WORMFOOD (FRA) - Wormfood (2003)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 29 février 2003
Pays : France
Genre : Dark Metal Progressif
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 33 Mins
Suite à sa première démo, en 2001, WORMFOOD complète finalement son line-up avec Alexis Damien, à la batterie, qui rejoint donc El Worm (chant et guitare) et Romain Yacono (basse). Une collaboration qui mène alors le groupe à la réalisation de son premier album, éponyme, dans un style très personnel et déroutant.
De prime abord, en voyant l’intérieur du boîtier CD (les trois membres torses nus allongés les uns sur les autres), on sentait d’office que l’on n’avait pas à faire à un produit conventionnel. Une photo d’ailleurs bien éloignée des textes noirs traitant de la déchéance de la condition humaine, ainsi que de la société, en passant par des sujets tels que le mépris et les railleries adressés aux personnes différentes, les génocides ou les générations futures sans avenir ; le tout tourné en dérision grâce à l’emploi de métaphores glauques.
Pour relater au mieux ces écrits, WORMFOOD se tourne donc vers un Metal sombre et malsain, non pas concentré sur un étalage de violence brute, mais plutôt en tentant de développer une atmosphère particulière qui, peu à peu, est censée instaurer un certain malaise chez l’auditeur. L’introduction « Carpathian Carousel » s’inspire donc du départ d’un train fantôme, rassemblant divers bruitages (pleurs, croassements, rires sadiques à la manière du Joker…) sur fond d’une mélodie de cirque inquiétante, pour finalement dévaler les rails et se perdre dans l’obscurité. Ainsi, tout au long de l’album, les compositions s’ornent de multiples ajouts sonores visant à rendre l’atmosphère plus angoissante, comme les gargouillis et la tronçonneuse sur le break de « Schlachthaus », ou bien l’interlude macabre qu’est « Grandpa’s Remission », exposant le bruit d’un respirateur artificiel et l’agonie du patient, soutenus d’un léger chant chrétien. On se croirait presque dans l’univers morbide et déjanté de la Famille Addams. De nombreux samples et breaks atmosphériques oppressants sont également présents, densifiant davantage les compositions lugubres. Parfois, l’ambiance prend aussi des tournures gothiques de par des orchestrations funèbres, proches des orgues d’église, des chœurs, assurés par Alexis, et même quelques voix féminines sinistres (« Licking The Bones »).
Parmi les éléments diversifiés, on peut également citer le chant. Il faut savoir que les paroles, hormis la dominance de l’anglais, sont parfois écrites en français, en allemand, ou même en latin, ce qui appuie l’aspect dérangeant de la musique des Normands. El Worm alterne entre un chant clair calme, des growls gutturaux, une narration en voix grave et funeste (« The Dead Bury The Dead ») et des hurlements torturés souvent placés en fin de plusieurs morceaux, qui donnent malheureusement une impression de répétitivité (« Human Circus », « Abortion Exit », « Hunger Anger »).
Un sentiment qui est renforcé par la production médiocre dont a bénéficié l’album. Celle-ci étouffe l’instrumentation et, bien que cela puisse servir l’esprit général de l’opus en lui octroyant une aura sépulcrale, les passages agressifs, pourtant bien maîtrisés, en souffrent nettement. Une meilleure qualité dans le son et le mixage aurait donc été appréciable et assurément accru l’impact de ces parties offensives. Du coup, malgré les nombreuses variations de rythme, dues aux breaks et aux accélérations lorsque WORMFOOD libère davantage de violence, les compositions, généralement mid-tempo, ont par conséquent du mal, hors des bruitages rajoutés, à capter l’intérêt tout du long, si ce n’est pas du tout (« Schlachthaus »). Effectivement, la batterie fait preuve de dynamisme et la grosse caisse est galopante (« Hunger Anger »), mais son manque de relief lui fait cruellement défaut et ne nous permet pas d’apprécier pleinement son jeu. Tout comme la guitare, clairement sous mixée, au détriment de la basse, alors qu’elle quelques bons riffs (« Licking The Bones »).
Toutefois, certains morceaux parviennent à se dégager, en bien ou en mal. Le plus mémorable est, sans doute, « The Night Of The Elderly », reprenant, en guise d’introduction, le morceau culte d’Edvard Grieg, « In The Hall Of The Mountain King », et l’arrangeant en une version plus accélérée et agressive. De plus, le tempo est énergique et les orchestrations sont bienvenues. A contrario, l’outro instrumentale « Acouphene » est des plus désagréables, commençant par des grésillements et terminant en un long son suraigu.
Ce premier album de WORMFOOD pèche donc, avant tout, par la qualité moyenne de sa production ; ce qui est un point décisif pour pouvoir apprécier, au mieux, la musique d’un groupe. En outre, bien qu’ils parviennent à développer une atmosphère intéressante, et plutôt réussie, l’instrumentation souffre davantage de monotonie et d’originalité et empêche les Français de vraiment marquer les esprits.
Ajouté : Mercredi 28 Avril 2010 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: Wormfood Website Hits: 10256
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