Il y a ceux qui connaissent New-York pour avoir déjà foulé les allées fleuries de Central Park. Il y a ceux qui connaissent New-York par le biais de Spider-Man ou Les Experts. Et il y a ceux qui connaissent New-York pour la qualité authentique de son Hardcore dont SICK OF IT ALL est probablement le plus digne des représentants. Pour avoir fait partie de ces trois catégories, si le plus agréable est la promenade gourmande au cœur de la Grosse Pomme, la triste réalité est hélas, retranscrite au mieux par nos amis américains qui sillonnent les planches du monde depuis 1984 pour cracher leur venin. Politique, drogue, alcool et malaises sociaux, tous les sujets brulants font objet de paroles acerbes, une de leurs marques de fabrique. C’est ainsi qu’ils se sont fait connaître. A l’entame d’une nouvelle décennie, SICK OF IT ALL revient, plus vindicatif que jamais avec Based On A True Story pour allumer comme il se doit un nouveau bâton de TNT dans un paysage musical embourbé.

La cymbale sur les premières secondes de « Death Or Jail » résonne comme la matraque d’un maton sur les barreaux d’une cellule de prison. Les guitares fourmillent et se lancent dans des chevauchées nerveuses et violentes. Pas de doutes, le groupe n’a pas pris une ride depuis Death To Tyrants, quatre ans auparavant. En bon créateurs du mouvement New-York Hardcore qu’ils sont, pas question de se lancer dans des élucubrations platoniques ou des discours cornéliens : c’est rapide, précis mais surtout efficace ! Les créations sont courtes (jamais plus de trois minutes) mais diaboliquement compactes et denses. Sans déborder d’imagination, le quartet égrène les compos dans un… Bronx pas possible. C’est le chaos intégral et pas de place pour la déprime ou le sentimentalise. Ce côté Punk, parfois outrancier (« Good Cop », « Waiting For The Day ») peut en déranger quelques uns mais ceux qui les connaissent se laisseront sans problème berner par cet excès d’optimisme musical. Tantôt idéal pour figurer sur la bande-originale d’un bon teen-movie à l’américaine, tantôt idéal pour appuyer sans délicatesse aux endroits douloureux, le Hardcore des new-yorkais est indiscutablement modelé par le talent de ses géniteurs. L’utilisation massive voire abusive des refrains alcoolisés repris en chœur façon « hey ! hey ! hey ! » (« A Month Of Sundays ») file bien souvent la pêche et ne donne qu’une envie : venir s’égosiller avec eux sur scène. Mais la déconne a aussi ses limites. Si l’on apprécie au début cette bonne humeur et cette énergie, la voix criarde de Lou Koller mettra vite l’auditeur sur les nerfs, surtout en l’absence de cohésion et d’enchaînements logiques entre ses vocalises et les parties de guitares. Fort heureusement, ce n’est pas encore trop indisposant et le manque criant et assumé d’ambition artistique dissimulée derrière un message violent et abrasif n’est au final, pas vraiment pénalisant pour un groupe de cette trempe, avec lequel on est toujours assuré de passer un bon moment.

L’achat de Based On A True Story se révèlera bien plus économique et divertissant qu’un ticket pour Manhattan. Car ce dernier montre la réalité des faits et non pas une façade trompeuse digne d’une carte postale. Au pied des buildings tenus par des multimillionnaires crèvent des pères et mères de famille. La réalité, c’est la violence urbaine, le ghetto, la misère. Le Neverland n’existe pas. Merci à SICK OF IT ALL de nous le rappeler à chacune de ses sorties !