En marge de la société algérienne, Litham propose un Metal non conformiste et ose le présenter à qui le veut. Rencontre avec Redouane pour qu'il nous informe sur son groupe qui pour moi est une leçon de vie quand on connaît les problèmes du Metal et de plus dans un pays aussi fermé que le leur : chapeau bas...

Line-up : Redouane (chant et basse), Yacine (guitare et chœurs), Ismail (guitare et chœurs), Sabri (batterie et chœurs)

Discographie : Dhal Ennar (Album - 1999)

Metal-Impact. Présente nous un peu le groupe en quelques mots...

Redouane. Nous sommes un groupe de Metal algérien qui existe depuis 1996.
En juillet 1999, nous avons sorti le premier album de Metal algérien tout styles confondus !!

MI. Quel est le concept de Litham, sa ligne directrice et de conduite ?

Redouane. Le "LITHAM" est le voile dont les nomades sahariens se servent pour couvrir leurs visages face aux impitoyables tempêtes du désert. C'est parce qu'on veut entretenir le mystère qu'on a choisi ce nom.

MI. Comment présenteriez-vous Litham au niveau stylistique à quelqu'un qui ne connaît pas le groupe ?

Redouane. Notre musique, c'est un reflet du groupe et surtout comme on est très polyvalent dans le groupe surtout côté écoute. Le style de Litham s'inspire de ça !
Je définirai notre style comme une mixture de Metal (heavy dark metal) avec de la musique algérienne.

MI. Pourquoi avoir choisi d'incorporer des chants arabes et instruments traditionnels dans votre musique ?

Redouane. Comme je l'ai dit précédemment notre écoute est très variée au sein du groupe et aussi notre lecture (histoires fantastiques, philosophie, poésie populaire algérienne etc..) ce qui fait qu'au niveau des compositions, on retrouve cette touche originale qui reflète cette richesse.

MI. De quoi traite les textes de Litham ?

Redouane. Les sujets, en général, c'est du social et surtout on retranscrit ce que l'on ressent de nos jours en étant jeune algérien et on décrit notre quotidien sans pour autant donner un avis bien précis et surtout pas de discours politiques.

MI. N'avez-vous jamais subit de pressions ou autres concernant le fait de jouer une musique extrême au sein de votre pays ?

Redouane. Pour l'instant, on n'a pas eu de pressions et je pense qu'il n'y en aura jamais !!! De ce coté là le réel problème c'est le manque de moyens et d'infrastructures adaptés à ce genre de musique (pas de labels, pas de presse spécialisée pas de salles adaptées, pas de studios spécialisés dans le Metal etc...)

MI. Il faut certainement se battre car vous devez manquer d'infrastructures (salles, studios, labels, presses etc...) ?

Redouane. Il n'y pas de labels, ni de zines, ni de radios qui sont spécialisés dans le Metal et les concerts ne sont pas si fréquents que ça !!
Les studios de répétitions n'existent pas, pour l'instant nos répétitions se passent chez moi à la maison avec des amplis et une batterie mais sans sono mais quand même on arrive à travailler correctement avec un son audible et puissant.

MI. Est-ce qu'il y a une scène Metal en Algérie et si oui comment se comporte t-elle ?

Redouane. En Algérie il y a à peu prés une vingtaine de groupes de Metal mais souvent ils splittent ou ils abandonnent car ce n'est pas évident de faire du Metal en Algérie surtout coté moyens on est vraiment limité !!
Le public est très attentif et très présent lors de nos prestations, on fait en moyennes des concerts à 500 personnes mais côté scène algérienne, on ne peut pas vraiment dire qu'elle existe.

MI. Vous avez vendu près de 3000 exemplaires CD et K7 de "Dhal Ennar", c'est presque autant que certains gros groupes en France. Quel est votre réseau de distribution et n'avez vous pas été contactés par un label ?

Redouane. Au début, il était sorti en k7, il a été vendu à 2350 exemplaires sur le territoire algérien et après j'ai sorti le cd avec mes propres moyens et on a vendu le reste soit pendant les concerts soit par le net !

MI. Avez-vous déjà fait des concerts en dehors de l'Algérie ? Si oui, comment a été accueillie votre musique ?

Redouane. Notre unique concert en dehors de l'Algérie s'est déroulé à Lille mais ce n'était pas vraiment dans un cadre Metal, c'était un petit festival d'une semaine avec une dizaine de groupes algériens de différents styles (rock, gnawi). On était le seul groupe de Metal donc ce n'était pas vraiment le public et l'endroit qu'il fallait mais c'était une bonne expérience et on serait prêt à le refaire mais dans un autre cadre par exemple un festival de Metal !

MI. Que penses-tu du support internet, du mp3 et de la copie de CD ?

Redouane. Je pense qu' internet c'est un très très bon moyen pour communiquer et c'est vraiment grâce à cet outil qu'on commence à se faire connaître dans le milieu underground international, c'est déjà un grand pas pour le Metal algérien et le Metal arabe !!
Pour le mp3 et la copie de CD, je dois dire que ça nous permet d'avoir les albums auxquels on n' a pas accès car il n'y pas de distributeurs spécialisés dans le Metal dans notre pays. Pour être honnête, moi aussi j'utilise ce moyen !!
Et aussi, ça permet pour les groupes de se faire connaître et d'avoir un aperçu de leur musique sur le net.

MI. Penses-tu qu'un webzine puisse avoir de l'impact sur la scène Metal autant qu'un zine papier ?

Redouane. Moi je pense qu'un webzine a plus d'impact pour un groupe qui n'est pas connu dans la scène Metal car cela permet une diffusion plus large de l'information à travers tout le globe !!

MI. Qu'est ce que l'on peut vous souhaiter ?

Redouane. Pour l'instant la composition de notre second album est prête donc on n'attend d'avoir un contrat discographique avec un bon label qui nous prendrait en charge correctement, comme ça on pourra envahir la scène Metal internationale.

MI. Je te laisse conclure avec peut-être un dernier mot pour les MI cybers lecteurs...

Redouane. J'espère que dans 100 ans on entendra parler encore de Litham !! Et attention Litham arrive...