SONIC SYNDICATE (se) - We Rule The Night (2010)
Label : Nuclear Blast
Sortie du Scud : 27 août 2010
Pays : Suède
Genre : (Pop) Rock Alternatif / Metalcore Mélodique
Type : Album
Playtime : Titres - Mins
SONIC SYNDICATE et la communauté Metal, c’est une belle histoire d’amour qui a duré… aller, deux ans tout au plus ; de la sortie de leur premier effort, Eden Fire, album décent de Death Mélodique regorgeant de promesses, à l’arrivée du second, Only Inhuman, en 2007, qui empruntait une tournure bien plus accessible et simpliste en se parant d’un Metalcore basique, certes, mais pas moins divertissant et accrocheur. Recette qui était réutilisée à l’identique l’année suivante, sur Love And Other Disasters, présentant alors un intérêt plutôt réduit, malgré ses quelques touches Rock. Puis, quelques mois plus tard, l’annonce du départ de Roland Johansson, frontman charismatique, laissa planer de sombres doutes quant à l’avenir des Suédois.
Après un rude concours qui a dû en laisser plus d’un atone, c’est l’anglais Nathan J. Biggs qui eut l’honneur de compléter le line-up, déchaînant tout de même foule de commentaires négatifs, et de nous montrer un avant-goût de ses capacités sur l’EP Rebellion, paru fin 2009. Constitué de deux titres, dont une première version de « Burn This City », fidèle aux derniers disques du groupe en dépit du changement de chanteur, et un « Rebellion In Nightmareland », plutôt agressif et revenant aux sources du son d’Eden Fire, on ne pouvait que rester confiant quant à la prochaine production du sextet, différée plusieurs fois pour finaliser un peu plus les compositions.
Suite à ce rapide historique, nécessaire pour restituer le contexte, et avant d’entamer l’analyse de leur nouvel album, intitulé We Rule The Night, je tiens tout de même à préciser que je suis loin de n’être qu’un amateur d’Extrême Mélodique, mes goûts musicaux ne rechignant pas devant des musiques plus abordables, à l’instar des derniers LINKIN PARK. Ceci étant clair, spécifions également que si j’avais eu à laisser un avis aux premières écoutes, vous auriez sûrement lu un enfilement de qualificatifs plus péjoratifs les uns que les autres, pour une note se comptant sur le moignon d’une main… En effet, conformément à sa nouvelle imagerie, SONIC SYNDICATE a, à nouveau, décidé de parcourir d’autres horizons musicaux, alors qu’on s’était finalement habitué à leur Metalcore "jumpy". Bien que le nouveau style visuel, dépeint au travers d’une pochette aux dominances bleu nuit, plutôt classe, et un logo revisité dans la sobriété, semble annoncer une certaine maturité, la musique renfermée dans ce package est d’une déception consternante. Le groupe a laissé de côté son jeu dynamique et convaincant au profit de compositions mid-tempo, fades et mal rythmées, à la croisée de samples Electros abusifs et d’un Rock gentillet aux relents Pop.
Néanmoins, passées la déception et la moue de dégoût inhérentes aux premières écoutes, on est tout de même témoin de passages intéressants au sein des morceaux. Ainsi, « Revolution, Baby! », loin d’être une révolution, conserve une énergie rafraîchissante, « Turn It Up! » possède assurément le rythme le plus entraînant de l’album, en dépit de son fond Electro bancal, et « Black And Blue » dispose d’un pont mélancolique partagé entre synthé et acoustique, relevant l’attrait du titre. Malheureusement, ces quelques moments agréables sont loin de suffire pour supporter l’intégralité des compositions retombant inéluctablement dans le prosaïsme le plus complet. Par ailleurs, s’il est assez difficile de se souvenir des compositions, c’est surtout à cause d’une production moderne et tellement lisse que les mélodies ne font que glisser sur le nerf auditif sans jamais réellement accrocher, ce qui était auparavant la force du groupe.
