Un tournant. S’il fallait un mot pour définir Get What You Deserve, ce serait ce dernier. Toujours très puritain dans sa manière de thrasher, SODOM s’est souvent essayé à de nouvelles perspectives. Plus Heavy, plus Thrash, c’est désormais plus Punk ! Ce sixième opus marque l’arrivée du nouveau cru. Les allemands prennent une nouvelle dimension et avec ça, une nouvelle direction. Rassurez-vous, nos idoles ne se sont pas perdues dans les limbes et les affres d’un style néo-contemporain. Simplement, ils évoluent. Ils suivent les rythmes saisonniers, s’adaptent, se bonifient. Et qui dit « nouvel album » et dit « nouveau guitariste » se trompe lourdement puisque exceptionnellement, Brings est toujours en place. C’est cette fois ci le poste de batteur qui est touché. Le roc Witchhunter s’éclipse et laisse place à Guido Richter aux futs. Ce changement ne sera étrangement pas préjudiciable.
L’éponyme ouvre le bal dans une ambiance très crade et vieillotte. C’est le reflet putride de l’artwork qui explore pour la première, seule et unique fois, une facette gore qui ne sied pas forcément à merveille. La production ouvre une nouvelle porte, celle de la clarté. On se rapproche tout doucement du SODOM du siècle nouveau, très hargneux et dont la production ne gâche pas le plaisir. Angelripper adopte également des vocaux légèrement plus intenses et rauques sur un fond sonore plutôt poisseux. Les dix premières minutes sont très brutales mais cette tendance s’inverse dès « Die Stummel Ursel » qui fait pencher la balance du côté du Punk et du Rock & Roll avec sa cadence sautillante et folklorique. Autre remarque, les pistes sont très courtes, descendant pour les trois-quarts en dessous des trois minutes réglementaires. De ce fait, les compositions sont plus concentrées et rentre-dedans. Richter à ce toucher de baguette qui rend les rythmes extrêmement Punks. La force de SODOM est de conserver néanmoins une grande violence dans riff qui ne s’éloigne jamais de leur leitmotiv : le Thrash Metal. De nombreux solos viennent clairsemer ces quarante-cinq minutes d’agression auditive, ce qui rend la chose vivable. Par rapport à ses prédécesseurs, je dois avouer que je vois poindre en moi une légère inquiétude. C’est définitivement la même rengaine. Le Seigneur a voulu qu’ils naissent talentueux, ce qui leur laisse un peu de marge avant d’en arriver au stade de l’ennui, mais à ce rythme… il ne reste plus beaucoup de temps avant qu’on parle d’illusion. Et les quelques friandises comme une instrumentale avec des samples de cachalot (« Tribute To Moby Dick ») ou la reprise énergique mais moyenne du « Angel Dust » de VENOM ne suffisent pas pour faire oublier que SODOM a tendance, depuis Better Off Dead, à devenir sérieusement linéaire. Pour cette fois, honnêtement, ça passe. Mais le trio est désormais en face d’une urgence : faire quelque chose pour ne pas tomber dans une léthargie ambiante et qui pourrait vite devenir fatale.
Nul doute que les allemands aient voulu lancer 1994 sur des chapeaux de roues. Pour la première fois, quelque chose les freine. Ce petit feeling tend à disparaître et la production beaucoup plus limpide ainsi que mon amour débordant sont les seuls arguments qui me poussent à considérer Get What You Deserve comme un succès malgré lui. Un de plus.

Discographie Complète de SODOM :
In The Sign Of Evil (Mini Album - 1984), Obsessed By Cruelty (Album - 1987), Persecution Mania (Album - 1987), Agent Orange (Album - 1989), Better Off Dead (Album - 1990), Tapping The Vein (Album - 1992), Get What You Deserve (Album - 1994), Masquerade In Blood (Album - 1995), 'Til Death Do Us Unite (Album - 1997), Code Red (Album - 1999), M-16 (Album - 2001), Sodom (Album - 2006), The Final Sign Of Evil (Album - 2007), In War And Pieces (Album - 2010), Epitome Of Torture (2013)