèle ou le libre arbitre et la raison n’ont pas droit de cité. Et pourtant, lors des passages les plus lourds, sa frappe est assurée, solide comme le roc. Mésestimé ? C’est un euphémisme…
Mais il est clair que Eternal Nightmare va vite, très vite. Au moins autant, sinon plus que Reign In Blood. Et pourtant, on est à cent lieues du bordel.
Grâce à une paire de guitaristes impeccables rythmiquement, et hystériques en solo.
Et pourtant, que le chant de Sean Killian est difficile d’accès ! Très aigu, à la limite du supportable parfois, il est clair que le vocaliste ne peut être comparé à aucun autre. Sans la schizophrénie vocale d’un Paul Baloff, sans les intonations possédées de Don Doty, toujours dans un registre flirtant avec le Hardcore, la superposition de ses lignes vocales et des riffs made in Bay Area tient parfois de la magie d’équilibriste.
Et l’équilibre, c’est ce qui rend cet album si phénoménal. Car on ne verse jamais ni dans l’ultra violence sonore, ni dans la temporisation lassante.
Et pourtant, l’écoute passe comme dans un rêve, ou un cauchemar, c’est selon.
Et l’ouverture « Eternal Nightmare » a de quoi rendre parano. On scrute le paysage à la recherche du sniper isolé, sans toutefois parvenir à le trouver. Le tir est précis, ininterrompu, et les breaks se multiplient à outrance. Quand tout semble calculé et que l’écoute prend des airs de désespoir en plein milieu d’une zone sans protection, l’esprit devient confus et le rationalisme impossible.
Et le déclic du chien ne vient rien arranger pendant l’intro de « Serial Killer ». On court comme des dératés sans savoir ou s’abriter tant l’assaut est violent. Trois petites minutes pendant lesquelles le tir de barrage déracine tout sur son passage, c’est dur, très dur. Hymne Thrash comme on en fera plus, ce titre, de par sa simplicité limpide est une ode au massacre sans prisonniers. Je ne vois guère que Tom Hunting pour être capable de relever le défi lancé par Perry…
Mais « Phobophobia »…C’est l’entrée des chars dans Varsovie, la démonstration de force sur un mid tempo écrasant comme des chenilles qui roulent sur des crânes en plein centre ville. Sorte de « Toxic Waltz » pour psychotiques au premier degré, c’est une pathologie latente qui explose au son des cris rageurs de Sean. Une fois de plus divisé en parties bien distinctes, VIO-LENCE réussit le tour de force de truffer sa composition de multiples trouvailles sans que l’ensemble ne prenne l’air d’un joyeux foutoir pour post adolescents attardés.
Restant dans un domaine « raisonnable », « Calling In The Coroner » a pourtant des allures de bande son de film de zombie bien frappé. Mais après les trois déflagrations précédentes, une accalmie semblait justifiée. Certains y verraient un titre un peu faible, je préfère y déceler une temporisation ponctuelle et sciemment choisie.
D’autant plus qu’il faut refaire le point assez rapidement, puisque « T.D.S. (Take It As You Will) » déboule sans crier gare, mélangeant sans ambages les up tempo medium et les accélérations soudaines. Un autre uppercut directement dans le foie, Immédiatement suivi d’un crochet au menton version 3G, avec le bien nommé « Bodies On Bodies ». Le charnier mis à jour, il ne reste plus qu’à compter les victimes du tueur embusqué qui en aura piégé plus d’un. Thrash jusqu’au bout des chœurs (des cœurs ?), c’est l’aveu d’amour à un style qui ne supporte plus la médiocrité ni l’absence d’innovation. Alors que les riffs lacèrent la nuit, les invocations de Killian déchaînent les éléments au gré d’un final ne négligeant aucun détail pour ne pas faire de quartier. On pense au DEATH ANGEL de The Ultra Violence, la haine au ventre en plus. Magique, pour le moins.
Et en guise de final, la démonstration tourne vite à l’épreuve de force, tant « Kill On Command » reprend toutes les recettes précédentes, y ajoutant une folie de clôture véritablement impressionnante. Les guitares se lâchent dans un tourbillon incontrôlable, alignant riff sur riff, dans une montée en puissance qui donne le vertige. Perry se prend pour une centrale nucléaire à lui seul, et Sean érafle ses cordes vocales dans un dernier râle…
Alors, faut-il blâmer le temps pour avoir enseveli trop tôt des espoirs novateurs qui ne demandaient qu’à faire avancer les choses ? Et pourtant, VIO-LENCE avait tout compris. En résumant en sept titres et trente cinq minutes le meilleur de la Bay Area, ils offraient aux kids l’essentiel de ce que cette scène avait proposé en à peine 5 ans. Une vélocité indéniable, une science du riff incontestable, et l’art du break inattendu comme porte étendard.
Ce qui leur permit d’atteindre un statut de groupe maudit et culte fort enviable. Il fut une époque ou le premier pressage CD de Eternal Nightmare atteignait les 200 dollars sur Ebay. Ca laisse rêveur…
Mais le combo ne fera plus jamais aussi bien. Après un Oppressing The Masses de qualité, un mini LP, Torture Tactics bien troussé, et un effort final Nothing To Gain qui sentait bon l’au revoir un peu dépité, tout le monde s’en alla vaquer à ses occupations.
Mais de ce gâchis allait émerger un autre groupe qui heureusement, rencontra une adhésion massive, quelques temps après. Et méritée.
Le MACHINE HEAD de Rob Flynn, ex guitariste de VIO-LENCE.
En voilà un qui sut faire fructifier l’enseignement d’un manque de timing.
A noter que Eternal Nightmare ressortit en double CD en 2005, et que l’année suivante, un DVD, Blood And Dirt vint nous divertir. Dois je vous dire ce qu’il vous reste à faire ?
Il restera un album pour la postérité. A placer délicatement aux côtés de Master Of Puppets, Reign In Blood, Fabulous Disaster et autres Forbidden Evil.
Mais ça, c’est une autre histoire.



Ajouté :  Mercredi 29 Septembre 2010
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
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Hits: 10814
  
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