THE PROCESSUS (FRA) - Please Worship Life : Devour Yourself (2009)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 2009
Pays : France
Genre : Cyber Noise sans âme
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 70 Mins
Quelles sont les frontières de la créativité ? C’est avec cette épineuse question que j’introduis cette chronique de THE PROCESSUS. Parce qu’après avoir attentivement écouté les soixante-dix minutes qui composent Please Worship Life : Devour Yourself, il n’est pas illégitime de se poser la question. De même qu’il n’est pas évident d’y trouver une réponse. De créativité, Al Slumber en fait sans doute preuve. D’ailleurs, cet homme a tout le loisir de l’exprimer à sa guise, puisqu’il est le seul commanditaire du projet. Et il n’en est pas à son premier coup d’essai avec trois autres enregistrements dans le passé. C’est donc sur ce même Al que retombera la responsabilité d’un disque réussi ou non. En l’occurrence, je dois vous prévenir que cet album est extrêmement difficile d’accès. Pour moi, cette chronique a autant de place sur Metal-Impact que le dernier Jean-Michel Jarre. Et pourtant, Dieu sait que je n’ai aucun problème avec les artistes imaginatifs, bien au contraire. Mais sur ce coup, je pense qu’Al Slumber dit « Maurice » a poussé le bouchon un peu trop loin. L’objectif de cet homme est clair : « pousser la musique extrême dans ses ultimes retranchements ». A côté de ça, THE BERZERKER, c’est de la pisse de chat…
Je ne peux m’empêcher de concevoir que l’on puisse adorer l’expérience ici proposée. Car il y’a toujours des âmes en peine pour être réceptives aux délires hystériques des uns et des autres. Oui, c’est un concept dérangeant. Oui, c’est un concept inédit. Non, ce n’est pas de la musique. Encore moins du Metal. A l’heure où l’on se bat pour défendre l’art musical, où l’on boycotte les styles électroniques de tous genres considérés comme des œuvres déshumanisées, froides et virtuelles, sans émotions, Al Slumber semble résolu à surfer sur cette vague de musique minimaliste pour exposer sa vision de la créativité. Vous réaliserez bien vite l’arnaque. Votre seule compagnie sera pendant plus d’une heure, des rythmes artificiels, futuristes tartinés de pseudo-Grind de bas étage et de hurlements/susurrements supposés inquiétants pour un résultat bruitiste et inhumain. Officiellement, onze pistes composent cet album. Ineptie ! Je n’en distingue qu’une seule. L’univers recherché est torturé, sombre, malsain. A juste titre, Al nous parle de DARKSPACE, DODHEIMSGARD, BLUT AUS NORD ou ULVER. Mais il me semble bien que ces derniers ont réussi quelque chose de grand dans leurs aliénations auditives. Très honnêtement, j’ai cherché à comprendre le sens profond de ces créations sans y parvenir. Et si les motivations du bonhomme sont louables et compréhensibles, la manière dont il les met en scène relève du blasphème. On peut choisir de minimaliser les sons, de déstructurer tous les éléments, d’inclure des notions d’horreur ou de science-fiction, de matérialiser le néant. Encore faut-il avoir le talent pour. Krzysztof Penderecki était un maître du genre. Ecoutez donc son « Tren ofiarom Hiroszimy » puis jetez-vous sur Please Worship Life : Devour Yourself. Un même but, deux styles, deux classes d’écart. Mais surtout une preuve que la créativité n’est pas toujours une excuse à la médiocrité.
Il est facile d’encenser un artiste sous prétexte que sa démarche se veut novatrice et personnelle. Il est moins évident de porter un regard vraiment juste sur la valeur du travail fourni. D’ailleurs, qui a dit que la critique était facile ? Soyons honnête, THE PROCESSUS ne tient pas la route artistiquement et si ce projet fait l’affaire de quelques fins gourmets en mal de sensations et en panne d’arguments pour s’ouvrir les veines, Al Slumber aura déjà réussi son pari. Par contre, je pense que l’on s’accorde tous sur un point : c’est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie. Histoire de vous convaincre que la « musique » n’est pas une science exacte.
Ajouté : Lundi 15 Février 2010 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: The Processus Website Hits: 15987
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