INFEKTED (FRA) - Lionel (Oct-2011)
L’hiver approche doucement et apporte déjà avec lui son lot de jolies infections. Pourtant, au fin fond de l’Auvergne, certains semblent se réjouir de la propagation des virus les plus dangereux. C’est le cas avec INFEKTED. Les bougres surfent sans vergogne sur la vague du « zombie-concept » et viennent de délivrer un premier album prometteur, avec pour ambition de faire un maximum de victimes. Lionel, le sympathique guitariste et chanteur du combo nous explique l’origine de cette passion pour le cinéma d’horreur et son influence au sein du groupe. Vous constaterez que parfois, mieux vaut se laisser infecter. Entretien.
Line-up : Driko (chant), Lionel (guitare et chant), Valek (guitare), Tristan (basse), Thierry (batterie)
Discographie : Hexakosioihexekontahexa (Album - 2010)
Metal-Impact. Je suis Stef. pour le webzine Metal-Impact.com. Nous sommes là pour parler d’INFEKTED et de la sortie de votre premier album. Pour commencer, comment allez-vous ?
Lionel. Salut Stef ! Très heureux d'avoir cet entretien avec toi. On est en forme, on a pas mal bossé ces derniers mois pour l'album et pour les concerts qui vont suivre, avec notre nouveau batteur fraîchement arrivé. On est vraiment satisfaits de cette première galette autoproduite et nous sommes fiers de vous la présenter aujourd'hui, et d'attaque pour la défendre sur scène.
MI. Peux-tu présenter INKEFTED pour ceux qui vous découvrent aujourd’hui et revenir sur sa création ?
Lionel. Alors INFEKTED est un groupe auvergnat de Deathcore, enfin c'est l'étiquette que l'on se donne. Notre envie principale est de proposer une musique sombre, basée sur la rythmique et des dynamiques variées, tout en souhaitant rester très accessible. Le groupe s'est formé en 2007 sur les ruines de NORTHKAIM et d’AGORA et récemment, Tristan (ex-RADIO MAQUIS) nous a rejoints à la basse suivi par Thierry venant de DETORN derrière les fûts.
MI. Vous abordez dans vos chansons, dans votre état d’esprit, un concept particulier, celui des zombies, qui explique probablement le nom du groupe. D’où vient cette fascination pour les morts-vivants ?
Lionel. Je ne sais pas si on peut réellement parler de fascination, mais avant tout c'est un point de rassemblement de tous les membres du groupe. On est tous fans de films gores et de zombies et finalement, on s'est tous retrouvés sur ce sujet qui nous a semblé comme évident. Le but n'était pas d’être original dans le concept mais simplement de se faire plaisir et je pense que ce "visuel" correspond plutôt bien à notre musique.
MI. Peux-tu expliquer aux gens pour quelles raisons vous avez été « infectés » ? Que répondez-vous à ceux qui trouvent ce genre de concept ringard ou dépassé ?
Lionel. Pour l'instant, nous n'avons pas encore été confrontés à ce genre de critique, mais si ça devait être un jour le cas, je répondrai que nous n'avons pas l'ambition de plaire à tous et que le plus important reste la musique. Quant à la raison de notre infection, c'est avant tout pour poser l'ambiance, j'aime penser que l'on puisse prendre cet album comme un film et juste se laisser porter par les divers sentiments qui le composent, fermer les yeux et s’imaginer les images qui vont avec. Notre concept est simplement là pour diriger l'auditeur dans la voie que nous souhaitons.
MI. J’ai lu dans votre fiche présentative : « le groupe fut infecté alors qu’il jouait pour une œuvre caritative chrétienne dans une église d’un village reculé ». C’est un hasard ou c’est bel et bien un croche-pied discret que vous faites à la religion ?
Lionel. C'est vrai que nous sommes tous très loin d'être religieux. Personnellement, je suis athée, non baptisé et fier de l'être. Ce n'est pas du tout un combat contre la religion que nous souhaitons engager, chacun a le droit de croire en ce qu'il veut. Je suis profondément laïc. Ce serait plus un pied de nez voire même un malin plaisir de s'en amuser.
MI. Votre album s’intitule Hexakosioihexekontahexa qui signifie « 666 ». Le « 666 » est également présent dans votre logo, muté en biohazard. Pourquoi avoir choisi de lier infection et religion ?
Lionel. Effectivement, notre logo combine le sigle biohazard et le chiffre 666, qui est également le titre de l'album. Une fois de plus, nous ne faisons pas dans l'originalité, mais l'idée première est de pouvoir se plonger dans un monde apocalyptique, un futur proche où l'Homme, à force de se prendre pour Dieu, se détruirait lui même.
MI. Avez-vous déjà reçu des retours des fans ou de la presse pour cette sortie ? Si oui, de quelle nature sont-ils ?
Lionel. Pour l'instant, c’est encore tout frais, nous n'avons pas encore eu d'échos sur notre travail. Cette galette reste modeste, faite avec les moyens en notre possession, mais nous en sommes très fiers. C'est 3 ans de travail et nous espérons que les personnes qui l'écouteront y prendront autant de plaisir que nous à l’avoir réalisé.