Faute également à une densité indigeste apportée par l’omniprésence des claviers, souvent utilisés à l’excès. Joués par Roger Sjunesson, on les retrouve par nappes, bruitages et boucles électroniques ou imitation de violons sur tous les morceaux, sans exception, et, bien qu’étant présents depuis le premier album chez le groupe, jamais ils n’ont été aussi mis en avant dans le mixage, à tel point que la véritable instrumentation ne conserve que peu d’intérêt, entre une basse plate guère audible, et une batterie mollassonne aux motifs répétitifs et sans grands moments de gloire. Reste des riffs énergiques mais familiers, et cet apport synthétique, qui aurait pu servir à enjoliver certains titres, produit du coup l’effet inverse et devient rapidement pompeux et lassant. Le single « Burn This City » a d’ailleurs été retravaillé pour coller à cette optique et perd en spontanéité. Seul « Plans Are For People » en tire profit au travers d’une intro ambiante lugubre suppléée d’effets hydrauliques instaurant un rythme aguicheur sur lequel se pose une envolée de riffs mélodiques.
Ce titre est d’ailleurs un des seuls où il est possible de ressentir une quelconque conviction au travers des vocaux clairs de Nathan, et surtout menés principalement par le chant de Richard ; l’autre étant « Break Of Day », facilement qualifiable de meilleure piste de l’album. Effectivement, la composition semble être une reprise de leur « Rebellion In Nightmareland », pour la structure des couplets, et se rapproche donc fortement des premiers albums dû aux guitares dynamiques et à l’interprétation majoritaire en vocaux hurlés de Richard, et même quelques growls de Nathan, dommage qu’il reprenne une voix claire ennuyeuse pour les refrains. Si je complimente les lignes vocales de ces morceaux, c’est surtout parce que Richard a été relégué en fond sonore sur les autres. Il se contente désormais d’appuyer les fins de phrases, ou de placer quelques hurlements incohérents pour apporter un soupçon d’agressivité aux compositions, ce qui paraît plutôt difficile puisque ses lignes semblent aseptisées, histoire de ne pas trop choquer les nouveaux auditeurs. A contrario, Nathan accapare la parole et, même s’il possède un talent certain et un timbre singulier prenant parfois des intonations Rock agréables, la dominance sur cet album est à son chant clair, totalement niais et surfait, sans harmonie avec les compositions.
We Rule The Night est bel et bien un album destiné à la commercialité, juvénile tant qu’à faire ; en témoignent les nombreuses ballades Pop Rock présentes, et sans aucune émotion, telles que les acoustiques « My Own Life » et « Miles Apart », gâchées par la voix nasillarde de Nathan, ou « Leave Me Alone » écrite par Peter Tägtren et Jonas Kjellgren (SCAR SYMMETRY). Avec ces deux noms à la composition, on aurait pu s’attendre à un morceau réussi, mais l’interprétation qu’en fait SONIC SYNDICATE reste médiocre, malgré de bons riffs d’intro. On pourrait également se pencher sur le ridicule de paroles extrêmement profondes, dignes d’écrits de collégiens/lycéens ; à titre d’exemples : "You’re beautiful […] why do I feel so ugly?", "It’s my own life, I’ve started a new life", "I’ll be yours and you’ll be mine", ou encore "When I look in the mirror, I’m not sure it’s me".
Si l’on souhaite vraiment conserver de la considération pour le groupe, il faudra se tourner essentiellement vers les pistes bonus que sont « Dead And Gone » et « Heart Of Eve » (qui ne sortira finalement qu’en single). Le supplément japonais, « Perfect Alibi » n’est qu’une autre de ses ballades insipides dans le genre de « My Own Life » et « Miles Apart », tandis que les deux précédemment cités, animés de riffs mélodiques efficaces et minimalisant le chant clair, se veulent rapides et énergiques et surpassent la totalité des compositions d’un album regorgeant de longueurs.
Si SONIC SYNDICATE conservait, jusqu’alors, encore quelques amateurs et défenseurs, We Rule The Night les incitera sûrement à faire profil bas devant cet ensemble dégoulinant de mièvrerie et vide de tout intérêt, trempant allègrement dans la commercialité. A de rares exceptions près, le groupe a clairement perdu son identité en souhaitant brasser un public plus large, et participe lui-même à sa propre discréditation au sein de la scène Metal ; à mieux réfléchir, ils y auraient gagné à fonder un projet parallèle pour exprimer cette partie de leur créativité, si tant est qu’elle soit honnête... Néanmoins, on ne peut qu’espérer qu’ils sauront se ressaisir sur les prochaines productions, puisqu’ils ont montré en être encore capable, au travers de compositions indûment mises à l’écart. Quoi qu’il en soit, il faudra pour le moment se contenter de leurs précédents disques ; de là à dire que Nathan n’est pas le membre adéquat au groupe, c’est une autre histoire…
Ajouté : Mercredi 29 Septembre 2010 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Sonic Syndicate Website Hits: 10994
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