RAGE, c’est typiquement le genre de groupe qui m’a plu au premier coup d’œil, et ce en dépit de nos divergences musicales. En effet, les allemands évoluent depuis 1986 et Reign Of Fear dans un bon vieux Heavy/Power Metal teutonique. Vous voyez le tableau ? Je ne peux pas dire être fan des trucs poussiéreux, c’est simplement d’une autre génération. Pourtant, j’éprouve beaucoup de sympathie pour ce combo en particulier. Il n’y a pas de raison précise à cela, si ce n’est que la chaleur humaine dégagée par leur chanteur/bassiste, Peter Wagner est magnétique et que leur prestation au Wacken 2007 m’avait agréablement surpris. C’est donc par pure curiosité que j’ai joué la carte de l’éclectisme en me coltinant Strings To A Web, véritable récital de Heavy germanique et qui est, tenez-vous bien, le 18ème full-lenght pour RAGE ! Et je ne vous parle pas des EP’s, des démos, des lives…
Nous voilà donc confronté à un trio pour le moins expérimenté. Et franchement, ça s’entend ! Les premières notes de « The Edge Of Darkness » donnent une furieuse envie de taper du pied. La marque de fabrique de RAGE ? Sans doute ces refrains inoubliables et forts gouleyants… D’ailleurs, on est loin du RAGE un brin sombre de l’époque XIII et de ses hits romantiques tels « From The Cradle To The Grave ». Les mélodies prêtent à sourire dans un esprit bon enfant… les allemands font visiblement parler leurs deux décennies d’existence. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à inclure à leur Heavy des éléments jazzys comme des pianos endiablés sur l’éponyme instrumentale ou simplement un orchestre sur la magistrale et envoutante « Empty Hollow » ! Sans qu’on sache par quel miracle pareille sortie est possible, nos trois compères font se chevaucher des ballades enivrantes comme « Connected » avec des compositions plus violentes et chevronnées (« Saviour Of The Dead »). Peter Wagner, de sa bonne tête de nounours, nous offre toujours un subtil mélange entre ce chant éraillé et lyrique, qui fait la différence à maintes reprises. De bons riffs bien nerveux et saccadés occultent un peu la présence de la basse mais rien de grave… RAGE a suffisamment de classe pour ne pas se pénaliser tout seul. Et si le trio utilise moins d’orchestrations qu’avant, c’est sans doute pour mettre le paquet sur son Heavy, redoutable d’efficacité, direct et sans les fioritures technico-techniques de ses compatriotes. Lesquels ? Au hasard… ACCEPT ? PRIMAL FEAR ? J’en passe. Non, vraiment, il faudrait être fou ou sourd pour se priver d’un tel moment de plaisir. Surtout que le Heavy Metal, comme il est effectué ici, est probablement le seul genre susceptible de plaire au plus grand nombre et de tous nous réunir. Des fans de Death, de Thrash, de Gothic ou même de Deathcore (comme moi, sic !) pourront y trouver leur compte et élargir leurs horizons musicaux avec un combo un peu tombé dans l’oubli au fil du temps et de ses apparitions régulières.
Une bombe ! Une de plus ! Nuclear Blast ne s’y est pas trompé : c’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes, certes… mais RAGE a aussi cette capacité incroyable à choisir des aliments frais et de qualité. C’est probablement ce qui fera la différence entre ce consommé royal à l’allemande et justement, cette soupe qu’on ne nous sert que trop fréquemment…