Si vous n’avez pas vraiment le cœur qui balance pour le côté Progressif du Rock et tout ce qui sort des rythmes basiques, des premiers accords d’école et des expérimentations en tout genre, vous n’avez plus qu’à passer à la chronique suivante en espérant fortement tomber sur quelque chose de moins hors norme. En revanche, si vous êtes accroché à ce wagon Progressif depuis des lustres ou simple curieux en mal se sensations particulières, continuez à lire ce texte car vous êtes sur la bonne voie.

Qui sommes-nous devant la réalité musicale, cette réalité que je sais maintenant couchée à nos pieds comme un chien fourbe ? D’où vient ce fait que nous ayons pu échanger quelques vues incroyablement concordantes par-dessus les décombres fumeux de la vieille pensée et de la sempiternelle vie ? Cette pensée musicale s’est éclairée et a gagné en légèreté, en originalité surtout, et en profondeur émotionnelle. Et à présent, les images que nos yeux détectent à travers le hublot du dit wagon pénètrent non sans mal les humeurs de chacun. Se peut-il qu’ici cette poursuite éperdue de la superposition des attirances musicales prenne fin ?

Force est de constater à brûle-pourpoint que JADIS, groupe des membres de JOHN WETTON’S BAND (MOGUL TRASH, FAMILY, KING CRIMSON, ROXY MUSIC, UK) et de I.Q., s’est arrêté sur le chemin du temps afin de nous faire part d’une musique appétissante qui respire la bonne humeur par simple propagation d’énergie positive. Et la situation me paraît en faire le moment idéal qui convient à ce groupe désireux d’intercaler leur propre univers entre début 70 (YES) et aujourd’hui (MARILLION) pour présenter un album riche et haut en couleur. Par des riffs accrocheurs (« The Great Outside ») et des mélodies attrayantes (« Into Temptation »), JADIS a de la vitalité à revendre et ces qualités ne sont pas l’apanage d’un ou deux titres mais concernent l’album dans son ensemble. En effet, « Fanatic » regorge d’un vivier d’effets de surprise et de changements de tempos comme sait si bien l’exploiter l’univers Progressif. Les guitares électriques (rythmiques ou arpégées) s’affirment avec parfois un son lointain qui leur confère tout leur charme, et les acoustiques apparaissent sporadiquement notamment sur les ballades (« Each & Everyday » et « What Kind Of Reason ») comme de coutume. Mais ces guitares comprenant également de nombreux solos positionnés à point nommé sont par moments mises en retrait au profit de nappes de claviers qui assurent parfaitement l’intérim.

Ajoutez à cela un chant calqué dont on peut admirer les prouesses vocales et vous obtenez une musique envoûtante qui peut avoir la prétention de bousculer son petit monde. Ca sert aussi à ça un disque. D’ailleurs, ça fonctionne à merveille car la synchronisation de tous les éléments permet à JADIS toutes les audaces, et on est très content pour eux.

JADIS, désireux d’intercaler son propre univers Progressif entre YES et MARILLION, s’est arrêté sur le chemin du temps pour un album riche et haut en couleur.