Diantre ! C’est bien la première fois que j’arrive vraiment après la guerre pour un CD qui avait sur le papier, toutes les chances de me plaire. Parce que oui, DARKNESS DYNAMITE, c’est un peu le buzz de l’année passée (enfin c’était… maintenant on chie sur BETRAYING THE MARTYRS, c’est plus hype). Comme d’habitude, pour qu’on tape sur un groupe, il faut qu’ils soient jeunes, culottées, qu’ils aient de jolies petites mèches qui couvrent leurs visages poupons, qu’ils portent des slims et qu’accessoirement, ils s’éclatent dans un Metal NewGen un peu barré. Nos amis ont donc tous les vices possibles et inimaginables, en plus d’être français ! Pour ne pas arranger l’affaire, un gros label (Metal Blade) leur file un coup de pouce en contribuant à la propagation massive de la gangrène actuelle du Metal à en croire certains : le Metalcore, représenté au travers de The Astonishing Fury Of Mankind, un tout premier full-lenght qui n’est pas passé inaperçu.
Metalcore ? Pas exactement. DARKNESS DYNAMITE mêle beaucoup trop d’influences diverses et variées dans ses compos pour les caser dans cette seule catégorie. « Supernatural » part sur une bonne base, avec des riffs précis, thrashisants et un refrain foutrement efficace. La direction musicale semble déjà établie, un Metal burné et protéiné sans excès d’érythropoïétine (négatif aux tests de dépistage donc). Avec Sir Stéphane Buriez aux manettes, il va sans dire que le son est microbiologiquement sain. Aucun risque pour vos petits tympans à moins d’avoir la main lourde sur le champignon du volume. Aucune céphalée en vue non plus, les parisiens restent suffisamment mélodiques pour vous éviter un enfermement cérébral inutile. La preuve avec « 15 », sans doute le titre le plus harmonieux de l’album avec des guitares ciselées et lyriques. La batterie tenue par Julien Granger se révèle simplement excellente, boostant la grande majorité des plages, parmi lesquelles l’impressionnante « Vice ! ». Pour contraster, je n’ai pas réussi à me faire aux vocaux de Junior Rodriguez, qui est un curieux spécimen, croisé entre Shawter de DAGOBA et Damien de FURIA. Autrement dit, ce sont les voix rauques et braillés qu’on a souvent l’habitude d’entendre résonner dans les salles à l’occasion de la venue des formations tricolores tendances et qui font dans le Modern Metal. DARKNESS DYNAMITE se montre volontaire et généreux dans l’effort mai toutefois pas assez créatif pour sortir des sentiers battus. Et franchement, avec un look pareil et pour avoir fait toute une tournée avec CALLEJON, pondre quelques breakdowns grassouillets n’aurait surement pas fait tâche sur leur tableau. The Astonishing Fury Of Mankind est donc un opus correct mais qui n’a pas de quoi faire grimper aux rideaux. Musicalement un peu plat à la longue, ou plutôt en manque sérieux de relief (c’est pareil, vous l’aurez compris), les bonhommes ont pourtant tout pour justifier les attaques dont ils sont la cibles. Jeunes et effrontés, dans le coup et doués, il leur manque néanmoins « the truc en plus » qui en fera un vrai représentant de la scène Core française. Quelques pistes en vrac ; des vocaux moins stéréotypés, plus de chœurs et de cœur ainsi que l’utilisation de claviers qui procureraient à ce son une touche atmosphérique plus perceptible.
Du haut de leur précocité et de leur immaturité apparente, les DARKNESS DYNAMITE ont quand même un sacré coup à jouer. La vie leur a donné le talent et un label. A eux de ne pas faire les mauvais choix de carrière, comme de pondre des « The Everlasting Grace Of Mind » soporifiques, sauf si votre passion est de perdre trois minutes de votre vie sur une instrumentale où l’on entend qu’une guitare et un orque en phase terminale d’un cancer généralisé. Ou bien de changer un logo piquant qui ressemblait à celui d’ANAAL NATHRAKH en mieux ou à ma coupe de cheveux le matin après une bonne nuit d’amour, pour de vieux coups de pinceaux d’un peintre sans muse. Enfin, j’dis ça, j’dis rien… On se reverra.