Les loups sont entrés dans la bergerie. Et avec un blaze comme ANNOTATIONS OF AN AUTOPSY et des gueules de taulards, y’avait fort à parier que la horde ne se paye une bonne tranche de gigot désarticulé à la seule force des phalanges. Ceux qui suivent avec attention l’évolution mondiale de la scène Deathcore connaissaient déjà les exploits des petits anglais avec leur Before The Throne Of Infection de 2008… ils seront d’autant plus surpris qu’avec The Reign Of Darkness, c’est dans le bain du Brutal Death qu’a choisi de faire trempette le groupe. Une surprise qui n’en est finalement pas une puisque ce choix artistique n’est pas inconnu dans le milieu, comme peuvent en attester leurs homologues de TRIGGER THE BLOODSHED. Ces derniers étaient devenus complètement contreproductifs, quelques appréhensions légitimes guettent donc l’avènement du règne des ténèbres.
Vite levées ceci dit. Après une introduction digne d’un bon slasher-movie, « In Snakes I Bathe » met bas d’un enfant immonde et laid. Visiblement, se couper la frange fut une épreuve difficile mais leur taux de testostérone n’en a qu’augmenté… et ce de façon exponentielle ! On comprend mieux pourquoi ils ont été choisis pour ouvrir SUFFOCATION. Leur Death Metal contient tous les bons ingrédients d’une saignée homologuée : chant abyssal, riffs d’outre-tombe, breaks rythmiques douloureux et batteur extrêmement technique. Certes la recette n’a rien d’imprévisible, mais ANNOTATIONS OF AN AUTOPSY possède le feeling requis pour vous faire manger les pissenlits par la racine. L’usage massif de la guitare lead permet d’entrevoir ça et là des pointes de musicalité et de vie dans un paysage fumant ravagé par le chaos et les assauts explosifs du batteur Brad Merry. « Catastrophic Hybridization » illustre à merveille cette idée. Même si leur musique est enchaînée aux carcans du genre, les anglais ont suffisamment de groove pour se faire succéder tuerie sur tuerie sans jamais faire flancher l’auditeur. Des pistes ingénieuses comme « Emptiness » qui use de pauses vicieuses et de breakdowns rutilants ou « Bone Crown » sur laquelle s’invite Erik Rutan au micro (HATE ETERNAL, ex-MORBID ANGEL) suffisent à justifier l’acquisition de ce brulot. Bien sur, ça manque cruellement d’ingéniosité ou de virtuosité. Mais comment prétendre être un virtuose du Brutal Death ? Par définition, c’est un non-sens total ! Le seul vrai défaut réside peut-être dans les huit minutes dispensables de « Into The Black Slumber » (dont deux minutes de pluie à la fin) qui les renvoient à leur période Deathcore alors que ce n’était pas le moment. Je vous avoue que la nouvelle direction empruntée par la horde m’a un peu chagrinée… mais après une orgie comme « Cryogenica » ou « Born Dead », il n’était pas forcément utile de nous faire le coup du flashback, la larme à l’œil.
Grosse sortie donc que ce Reign Of Darkness. C’est évidement très facile de concevoir que beaucoup de monde s’ennuiera ferme à l’écoute de ces hymnes à la violence et à la destruction… mais ça fait bien longtemps que je n’ai plus eu droit de participer à un tel festin. Il faut être honnête… ANNOTATIONS OF AN AUTOPSY entretient la flamme du Brutal Death avec une certaine verve et est bien parti pour s’asseoir durablement à la droite des ses pairs. Que ça plaise ou non.