MARDUK (se) - Wormwood (2009)
Label : Regain Records / Underclass
Sortie du Scud : 24 septembre 2009
Pays : Suède
Genre : Black Metal sombre et authentique
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 46 Mins
Alors que j’errais dans les souterrains de Paris, dans ce lieu funeste qu’on appelle Les Catacombes, je me mis à réfléchir sur la condition humaine, la mort, le destin, la souffrance et tout le cortège de malheurs, de maladies et de douleurs que peut supporter un être humain durant sa vie. Si l’on admet comme fait ce cimetière souterrain, qui répondit à un instant T donné à une surenchère dans l’inéluctable, alors autant admettre que la vie n’est qu’un passage obligé qui entraîne irrémédiablement une fin qui peut se poser en fardeau spatial, temporel et philosophique.
Qu’en est-il alors de l’homme en tant que concept ? A l’échelle d’une existence qu’il n’a pas choisie, faite de dérives, d’hésitations, de chemins qui s’entrecroisent, il se ramène lui-même à la définition intrinsèque de l’éphémère, de l’illusoire, et de partie d’un tout, et devient de facto un tout, exutoire indispensable d’un Dieu qui n’autorise ni la comparaison, ni l’esprit critique. Et le philosophe, d’observateur à focalisation externe devient acteur à focalisation zéro, et n’a plus qu’à subir lui aussi le sort des millions de corps qu’on entasse comme de vulgaires cartons dans la cave de l’humanité.
MARDUK reste alors la seule Némésis d’un Christ de pacotille dont le courroux ne fait plus guère trembler que quelques bigotes, dévolues à une vie de pénitence dans l’ombre de la joie et du libre arbitre. Entamée avec ROM 5-12, la révolution se poursuit sur Wormwood, et force est de constater que la puissance du mépris affiché à la face d’un monde factice et faussement investi se multiplie à l’infini, comme si le seul but des suédois était de vouloir sans cesse éveiller les consciences pour qu’enfin nous nous en remettions à nous même.
Le choix nous appartient d’ailleurs. Il convient de tolérer ou non un titre aussi malsain que « Funeral Dawn » comme le glas d’utopies trop longtemps remisées dans l’arrière cour de notre conscience ou pas. Mais cette voix infernale qui retentit de l’au-delà comme l’ultime avertissement aux aveugles de la lucidité ne propose guère d’alternative onirique à la dégénérescence ambiante.
La furie de « This Fleshly Void » reste très explicite. Rien n’est caché, tout est délivré dans un message clair comme le sang d’une vierge. Et l’interlude glauque « Unclosing The Curse » nous prépare à une lutte finale pour obtenir une place dans l’uniformité d’un destin qui de commun, devient individuel, bien sur…Et cette bataille devra se mener tambour battant, aussi bien par la force que par la ruse.
Mais pour gagner une guerre, il ne suffit pas d’avoir sous son joug des troupes prêtes au sacrifice de leurs vies. Il faut aussi se poser en fin stratège, savoir quelles unités envoyer au front, et gerer l’obédience au meilleur de son rendement. Et avec Wormwood, MARDUK se révèle seul prétendant au titre de général suprême des armées de l’ombre. De basiquement violente, sa musique se fait inconfortable, gênante au sens propre du terme, lourde, consistante, menaçante. Une symphonie qu’aucun esprit dérangé ne saura un jour composer. A ce titre, un morceau comme « To Redirect Perdition » renvoie tous les apprentis satanistes dans les limbes de l’anecdotique, du purement grotesque.
MARDUK l’est aussi. Mais voyez ceci comme un masque qui dissimule la véritable nature des musiciens qui le composent. Qui vomissent leur bile sur le trottoir de la bienséance, face à d’incrédules fats qui ne voient dans leur égocentrisme qu’une menace à leurs biens chèrement acquis.
La société est composée d’hommes qui parcourent la route de leur destin comme de vulgaires ânes sur le chemin de Compostelle. La rédemption est un acte d’attrition, pas une expiation divergente. MARDUK ne l’a que trop bien compris, et leurs psaumes font rougir les moins timorés. Ils sont seuls au sommet de leur tour de haine.
Mais bientôt l'escalier sera encombré de fidèles qui auront assimilé les préceptes à temps.
J’en ferai partie.
Ajouté : Vendredi 25 Septembre 2009 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Marduk Website Hits: 12937
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