SODOM… le nom de son onzième méfait peut retentir comme une décharge de chevrotine. Cette fois, la boucle est bouclée. Circulez, y’a plus rien à voir ! Enfin si… il vous reste encore trois petits quarts d’heure de Thrash de légende avant d’expirer. Les derniers que vous n’entendrez plus jamais. Cinq années ont passé depuis M-16 et enfin les revoilà ! On ne répètera jamais assez que la vie est courte et ces cinq années ont paru en faire cent. C’était probablement le dernier coup de rein à donner, le dernier délai d’attente pour atteindre le sommet de son art. Ils n’ont pas eu la bêtise de faire mariner leurs fans. Ils ont eu l’intelligence de donner du temps au temps. Il était urgent d’attendre. D’attendre le bon moment. Celui qui donnerait tout l’écho nécessaire au vacarme résultant de l’explosion d’une bombe dans un environnement stérile. Nous sommes le 24 avril 2006. SODOM livre son onzième album éponyme.
Derrière une pochette sombre et sobre, un monstre est tapi. Dans l’ombre, il attend. Certains se font greffer un crochet à la place de la main… lui a opté pour une tronçonneuse. Plus pratique pour ciseler la chair. Du sang suinte d’un mur qu’on devine dans les ténèbres. Du sang coagule sur ses lèvres. « Blood On Your Lips » est la pierre angulaire du festin. Un son comme on n’en a jamais encore entendu, une déflagration puissante immédiatement stoppée par le vice du morceau qui impose entre son refrain mémorable des susurrements de l’oncle Tom, vieux pédophile rongé par l’alcool en quête d’une âme à violer. L’odeur qui se dégage de Sodom est nauséabonde. Il y’a comme une forme d’hommage à Obsessed By Cruelty qui, deux décennies plus tôt, laissait s’évader les mêmes effluves fétides. Les vingt ans de maturation ont donné au trio les ailes pour atteindre le paradis. Cet album grouille de louanges au Thrash, de « Buried In The Justice Ground » à « Axis Of Evil » en passant par « City Of Gods », toutes méritent leur place au Panthéon de ce genre musical qui respire un bol d’air frais. Les guitares ont cette typicité dans leur tessiture… elles rigolent d’un rire édenté, elles chantent en canon sur « No Captures » dans un jeu de cordes à couper le souffle ! Les grosses notes de « The Enemy Inside » viennent écrire les dernières lignes du dernier chapitre avec un final mélodique d’anthologie. SODOM est passé comme un éclair dans la nuit noire. Et on relance le disque… et encore… et encore… et encore ! Ebloui, hypnotisé par la luminosité avec laquelle cette décharge électrique zébra un ciel ébène. Il fallait que ça sorte : les allemands viennent de réaliser le coup de maître de leur carrière. Plus encore que n’importe quel autre enregistrement, Sodom est le compromis le plus parfait qui soit entre un Thrash Metal épuré, des tonalités capricieuses, un sujet de conversation houleux et la classe de trois mecs issus de Gelsenkirchen.
Vingt ans, c’est aujourd’hui le quart d’une vie. C’est aussi le temps qui s’est écoulé entre leur premier album et cet opus. Un âge que je n’ai moi-même pas encore atteint. Pourtant, je suis très fier d’avoir eu le privilège de me mettre sur la discographie d’un groupe que tous les éloges du monde ne suffisent pas à encenser. J’espère tant avoir contribué, ne serait-ce qu’un peu, à leur rendre ce qu’ils ont apporté au Metal. Avec SODOM, nous avons délimité le fossé entre la Fable et la Légende, entre l’Homme et le Dieu. Ce Dieu qui brûla Sodome et fit à jamais de Gomorrhe, la putain de l’Histoire.

Discographie Complète de SODOM :
In The Sign Of Evil (Mini Album - 1984), Obsessed By Cruelty (Album - 1987), Persecution Mania (Album - 1987), Agent Orange (Album - 1989), Better Off Dead (Album - 1990), Tapping The Vein (Album - 1992), Get What You Deserve (Album - 1994), Masquerade In Blood (Album - 1995), 'Til Death Do Us Unite (Album - 1997), Code Red (Album - 1999), M-16 (Album - 2001), Sodom (Album - 2006), The Final Sign Of Evil (Album - 2007), In War And Pieces (Album - 2010), Epitome Of Torture (2013)