IN FLAMES (se) - Colony (1999)
Label : Nuclear Blast Records
Sortie du Scud : 31 mai 1999
Pays : Suède
Genre : Death Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 42 Mins
Deux ans. Deux ans déjà depuis la sortie du talentueux Whoracle. Alors que je me réjouissais de ne pas m’étaler sur le line-up inchangé, dans la précédente chronique, un léger récapitulatif s’impose ici. Suite à l’enregistrement de l’album antérieur, Glenn Ljungström et Johan Larsson laissent leur place à Peter Iwers (basse) et Niclas Engelin (guitare). Ce dernier sera ensuite remplacé par Björn, qui retrouvera ainsi son instrument de prédilection, et Daniel Svensson s’installera derrière les fûts. Vous avez suivi ? Car on est ici en présence du line-up définitif du groupe, tel qu’on le connaît aujourd’hui (2010). Ah ! Comme il me tardait d’enfin coucher ces pixels sur ma page. Et il semble bien que le groupe n’aurait pu avoir de meilleure composition.
Vous déploriez le manque d’envolées guitaristiques et de breaks en tout genre sur le précédent album ? Ne vous en déplaise, Colony en fourmille. Tout en conservant des compositions relativement directes, les musiciens s’étalent en des démonstrations techniques de haute volée. Parmi les riffs agressifs et les leads mélodiques et accrocheurs, les solos s’insèrent ingénieusement, juste le temps de transcender le morceau. Entre celui de « Coerced Coexistence », doublé d’un sweeping magistral (accompli par Kee Marcello d’EUROPE), et le break de « The New Word », composé d’un solo architectural ponctué d’une batterie écrasante, la virtuosité semble être le maître-mot sur cet album. Björn, quant à lui, bien plus enthousiaste qu’avec des baguettes entre les mains, supporte parfaitement les lignes mélodiques et nous gratifie d’une rythmique carrée et pesante. Tout comme la basse qui prend, ici, une importance majeure, s’harmonisant avec les guitares, leur conférant ainsi une efficacité supérieure. Cependant, la batterie n’a pas perdu au change en accueillant Daniel Svensson. Le jeune homme bombarde littéralement chaque morceau, enchaînant double grosse caisse à une cadence effrénée, blast-beats percutants et passages plus intimistes. Ajoutez à cela une production massive et claire, qui ne néglige aucun instrument, et le moindre accord, la moindre percussion, deviennent formidables.
Jamais les compositions n’ont été aussi belles et soignées. Breaks aériens et acoustiques, samples électroniques, pont rythmique, intros explosives, tout s’enchaîne admirablement, octroyant à cet album une diversité des plus agréables. Par ailleurs, les claviers se contentent d’habiller discrètement les morceaux, renforçant la mélodie et distillant une atmosphère superbe et singulière, accentuée par l’Orgue Hammond lors de ses quelques apparitions (« Colony »). De « Embody The Invisible », et son lead d’intro sensationnel, à « The New Word », canalisation de toute la hargne suédoise, Colony ne laisse aucun répit. Hormis le magnifique interlude « Pallar Anders Visa », tout en guitare acoustique et claviers, auquel on ne peut émettre qu’un seul reproche : bien trop court ! Un morceau de cette trempe pourrait s’écouter une vie durant.
Et maintenant, je requiers toute votre attention. « Zombie Inc. » est tout bonnement un des meilleurs titres qu’IN FLAMES ait jamais composé. Tout comme « Jester Script Transfigured », sur le précédent opus, cette piste est une symbiose raffinée de tout ce en quoi le groupe excelle depuis neuf années d’existence. Une violence amenée par une rythmique lourde, des leads exceptionnels et un refrain growlé à couper le souffle, couplée à une sublime mélodie, instaurée tout d’abord par les nappes de claviers délicates, puis par un pont acoustique, lui-même divisé en deux par un très bon solo ; c’est du grand art ! Autant dire que ce morceau, le plus long de l’album, est une totale réussite quant à l’harmonisation de la brutalité et la mélodie. Mais la véritable surprise de l’album vient de « Behind Space ‘99 ». Reprenant le premier titre de son premier album, Lunar Strain, IN FLAMES ravive sa violence crue de l’époque au goût du jour, l’habillant d’une intro glauque et démoniaque, et faisant disparaître le passage acoustique final. Anders ira même lorgner du côté des shrieks pour faire honneur à cette ancienne époque où le Black faisait partie de leurs compositions.
