Après deux démos en 2003 et 2005, les Yvelinois de AZZIARD sortent enfin leur premier album sur le jeune label Obscur Noise. Remarqués par l’underground grâce à d’évidentes capacités musicales et une personnalité propre, les membres du groupe (le line-up à quelque peu évolué depuis leurs débuts) voient enfin leur persévérance récompensée en 2009, avec un 1916 dont le mastering a été effectué par Mika Jussila (APOCALYPTICA, CHILDREN OF BODOM et STRATOVARIUS pour les plus fameux) en Finlande.
Et il faut avouer que ce climat sied particulièrement bien à leur Black aussi rigoureux et sec qu’un hiver nordique.

La force d’AZZIARD, c’est avant tout de digérer de multiples influences et de les régurgiter à leur façon. A l’écoute de ce CD, vous penserez inévitablement, nationalité obligé, à MALLEUS MALLEFICARUM pour la froideur des riffs, mais aussi à un early DARKTHRONE, et surtout, un MARDUK dernière période, pour la combinaison gagnante entre vélocité et pesanteur, le tout chapeauté par un chant vomi, mais véritablement habité.

La comparaison avec MARDUK se justifie d’autant plus, que les deux groupes ont choisi une imagerie assez guerrière pour illustrer leur propos. Et si Morgan reste obsédé, à l’instar d’un Jeff HANNEMAN, par la guerre 39/45, les AZZIARD préfèrent focaliser leur propos sur la grande guerre, celle de 14/18, avec en point fort, la bataille de Verdun, une des plus meurtrières.
Le choix de clôturer le titre « Défiguré », par un extrait de chanson d’époque est relativement judicieux, et permet à l’auditeur de s’immerger dans une ambiance ultra violente et sans pitié, à l’image des combats auxquels se sont livrés les soldats Français et Allemands à cette époque.

Le Black Metal proposé ici est très direct, souvent rapide (« Rebellion » en est le meilleur exemple), mais le combo prend un soin maniaque à développer les ambiances, à laisser les morceaux s’installer et s’incruster dans votre tête.

On pense aussi à une transition parfaite entre le MAYHEM de De Mysteriis Dom Sathanas et Wolf’s Lair Abyss, et lorsque le Thrash pointe le bout de son nez, les riffs savent se faire aussi tranchants que chez SLAYER («Verdun »).
Quoiqu’il en soit, l’imagerie s’accorde parfaitement au son, et l’on se retrouve face à un authentique char d’assaut écrasant tout sur son passage, avec une fureur mâtinée de stratégie implacable (« Dernière Volonté »).
Un très bon point d’entrée donc pour un groupe qui saura sans mal se frayer un chemin dans la foret toujours plus inextricable du Black Métal sauvage et téméraire.