MI. L’album démarre avec un sample du film « Dawn Of The Dead ». De quelle manière le cinéma d’horreur vous a-t-il influencé et quels sont vos films / réalisateurs de référence ?
Lionel. Aaaaah, le cinéma gore… Il nous influence sans le vouloir, il fait plutôt partie de nos vies et on adore ça. Les films de références seraient les premiers Peter Jackson avec « Bad Taste » et « Braindead », bien avant qu'il n’accède à la notoriété avec « Le Seigneur des Anneaux ». Ensuite effectivement « L’armée des Morts », le remake de « Zombie » dont sont tirés les samples présents sur l'album et pour finir (car on pourrait continuer des heures comme ça), des films comme « Planet Terror » et « Machete » de Robert Rodriguez…
MI. Comment s’est déroulée la composition de ce disque ? Parmi vous, qui compose, qui écrit les textes, de quoi parlent-ils et comment on arrive à mettre tout le monde d’accord ?
Lionel. Comme je te disais précédemment, la composition de l'album s'est étalée sur 3 ans. Je compose les musiques, les parties chant et les autres membres me donnent leur avis, ce qui engendre parfois de nouveaux arrangements. Côté textes, j'en suis également l'auteur, c'est loin d'être un plaisir d'écrire pour moi mais on ne peut pas y échapper et quand on y est, autant le faire du mieux possible. Les textes, dans leur majorité, abordent de nombreux sentiments, changeants voire même contradictoires, le tout enrobé dans un emballage gore basé sur les idées d'infection, de fin du monde, de violence gratuite ou même de sexe. Ces paroles sont avant tout un exutoire, une thérapie lançant pêle-mêle des émotions dont on ne peut pas forcément retirer un sens profond mais simplement le besoin de lâcher toute sa haine, sa douleur, sa tristesse, ses psychoses, une boule au ventre qui doit sortir d'une manière ou d'une autre.
MI. Robin Lataix (son et mixage) figure dans les crédits du CD. Est-il considéré comme un membre du groupe ? Quel rôle joue-il au sein d’INFEKTED ?
Lionel. Alors pour ce qui est de Rob, nous le considérons comme le sixième homme du groupe. Il est à l'origine de notre son (guitare, basse et chant) et nous suit sur toutes nos dates. Sans lui, on serait dans la panade. Il nous a également fait le mix de l'album. Par contre, on a eu envie d'un mastering pro, on a donc fait appel à Brett Caldas-Lima et à son Tower Studio, avec des références prestigieuses comme THE DEVIN TOWNSEND PROJECT, KHYNN, CYNIC, MALMONDE, BOMB SQUARE CREW ou DETORN...
MI. Quelles sont vos sources d’inspiration musicale ? On peut lire dans votre biographie : CHIMAIRA, LAMB OF GOD, DEVIL DRIVER… le Metal américain vous touche-il particulièrement ? Comment définiriez-vous votre style ?
Lionel. Oui, bien sûr que nos influences sont avant tout américaines. Pour en citer d'autres, il y a SEPULTURA, MUDVAYNE, DEFTONES, FEAR FACTORY... Côté européen, ce serait plutôt GOJIRA, THE HAUNTED, MESHUGGAH, SOILWORK... Mais nous ne cherchons pas à copier qui que ce soit. J'espère que avons réussi à nous forger notre propre style en ayant évité un patchwork de toutes nos influences.
MI. De quelle piste êtes-vous les plus fiers ? Quelle piste représente le mieux l’esprit d’INFEKTED et pourquoi ?
Lionel. Question difficile… Deux types de compositions se dégagent de cet album. Pour la partie plus mélodique, je citerais « Betrayal » et « A.C.T.G. » qui font partie des dernières composées et pour le côté plus agressif et primaire, « Worms » et « Lick My Ass ».
MI. En parlant de « Lick My Ass » justement, avez-vous choisi de sortir un peu du schéma sang / zombie / tripes… ou les zombies font-ils réellement des anulingus (rires) ?
Lionel. (Rires). Je ne connais pas les pratiques sexuelles des morts-vivants mais peut-être que tu tiens un truc là ! J'avoue que c'est mon côté poète qui parle sur cette chanson. Ce titre parle exclusivement de la dérive porno du Net et de la course au plus gore finalement. L'abondance de sexe aujourd'hui engendre des films de plus en plus hardcore dans lesquels les femmes sont prêtes à tout… Pourquoi ? L’argent? La célébrité ? Le plaisir ? Je m'en fous après tout, je ne veux pas me poser en moralisateur mais j’avais juste envie d'en parler et
de la façon la plus crade possible.
MI. Quelle est le rôle d’une composition comme l’éponyme, qui est exclusivement instrumentale ?
Lionel. Pour ce qui est de cette plage instrumentale, c'est une envie de faire une pause au milieu du set qui est très fourni en chant. En live, elle fait en général son petit effet et elle nous permet de souffler (rires).
MI. Un mot sur l’association Hard.Corp dont vous faites partie ?
