S'il existe un être sur Terre qui a fait couler l'encre, c'est bel et bien le Docteur Faust. Non content d'être une source d'inspiration littéraire telle cette pièce écrite par Goethe, il a également été largement abordé dans l'univers musical. Prenez par exemple le titre « Absynthe with Faust », tiré de l'album Nymphétamine (2004) de CRADLE OF FILTH, qui traite de la perte de son âme après ce terrible pacte diabolique. Ou encore la chanson éponyme « Faust » des grecs de SEPTIC FLESH dans Sumerian Daemons (2003). Sans parler des autres styles musicaux avec « Faust-Symphonie » du compositeur Franz Liszt ou le « Faust » de Winslow Leach dans l'excellent film Phantom of the Paradise (Brian de Palma)... Alors qui est donc ce Faust dont nombre d'entre nous emprunte le nom pour en faire un pseudo sombre et maléfique?
Selon le mythe, il semblerait que Faust aurait pour véritable nom Johann Georg Sabellicus. Homme instruit et baignant dans les sciences occultes, il affirmait avoir vendu son âme au diable en échange de la soumission totale de ce dernier. Il fut finalement arrêté et jugé pour sorcellerie avant d'être ni plus ni moins exécuté en 1540. A la fois craint et respecté par ses contemporains, ce mystère et ce mysticisme qui l'auréolaient suffirent à créer la légende. Par la suite, son histoire fut remaniée, contée, théâtralisée sans jamais se départir de son essence première : le destin d'un homme cultivé qui pactise avec le Malin. Parmi les innombrables adaptations littéraires, on peut citer Le Livre de Faust de Johan Spies (XVIe siècle) et La tragique histoire du Docteur Faust (1594) de Christopher Marlowe.
L'oeuvre de Goethe qui nous intéresse ici est une excellente adaptation du mythe. Henri Faust est un homme fortement instruit qui a les faveurs du Tout Puissant. Désireux de pervertir cette âme pieuse, Méphistophélès fait le pari de détourner le Docteur du chemin lumineux. S'ensuit alors une descente aux Enfers qui mènera ce cher Faust droit dans les sentiers de la corruption, du mensonge, de la passion tumultueuse et pervertie, ainsi que du meurtre et de la folie. Cette pièce est superbement construite, avec des alternances de scènes rythmées, colorées, et de passages calmes, aux longs monologues interrogateurs. Il n'y a jamais de faux rythme et le lecteur ne peut pas s'ennuyer une seconde! Les didascalies sont si bien détaillées que l'on s'imagine sans peine comment pourrait être mise en scène cette pièce. Par ailleurs, ce qui constitue la plus grande originalité de cette œuvre sont les passages chantés et dansés conférant ainsi à l'ensemble une dynamique et un style attractif! On passe successivement du réel au fantastique, en flirtant innocemment avec le mysticisme. Je ne connaissais pas l'histoire de Faust avant de lire cet ouvrage. Personnellement, Goethe m'a donné envie de voir cette pièce au théâtre et d'en avoir un aperçu « physique ».
Si vous ne connaissez pas cet œuvre de Goethe, je vous conseille vivement de vous plonger dans l'histoire légendaire du Docteur Faust et de savourer jusqu'à sa dernière ligne ce petit pavé afin de savoir si, oui ou non, ce simple mortel suivra la voie du Diable.