Je pense qu’il est temps de nouveau d’entrer dans un débat stérile, dont tous les arguments ont été énoncés des dizaines de fois auparavant. De l’utilité d’un groupe comme THE DILLINGER ESCAPE PLAN dans le paysage audiovisuel international. The pros and cons of hitch hiking…
Un fan lambda de MAGMA ou KING CRIMSON vous dirait que les DEP sont aussi essentiels à la musique que Pierre BOULEZ ou EINSTURZENDE NEUBAUTEN.
Un adepte de Pop music bien propre, ou un fan de Metal progressif vous déclarera qu’ils ne font que grossir les rangs des bruitistes sans intérêt, qui ne font que masquer leur manque d’inspiration avec des structures de compositions sans queue ni tête, enrobées d’un gros son apte à dissimuler leur lénifiante supercherie.
So…
Je n’ai pas de solution miracle pour appréhender leur musique, rien qui ne puisse soulager votre conscience avide de logique et de respect des codes. Les DILLINGER sont, et c’est tout.
Alors aux fans, impatients de découvrir ce que contient ce Option Paralysis, je me contenterai de dire qu’il n’est que la suite logique de Ire Works, qui lui-même était la suite logique de Miss Machine.
A savoir un subtil mélange de furie et d’expérimentations. La marque de fabrique d’un groupe qui a trouvé son style et qui essaie de le faire évoluer à sa manière.
Alors il faut savoir que le monolithe Calculating Infinity est insurpassable. Un peu comme le Reign In Blood de SLAYER. Alors autant oublier les jeunes chiens fous qui courraient après leur os de peur que le prochain chien encore plus méchant ne leur pique. L’expérience de la scène les a rendus si forts qu’ils n’ont plus peur de personne.
Et il est à noter que les titres à la « Fix Your Face » sont de plus en plus noyés dans un subtil amalgame de non retenue et de développement. Qu’un morceau comme « Good » nous ramène à l’époque de Irony Is A Dead Scene. Et que la durée générale des chansons va croissante.
Pas de « Black Bubblegum » ou de « Milk Lizard » cette fois ci, rien à quoi vous raccrocher d’un minimum fédérateur ou vulgarisateur. A la rigueur, et si vous y tenez vraiment, cramponnez vous au refrain de « Gold », qui prend des airs de « Setting Fire To Sleeping Giants ».
La douceur initiale de « Piano » a du mal à cacher que le ciel le plus pur dissimule bien des fois une tempête d’histoire. Et « Eyes » nous le rappelle brutalement.
« Wouldn’t » flirte avec le bruit pur avant de s’échouer sur les rives de la décence artistique la plus absolue, pour finalement rétablir le chaos, et fièrement de plus.
Mais « Twins »…L’union contre nature et pourtant incestueuse de MASSIVE ATTACK, Tori AMOS et FAITH NO MORE. Une grosse caisse calée sur les pulsations cardiaques, un chant faussement pervers, et des arrangements impensables.
Vous avez 5 ans, vous êtes dans votre lit, vous venez de faire un cauchemar. Votre mère vient vous éponger le front, vous prendre dans ses bras, vous rassurer en somme. Alors, vous vous sentez mieux, dans vos draps si doux et si propres. Et pourtant, au moment d’éteindre à nouveau la lumière, elle se tourne vers vous avec un sourire à glacer le sang et vous dit avant de partir :
« Un cauchemar ma chérie, juste un cauchemar…Peut être… »

Option Paralysis est un cauchemar pour vous, esthètes de l’harmonie, soit.

Rallumez la lumière.