SLAYER (usa) - World Painted Blood (2009)
Label : American Recordings / Sony
Sortie du Scud : 2 novembre 2009
Pays : Etats-Unis
Genre : Thrash plus si référenciel
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 40 Mins
On est toujours plus exigeants avec les gens qu’on aime. On attend plus d’eux, comme s’ils étaient nos pourvoyeurs officiels de plaisir et de joie. Et donc par extension, on serait enclins à une plus grande déception en cas de manquement à cet office. Surtout si ce sont des amis de longue date.
J’ai pratiquement commencé mon aventure Thrash avec Hell Awaits (le pratiquement étant représenté par Ride The Lightning mais était ce vraiment du Thrash ?), vous saisirez donc tout le crédit que j’accorde à SLAYER.
Et le problème des groupes majeurs, qui ont donc parsemé leur carrière de chefs d’œuvre plus ou moins avoués, c’est que leurs dernières productions sont systématiquement comparées à ces mêmes références.
Ca n’est pas de leur faute. C’est un fait. Mais bon, quand on s’est mangé en l’espace de 4 petites années Reign In Blood, South Of Heaven et Seasons In The Abyss dans la face, ça à tendance à marquer à vie.
Demandez donc aux fans de MAIDEN s’ils préfèrent Brave New World à Powerslave !
Mais bon, c’est comme ça, le passé est le passé, et il faut bien parler du présent, car c’est ce qui nous concerne directement.
Christ Illusion était une fausse déception. Pas un faux pas, mais une tentative maladroite de recréer la magie de 1986, jusqu’au mimétisme de la pochette. Passons.
World Painted Blood, c’est un peu le même problème, mais version 1988. On retrouve toutes les ambiances et les variations de tempo que recelait South Of Heaven, sauf qu’à chaque fois, il manque un petit quelque chose. Un cri trop faible. Un riff pas assez appuyé. Une expérimentation pas vraiment aboutie. Comme un brouillon pas relu, et qui contient encore des fautes grossières. Le problème, c’est qu’avec plus de 25 ans de carrière, les fautes, on ne peut plus trop les pardonner.
On sent que l’envie est là, on ne peut pas remettre la conviction en question. Peut être est ce juste un problème de créativité après tant de temps passé à brandir l’étendard de la violence à bout de bras, et un peu seul aussi.
Alors bien sur World Painted Blood contient son lot de bons moments. Prenez le diptyque d’ouverture par exemple, « World Painted Blood » et « Unit 731 », ça pulse, ça thrashe tout ce qui bouge, Araya grogne sévère, et Lombardo fait jouir ses toms, mais non, même les riffs à la « Angel Of Death » ne parviennent pas à captiver le pavillon, et le son très sec n’arrange pas les choses. On se sent plus dans la lignée d’un « Dittohead » que d’un « Necrophobic »…
« Beauty For Order » est ennuyeux comme une chute de studio de Divine Intervention, « Hate Worldwide » est rapide, mais c’est bien tout ce que l’on peut mettre à son crédit, quasiment le même constat pour « Public Display Of Dismemberment », « Human Strain » se distingue par son pont inventif, son chant susurré, et son final à la « Spill The Blood », « Americon » fait partie des franches réussites par son riff presque Hard-Rock racé et son refrain à la RAMMSTEIN (oui c’est possible !), « Psychopathy Red » est suffisamment hystérique pour donner envie de ne plus se laver les cheveux autrement qu’à l’eau de javel (sans compter sur son break de basse très D.R.I.), la tension progressive de « Playing With Dolls » transpire la perversion et le stupre et ramène ce titre au rang de meilleur de l’album, qui se clôt d’ailleurs sur « Not Of This God » qui l’emporte sur la durée grâce à une seconde partie bien lourde et limité Néo.
Alors bien sur, ça reste du SLAYER, qu’on le veuille ou non, et même assez faible dans l’ensemble, on est encore à cent lieues de la catastrophe. Mais le ton général est plus proche du cas d’école et de la récitation appliquée que de la furie et de l’inventivité qu’on a pu bien toucher du doigt à une certaine époque.
Mais je suis désolé de dire que depuis Divine Intervention et les fautes grossières d’Araya et de King, Hanneman n’est toujours pas parvenu à redresser la barre.
Il serait temps que les quatre apprentis démons aillent refaire un tour du côté de chez le Malin pour nous revenir pleins de haine, et de la provocation plein la musette. Et même si SLAYER restera toujours une boucherie live, il y aura un moment ou leur tour de chant prendra des allures de gala de province basé sur un passé reluisant, occultant de fait leur incapacité à reproduire ce qu’ils ont été si longtemps les seuls à pouvoir imaginer.
Qui aime bien châtie bien.
Ajouté : Lundi 11 Janvier 2010 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Slayer Website Hits: 11919
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