Les rééditions du label Polonais Metal Mind sont décidément pleines de flair…Après ROGUE MALE, et bientôt CARPATHIAN FOREST, nous voici face à une ressortie qui mérite toute votre considération, puisqu’il s’agit de l’ultime album des flingués notoires de DISHARMONIC ORCHESTRA. Paru en 2002 dans l’indifférence générale, Ahead a fait figure de testament publié à la hâte, épitaphe trop discrète d’un groupe majeur et novateur.
On pourrait trouver mille circonstances atténuantes à l’insuccès des DISHARMONIC. D’être venus du trou du cul de l’Europe, l’Autriche, pays peu fertile en signatures faciles. D’avoir des tronches pas possibles, et surtout estampillées 100% non Metal, de s’habiller comme le nerd du coin…
Mais leur principal handicap, et qui leur fut fatal, a été d’être assimilés à une scène Death Metal à laquelle ils n’ont jamais appartenu. La faute à un Split LP trop fameux, sur lequel ils partagèrent autrefois une face avec les autres tarés ultimes de PUNGENT STENCH.
Car ils n’ont jamais fait de DEATH METAL !! Ils en ont tout au plus emprunté quelques ingrédients (la vitesse parfois, le chant de temps en temps, la multiplication des plans à outrance, souvent, l’ambiance à l’occasion), mais les DISHARMONIC, à l’instar d’un ZAPPA, ont toujours possédé leur identité propre.
Le problème, et ça n’est pas ce Ahead qui me contredira, c’est qu’il a toujours été impossible de leur coller la moindre étiquette sur le dos. Et ça, le grand public et la presse n’aiment pas !

Alors faîtes un effort, et lâchez une, voire deux oreille sur cette réédition, agrémentée qui plus est d’un superbe digipack numéroté.
Et vous comprendrez mieux de quoi il en retourne. Avant-garde Metal ?

Certes, c’est peut être la meilleure définition que l’on puisse donner…Il y a un peu de tout. Du Hard-Core, du Heavy, du Rock, beaucoup de second degré et de dérision, des intonations à la early PRONG, un chant plein de distance, des guitares qui se jouent des us et coutumes, une rythmique élastique, enfin, sous le chapiteau dressé devant vous, les clowns s’en donnent à cœur joie. Mais à l’inverse de beaucoup de leurs contemporains versés sur le grotesque et le grand guignolesque, le trio autrichien a toujours proposé une musique homogène et de très grande qualité.

Un titre comme « Keep Falling Down » aurait pu être composé par ACID BATH. Les NOMEANSNO se seraient délectés à jouer « Grit Your Teeth ». Billy Milano n’aurait fait qu’une bouchée de « If This Is It, It Isn’t It, I ».Ecoutez « Dual Peepholes », et si vous ne jetez pas le reste de corned beef au plafond tout en expliquant à votre fils le théorème d’Al Kasheer, vous passerez à côté de quelque chose de grandiose.

C’était ça DISHARMONIC ORCHESTRA. Tout, n’importe quoi, mais surtout pas n’importe comment. L’art d’accommoder les restes en proposant un plat digne d’un 4 étoiles.

Rendez leur hommage s’il vous plait. Achetez ce disque. Et donnez le, histoire de perpétrer la tradition.