SODOM est de retour chez lui ! Après deux adultères incompréhensibles chez G.U.N Records et Drakkar, le voilà revenu dans sa famille adoptive, SPV Records qu’il n’aurait jamais du quitter, tant on ressent que les progrès qu’ils auraient pu réaliser ensemble à l’écoute de M-16, auraient été énormes. Non pas que ‘Til Death Do Us Unite et Code Red furent laborieux, mais plutôt que la qualité de la production ici présente ouvre une porte de plus dans le grand registre recensant les bonnes raisons de les adorer. Parmi ces dernières, on retrouvera sur ce dixième album celle qui, après leur Thrash légendaire, fais probablement le reste du boulot : leur implication dans la démarche de pacification du monde. M-16 dénonce à un stade encore inégalé les horreurs des conflits mondiaux et s’axe plus particulièrement sur celui du Viêt-Nam. A l’heure où le Hellfest est pointé du doigt comme étant un « rassemblement sataniste », prônant violence et atrocités, la diffusion de ce genre d’enregistrements dans l’hémicycle pourrait faire ouvrir quelques paupières cousues.
« Among The Weirdcong » sonne comme les cris de douleur qui ont résonné au large du golfe du Tonkin. Des roulements de batterie mitraillent les côtes : la guerre est déclarée ! Habillé de son plus beau Thrash, SODOM entre dans l’arène avec des guitares affutées comme des baïonnettes. Quelques odeurs de Death viennent pourrir l’atmosphère. Les allemands œuvrent d’une manière inédite : tout ce qui n’a aucun rapport avec le thème de l’opus doit être brulé au napalm ! Si après toutes ces images d’Epinal, vous n’avez pas encore compris que M-16, mis à part une reprise, ne sera pas composé à 100% d’hymnes brutales mettant le doigt sur un point sensible… je ne peux plus rien pour vous. SODOM apparaît comme étrangement sérieux, après un Code Red qui s’autorisait encore quelques pirouettes humoristiques. Le son de guitare est hermétique. Tom, Bernemann et Bobby ont trouvé l’équilibre qui fuyait le trio depuis son origine. L’entente entre les trois hommes est idyllique. Des chœurs de Bernd sur « Little Boy » aux frasques de Schottkowski sur « Lead Injection », tout roule pour le combo qui s’est parfaitement remis de ses problèmes gastriques entrevus quelques années auparavant. L’ensemble est plus homogène, probablement animé d’une intention toujours plus vicieuse et honorable. La distinction entre les titres se fait assez mal car tous arborent le même grade d’intensité. Oubliées les compositions en mid-tempo, disparus les solos lorgnant sur le Heavy, SODOM concentre tous ses efforts sur la forme, maintenant que le fond est déclaré noble. Des samples d’hélicoptères introduisent « Napalm In The Morning », des aromes asiatiques viennent décorer « Marines », une des chansons les plus représentatives de M-16 qui affiche également une playtime plus conséquente, preuve de la conceptualisation de leur œuvre. Comme un symbole pour évacuer ce trop-plein de haine, les allemands finissent leur massacre avec une reprise du fameux et délirant « Surfin’ Bird » des TRASHMEN (j’y vois plus qu’une coïncidence), très ancien groupe de Surf Rock américain.
SODOM n’en finit plus de surprendre. Avec M-16, il dresse un nouvel obstacle sur le chemin de quiconque prétend régner sur l’empire du Thrash. Leur ancienneté, leur vista les en autorise et c’est un message fort que laisse le groupe au reste cette scène qu’il domine. Prétendre le décrypter en ces pages tiendrait, au mieux, du blasphème…

Discographie Complète de SODOM :
In The Sign Of Evil (Mini Album - 1984), Obsessed By Cruelty (Album - 1987), Persecution Mania (Album - 1987), Agent Orange (Album - 1989), Better Off Dead (Album - 1990), Tapping The Vein (Album - 1992), Get What You Deserve (Album - 1994), Masquerade In Blood (Album - 1995), 'Til Death Do Us Unite (Album - 1997), Code Red (Album - 1999), M-16 (Album - 2001), Sodom (Album - 2006), The Final Sign Of Evil (Album - 2007), In War And Pieces (Album - 2010), Epitome Of Torture (2013)