Lionel. L'association Hard.Corp a été fondée en 1999. Elle a pour but de promouvoir les groupes membres, actuellement INFEKTED et SEZOMORN. C'est une mutualisation des efforts, des fonds et des compétences. Elle nous a permis de produire ce disque. Nous organisons également des concerts depuis plus de 10 ans sur la région Auvergne grâce entre autre au matériel live et studio que nous avons réussi à accumuler au fil des ans.
MI. Quel message véhicule la pochette et qui en est l’auteur ?
Lionel. Une fois de plus, pour la pochette, je plaide coupable ! Je pense qu’elle reflète bien tout ce que j'ai pu te dire sur l'ambiance que nous recherchons et je ne cache pas ma petite tendance à aimer choquer.
MI. Vous avez effectué une release party le 8 octobre 2011 en compagnie de DESTINITY et d’ENDLESS AGONY ? Vos ressentis sur cette date ?
Lionel. Super date ! Du monde, le public bougeait et était réceptif, que demander de mieux ? C'était notre troisième date avec ENDLESS AGONY et notre deuxième avec DESTINITY. C’est toujours un plaisir !
MI. N’auriez-vous pas envie de jouer le jeu à fond en vous déguisant en zombies sur scène, comme le font LORDI avec leur « Monster Metal » ou J.B.O avec leur « Fun Metal » ?
Lionel. C'est vrai qu'on en a déjà parlé et qu'on aimerait bien, mais c'est comme tout, il faut des moyens et de ce côté-là, pour l'instant, ce n'est pas dans nos cordes. En live, nous nous focalisons principalement sur le son et la musique mais il est dans nos projets de bosser plus spécialement le côté "show". A voir à l’avenir...
MI. A titre personnel, as-tu suivi une formation musicale ou es-tu autodidacte ?
Lionel. Pour ma part, complètement autodidacte mais je remercie tous les musiciens avec qui j'ai pu jouer ces quinze dernières années et qui m'ont tous beaucoup apporté. Je pense que l'on apprend beaucoup au contact des autres et que l'on peut être musicien sans forcément sortir d'une école.
MI. Possédez vous des sides projects ou y’a t’il un groupe particulier pour lequel tu aimerais faire un peu de pub ?
Lionel. Comme j'ai pu te le dire, Thierry notre batteur est également le batteur de DETORN, de bons amis et un groupe génial que je recommande (http://www.myspace.com/detorn666). Robin, notre ingé-son est le chanteur de SEZOMORN, du Metal / Hardcore mélodique (http://www.myspace.com/sezomorn) et des amis de quinze ans. Je vais aussi en profiter pour saluer la scène auvergnate et les potes de SHALL REMAIN, RADIO MAQUIS, ENDLESS AGONY, AGORPHOS, BAZARCORE... Ceux que je n'ai pas cité me pardonneront j'espère.
MI. L’ASM Clermont-Auvergne est un club emblématique du Top 14. Un pronostic pour la finale de la Coupe du Monde et pour la saison de Championnat de France à venir ?
Lionel. Je suis loin d'être un spécialiste en rugby mais une finale France / Nouvelle-Zélande serait vraiment sympa. Après, pour le championnat de France, l'ASM a enfin réussi à avoir son bouclier. Depuis le temps que nous l'attendions… Un deuxième serait le bienvenu !
MI. Quelle est la suite du programme pour INFEKTED ? Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
Lionel. La suite ? De la date, de la date et encore de la date alors n'hésitez pas à nous contacter où que vous soyez et qui que vous soyez, nous serons heureux de venir jouer chez vous ou avec vous, et puis surement un deuxième album dans les deux ans à venir, espérons le… Mais le groupe et le projet sont solides, je ne me fais pas de soucis pour l’avenir, quoiqu'il arrive nous seront présents. Nous n’avons aucune ambition particulière à part jouer !
MI. Y’a-t-il un sujet que je n’ai pas abordé et sur lequel tu voudrais t’exprimer ?
Lionel. J'aimerais en profiter pour féliciter et encourager tous les groupes et toutes les associations, qui malgré le manque de moyens et le manque de lieux pour jouer continuent à se battre pour faire vivre la scène Metal. On n'est vraiment pas aidés en France et faudrait que ça change !
MI. Bien, Lionel, nous arrivons à la fin de cet entretien. Merci pour tes réponses ! En espérant que l’infection se propage au plus grand nombre, je te laisse conclure cette interview comme bon te semble...
Lionel. Depuis 2007, depuis cette fameuse kermesse, le virus n'a cessé de muter, augmentant son emprise sur nos corps. Nous lui avons donné un nom, Hexakosioihexekontahexa. Nous avons réussi à extraire plusieurs cellules que nous commercialiserons 10€ dès le samedi 8 octobre 2011. Il n’y a aucun antidote connu à ce jour. Laissez-vous infecter. Achetez les, écoutez les, parlez en autour de vous, faites les tourner... L'infection doit s’étendre au plus grand nombre. Merci à vous pour votre soutien et merci à toi Stef !
Ajouté : Lundi 21 Novembre 2011 Intervieweur : Stef. Lien en relation: Infekted Website Hits: 12060
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