WEHRMACHT (usa) - Shark Attack / Biermacht (1987/1989)
Label : New Renaissance Records
Sortie du Scud : 1987 (Shark Attack Original Vinyl), 1989 (Biermacht Original Vinyl)
Pays : Etats-Unis
Genre : Beercore de dingue
Type : Album
Playtime : 28 Titres - 67 Mins
Si un groupe allemand avait osé s’affubler du délicat patronyme de WEHRMACHT, tout le monde aurait crié haro sur le baudet. Mais qu’un groupe d’abrutis finis américains le fasse, et on trouve ça déjà plus drôle. Enfin moi en tout cas, même de la part d’un groupe allemand, j’aurais trouvé la provocation cheap, mais cool…
Alors c’est sur que sous cette bannière emplie de finesse, il ne fallait pas s’attendre à tomber sur un combo pratiquant un Hard-Rock mélodique romantique ou un quelconque ersatz de Jazz-rock finaud.
Justement, ça tombe bien, puisque ici, le Speedcore est roi.
Le Beercore plus exactement. Car les gugus ont en plus le sens de la précision. Ce qui n’est pas forcément le cas de leur musique.
Le cas WEHMACHT est épineux, et pourtant lumineux. Lorsque Shark Attack sortit en 1987, il se heurta à un tir de barrage en règle de la part des magazines, et plus spécialement Hard Force. Bon, OK, Guegano ne supportait pas le bruit, et semblait de plus avoir une dent contre les sorties New Renaissance. Pas forcément à tort d’ailleurs.
La chronique de S.K n’était d’ailleurs pas dénuée d’humour. Comme le contenu de l’album, ce qui sembla avoir échappé à notre critique favori.
Plus bordélique que CRYPTIC SLAUGHTER, d’aussi mauvais goût que CARNIVORE, c’est certain, le quintette n’était pas là pour se faire des amis (mais à la rigueur, ne vaut il mieux pas appeler son groupe WEHRMACHT et être un anti fasciste convaincu adepte du 3ème degré, plutôt qu’ETHNIC CLEANSING et être un Néo Nazi confondu à gerber ??).
Mais passons à du concret. Quel genre de son animait les sillons d’un vinyle gonflé comme un tromblon ?? En gros, comme en détail, c’est simple. Prenez cinq branleurs, assez capables techniquement, sevrez les de Speedcore pensant des années, faites les picoler un max de bière, et au bout de 2 semaines enfermés dans une pièce avec seulement des barres de céréales et un max de Lucky Lagger, ils en ressortiront avec Shark Attack.
De l’attaque franche du titre éponyme pompant allégrement le score de Jaws jusqu’au final de « Termination », rasant tout sur son passage, tout n’est ici que déconstruction de l’harmonie, vitesse de croisière hallucinante, et paroles lénifiantes de bon sens.
Alors bien sur, le son confine bien souvent le tout à un ensemble trop compact pour être honnête, parfois la rythmique est un peu bancale, et les blagues un tantinet faciles (« United Shoebrothers » et son dégueulis de fort bon aloi sur fond de rires débiles !), mais je n’ai jamais pu m’empêcher de trouver un charme certain à cet album, qui de plus, à très bien vieilli, contrairement au Convicted des CRYPTIC par exemple. Et même si l’instrumental « Fretboard Gymnastics » reste dispensable, même si le son des guitares est plus qu’irritant en de nombreuses occasions, la voix de Tito arrive sans peine à cimenter le tout et le rendre plus que digeste.
Deux après, c’est un groupe transfiguré qui revient en force, avec un second effort intitulé Biermacht, en forme de déclaration d’intention envers le breuvage qui les inspire tant. On se demande d’ailleurs pourquoi les chemins de WEHRMACHT et TANKARD ne se sont jamais croisés !
Fort de concerts leur ayant permis de tester leur répertoire sur les foules locales et européennes, ils se permettent un virage phénoménal, et prouvent enfin aux fans et critiques qu’ils ne sont pas qu’une bande d’incapables tout juste bons à foute le souk.
Ok, ça commence fort. Mais comment ne pas aimer un groupe qui ose en chanson d’intro balancer un sonnet aussi fleur bleue que « Tu m’as brisé le cœur (Alors je t’ai cassé la gueule) » ?
Mais cette fois ci, l’humour poing dans la face est nuancé d’une interprétation, qui, si elle ne vise pas le NRJ Music Award de la révélation de l’année, s’avère considérablement plus précise que sur leur premier méfait. Le son bénéficie de plus d’une clarté bienvenue, qui permet de saisir toutes les nuances (???) de leur nouvelle approche.
Ainsi, les stakhanovistes de l’humour douche froide, entre deux odes au Dieu Malt (« Drink Beer, Be Free »), et au Prince Bourbon (« Drink Jack »), osent la tentative majeure de chanson microscopique (« Everb », décomposé en trois parties, dont la dernière ferait passer le « You Suffer » de NAPALM pour une impro ad-lib de YES), s’essaient à l’hymne Thrashcore imparable (« Night Of Pain », sombre et glauque), et tentent une séduction de la gent féminine par des moyens détournés (« Suck My Dick » qui les rapproche un peu plus encore de CARNIVORE…).
Et même si la vitesse d’exécution reste toujours au-delà du raisonnable, la minutie des breaks reste effarante, au point qu’on à parfois l’impression étrange de ne pas avoir affaire au même gang !
Les riffs sont convaincants, inventifs, et les petites trouvailles qui jonchent Biermacht (L’intro quasi larmoyante de « Wehrmacht », avant un couplet hystérique, le final de « Balance Of Opinion », bancal, le groove d’intro de « Biermacht », l’utilisation intempestive de sa cloche par le batteur, les chœurs tantôt possédés, tantôt hilares, la durée des chansons, et j’en passe…) rendent cet album absolument indispensable.
A cent lieues de la jeunesse immature de Shark Attack, qui croyait dur comme fer que le bordel désorganisé était le meilleur moyen de parvenir à ses fins, les jeunes adultes responsables de Biermacht ont compris assez rapidement qu’en diluant leur insolence crasse dans une variété de composition, le but serait atteint plus vite et plus efficacement.
En résulte un classique qui a permis à ce combo qui aurait du rester à la base dans les limbes des groupes sacrifiés sur l’autel de la bienséance, de parvenir à un statut culte, fort enviable.
A noter pour l’amour du détail que les deux vinyles ont été réédités ensemble sur le même Cd, et que le groupe s’est reformé en 2008. Tito et Marco ont aussi participé à l’aventure éphémère SPAZZTIC BLURR ayant commis un seul méfait, le très amusant Before…And After, quoique plus anecdotique.
Mais quand même, quel nom de groupe…
Ajouté : Samedi 28 Août 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Whermacht Website Hits: 14865
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