Elle sentirait pas un peu la cyprine pas fraiche, la scène Metal de Göteborg ? Enfin, c’est vrai quoi… ils sont plus tout jeunes les DARK TRANQUILLITY et les IN FLAMES. Et force est de constater que leur descendance tarde à venir. Entre fausses couches à répétition et grands prématurés avec toutes les complications qui s’en suivent… la relève tarde à venir. Pourtant, il semblerait que MARIONETTE soit un nourrisson pondu dans les règles de l’art. Actif depuis 2005, ce combo suédois made in Gothenburg n’a pas encore fait parler de lui. A vous de juger si c’est une qualité ou un défaut. Leur premier effort, Spite, sorti il y’a un an, n’a visiblement pas eu l’effet escompté. Alors cette fois-ci, c’est avec une team de choc que le sextet à préparé son Enemies. Entre un mixage et un mastering signé, soit Fredrik Nordström (IN FLAMES, BRING ME THE HORIZON, AT THE GATES), soit Peter In De Betou (DIMMU BORGIR, ZONARIA), le choix n’était pas facile. Du coup, ils ont choisi les deux ! Autrement dit, avant même d’entendre les premières notes du CD, je vous dis déjà « pas de soucis au niveau de la production, c’est propre et carré ».
Inutile de confirmer avec comme témoin, « The Swine ». Sur cette première compo, MARIONETTE a décidé de sortir les griffes et de faire parler la poudre. Au bout de trente secondes, à peine, on s’est déjà pris une bonne tarte dans la gueule, grâce notamment à Axel, vocaliste en chef et impressionnant de vivacité. En alternant growls et screams à une vitesse folle, en y ajoutant une pointe de hargne bien distincte, il part sur de très bonnes bases. Comme ses collègues, pas franchement avares en matière de riffs torpillés ou de blasts furieux. Enemies, à ma grande surprise, s’impose comme un prolongement naturel et rafraîchissant aux élucubrations des pionniers de la scène Death suédoise. Je ne sais pas s’il y’avait le niveau sur Spite. En tout cas, seuls cinq petits titres m’auront permis d’affirmer qu’ici, la marche est franchie avec résolution et fermeté. Leur musique est un équilibre entre la lourdeur machinale du Death et la technicité des guitares virtuoses. On arrive très vite à une équation fermée qui impose la valeur « X » comme étant le moteur de MARIONETTE. Si « X » est de l’art, alors MARIONETTE est un groupe d’artistes. A l’écoute de titres comme « Hatelust » ou « Through Veils », comment ne pas avouer que pareille production fait un bien fou à voir dans un paysage si monotone ? Ils sont jeunes, doués, dynamiques et motivés. La place est vacante. Et les quelques expérimentations comme un chant clair (« Stench Of The Herd », « Through Veils ») ou des nappes de claviers Electro (« The Lie ») ne sont pas pour me déplaire. Des vocaux aux baguettes, en passant même par une basse au torse bombé, tous les éléments semblent s’harmoniser dans une sorte de furie sonore. Leur vision du monde est pessimiste et influe aussi beaucoup sur leur comportement musical, au point de trouver des passages d’une noirceur malsaine.
Si après tous ces compliments, vous n’avez pas encore compris qu’Enemies n’est pas une petite révélation, c’est que la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) vous guette… Car vraiment, ce ne sera que grâce à la pose d’œillères qu’on boudera son plaisir à entendre un Death mélodique aussi bien travaillé qu’exécuté. C’est de plus en plus rare et c’est d’ailleurs pour ça, que MARIONETTE mérite toute notre attention.