SKITLIV (no) - Skandinavisk Misantropi (2009)
Label : Season Of Mist
Sortie du Scud : 19 octobre 2009
Pays : Norvège
Genre : Black / Doom Metal dépressif
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 69 Mins
Du côté du grand Nord, là où il fait bon se vêtir d’une doudoune pour survivre, tout le monde sait que les plus éminentes formations de Black Metal ont su concevoir de A à Z une doctrine unique et stricte, n’écoutant que leurs intuitions primaires et suivant la philosophie de l’autocontrôle de ses idées. Quelques uns auront payé de leur vie les envies loufoques de suivre une mode. Voilà qu’aujourd’hui, ces mêmes maîtres suivent eux-mêmes une mode bien définie : celle du all-star band, du side-project idéal, de la dream-team. Les derniers à avoir passé le pas ? Shagrath (DIMMU BORGIR) et King (GOD SEED) au sein du combo OV HELL. Pourtant… nous tenons avec SKITLIV (« vie de merde » en bon français) un spécimen intéressant du genre. Le farfelu Maniac (ex-MAYHEM) s’est offert les services du tout-aussi singulier et génial Kvarforth (SHINING) pour monter un projet qui aura vu défiler quelques membres de NATTEFROST, FORGOTTEN TOMB et ARCTURUS… Autant dire clairement, si vous avez de la peine à suivre cette succincte biographie : des musiciens aussi performants que controversés.
Le résultat de ce premier album, Skandinavisk Misantropi (qu’il ne m’a pas l’air utile de traduire…) après deux EP’s et une démo est tout simplement à la hauteur des musiciens qui l’ont composé : sombre, torturé, aliénant. Il m’a fallu consentir nombreux efforts pour accepter d’avoir à faire avec un album côtoyant de très près le Doom, style dont je ne saisis pas encore l’entière profondeur. Mais honnêtement, SKITLIV m’a séduit. Mis à part une intro de cinq minutes où il ne se passe rien, Maniac et ses amis ont réussi le pari osé de tenir tête aux ténors du style. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les guitares tenues en partie par Niklas sonnent comme les plus sombres œuvres de SHINING, haute figure du Black dépressif. Il n’y a plus d’espoir dans ces notes. J’hésite même à parler des sentiments. S’il y’en a, le peu d’enthousiasme qu’ils véhiculent me suffit pour ne pas en parler. Je préfère traiter des vocaux de Maniac par exemple. Le bonhomme décoloré utilise sa voix la plus inhumaine pour vociférer ses odes misanthropiques sur des rythmes léthargiques. Epaulé par Gaahl (GOD SEED) sur « Hollow Devotion » ou Attila Csihar (MAYHEM) sur « ScumDrug », la manière dont il gère son poste donne énormément de profondeur et de sens à son rôle de chef dans SKITLIV. De même que j’aimerais faire un coup de projecteur sur le titre « Towards The Shores Of Loss (Vulture Face Kain) » qui voit la participation de David Tibet (CURRENT 93), lequel se livre à un jeu de narration intense et effrayant mais surtout magistral ! Définitivement, Skandinavisk Misantropi grouille d’idées absolument bluffantes. Dans ce sens, je trouve que la pochette avant-gardiste et sournoise reflète bien le contenu du CD. Les grosses cadences, la violence ont mis leur drapeau en berne. Ce soir, la perversité et le vice s’invitent dans une danse macabre conclue en beauté par « ScumDrug ». Ses longues plaintes, ses pianos sans âme et son esprit hypnotique vous pousseront dans vos derniers retranchements, un doigt sur la détente…
Je n’ai pas des heures et des heures d’écoute de Black à mon actif. Pas assez à mon gout pour m’imprégner comme le feraient certains de l’ambiance décadente qui se dégage de cet enregistrement. J’en ai juste saisi le strict minimum. Mais le petit filet de sueur froide qui a parcouru mon échine m’a convaincu de la nécessité de considérer SKITLIV comme un vecteur d’émotions fortes.
Ajouté : Mercredi 05 Mai 2010 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Skitliv Website Hits: 11624
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