D’ailleurs, ce dernier semble s’améliorer au fil des ans. Son chant rauque et arraché prend ici une dimension unique. En outre, il continue ses expérimentations, variant sa voix. Des effets de distorsion de « Scorn » aux passages narratifs de « Insipid 2000 », mieux maîtrisés que sur Whoracle, en passant par « Ordinary Story », la ballade extrême de l’album, où il délivre un chant clair accompagné de piano. Ce morceau se révèle être un véritable bijou émotionnel qui vous remuera les tripes, et à son instar, les vocaux d’Anders se montrent poignant de sincérité sur chacune des pistes. Comme à leur habitude, les compositions sont appuyées de refrains imparables et dévastateurs où les lignes vocales explosent véritablement en des growls gutturaux et puissants, parfois doublés de chant hurlé, pour un rendu dantesque. Néanmoins, pour ce qui est des textes, Anders délaisse petit à petit, bien qu’extrêmement passionnant, le concept futuriste et post-apocalyptique développé depuis The Jester Race, sur la relation néfaste Homme/Technologie, pour s’intéresser plus, ici, à des sujets personnels ou en rapport avec la société, toujours au travers de paroles énigmatiques et ésotériques.
Les possesseurs de la version japonaise, eux, auront l’occasion d’écouter « Clad In Shadows ‘99 », magnifique reprise de celui de 1994. Le morceau, totalement dépoussiéré, fait alors passer son prédécesseur pour un titre de démo. Le tempo est plus rapide, les riffs plus agressifs, le solo devient prodigieux, et les vocaux écorchés si incomparables du frontman subliment la composition. En guise de second bonus, « Man Made God », une instrumentale typiquement dans la veine de Whoracle. Un morceau enchanteur et allègre qui alterne rythme soutenu et technique, arpèges acoustiques et superbes breaks aériens.
Ainsi, Colony confirme, que dis-je, surpasse les attentes qu’on avait des Suédois. S’il est des synonymes à la perfection, cet album en fait incontestablement partie, et ce grâce à une formation Nordique extraordinaire, offrant ce qu’elle sait faire de mieux, et des compositions finement réfléchies, dépourvues de maladresses. "Melodic Death Metal at its finest" comme ils diraient outre-Manche et c’est exactement de cela qu’il s’agit ; cet opus inscrit définitivement IN FLAMES au Panthéon du genre. Alors, lisez, écoutez, et laissez votre âme être colonisée par la multitude d’accords majestueux de ce chef-d’œuvre.
Discographie Complète de IN FLAMES :
Lunar Strain (Album - 1994),
Subterranean (EP - 1995),
The Jester Race (Album - 1996),
Whoracle (Album - 1997),
Colony (Album - 1999),
Clayman (Album - 2000),
The Tokyo Showdown - Live In Japan 2000 (Live - 2001),
Reroute To Remain (Album - 2002),
Soundtrack To Your Escape (Album - 2004),
Used And Abused... In Live We Trust (DVD - 2005),
Come Clarity (Album - 2006),
A Sense Of Purpose (Album - 2008),
Sounds Of A Playground Fading (Album - 2011)
MI Bonus :
IN FLAMES (se) - Anders Fridén (ITW - Nov-2011/VF-EV)
Ajouté : Vendredi 19 Février 2010 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: In Flames Website Hits: 13591
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