Belphégor (ou Baalphégor) est le nom d’une divinité Moabites, apparaissant tantôt sous les traits d’une belle jeune femme, tantôt sous la forme hideuse d’un monstre barbu à cornes. BELPHEGOR, le groupe, cultive également cette ambiguïté : il emprunte les chemins violents du Death Metal ou routes obscures du Black Metal sans perdre une seconde sa forte identité. Et se permet même de passer d’un extrême à l’autre sans jamais paraître opportuniste.
Figure culte de la scène extrême européenne, BELPHEGOR fait son retour à peine un an après Bondage Goat Zombie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le combo autrichien ne lève pas le pied, car voilà un très bon Walpurgis Rites – Hexenwahn dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Andy Classen est encore une fois aux manettes et le Black Death de BELPHEGOR en ressort toujours plus puissant.
Ce nouvel opus débute par un « Walpurgis Rites » au tempo infernal et à la mélodie démoniaque, qui fait plonger immédiatement dans les profondeurs des Enfers. Mais comme on le disait plus haut, BELPHEGOR affirme sa double personnalité, telle une créature née de l’union de la Grande Faucheuse et du Diable (regardez bien cette pochette, et le contraste entre obscurité mortuaire et feu maudit). Quand « Reichswehr In Blood » donne dans le Black Metal furieux et haineux, aux riffs inspirés par le Malin (une sensation de folie frénétique que l’on retrouve sur « Destroyer Hekate »), un « Hail The New Flesh » se veut plus technique, voire cassé, agrémenté d’un pur solo de Death comme seuls les grands savent le faire.
Niveau technique, chaque membre de BELPHEGOR excelle et apporte sa pierre à l’édifice. Pour accentuer encore un peu plus la face malsaine du ralenti « Der Geistertreiber », Helmuth (guitares et chants) se plaît à rouler les « r » comme le ferait un Démon vociférant les pires insanités. La basse de Serpenth est ici étonnamment mise en avant (fait très rare dans le genre) et contribue au mal-être ambiant. Nefastus, batteur de session auquel a fait appel BELPHEGOR, perpétue la tradition, passant de rythmes accélérés à des tempos plus mesurés, comme sur les 7 minutes du majestueux « Veneratio Diaboli – I Am Sin » qui n’offrent aucun temps mort … Helmuth et Morluch (guitares) s’illustrent par des soli toujours bien placés et qui font cruellement défaut, par exemple, à un DARK FUNERAL.
Dans la même veine, « Enthralled Toxic Sabbath », agrémenté d’arpèges menaçantes, résonne comme un ultime hommage à l’Ange Déchu. Les voix de démons qui hantent le très Heavy (presque lourd) « Hexenwahn » clôturent en beauté ce nouvel opus de BELPHEGOR, symbole d’une terrifiante alliance entre exécution brutale, imposante suprématie, et allégeance à Satan sur fond de climat oppressant.
Walpurgis Rites – Hexenwahn , ou comment la Mort vous guidera lentement vers les Enfers.