ANTAGONIST… voilà un nom qui ne m’était pas franchement inconnu pour la simple et bonne raison que je m’étais délecté, il y’a deux années de cela, de leur très bon An Envy Of Innocence, qui mélangeait savoureusement des mesures de Thrash Metal à l’ancienne, des effluves mélodiques et du Hardcore contemporain. Une mixture pas très novatrice mais qui était diaboliquement bien foutue et adaptée aux demandes de l’époque. J’attendais donc logiquement en Exist, leur troisième album, quelque chose de tout aussi bien si ce n’est mieux. Les floridiens ne pouvant désormais plus se cacher derrière une panne d’inspiration et de maturité, eux qui sillonnent les routes étasuniennes depuis bientôt dix ans.
Eh bien, l’effort produit s’avère être tout aussi bon voire meilleur que son prédécesseur. « Bomb Shelter » introduit pourtant une forme de Deathcore brouillon qui met la charrue avant les bœufs. De toute évidence, cette piste n’a pas les caractéristiques de la piste d’ouverture classique. Du coup, je concède avoir été un peu perdu dans mes pensées. Car si la production est plus soignée qu’auparavant, la créativité semble s’être faite la malle. C’était sans compter sur « Exist » et son intro de guitares virtuoses façon générique des Power Rangers. C’est d’ailleurs assez déconcertant quand on a ce boîtier entre les mains. Avec un logo et un visuel pareil, ainsi que des musiciens dodus et agressifs, on est en droit de s’attendre à un pamphlet de Brutal Death. Erreur. S’il y’a bien une chose qu’ANTAGONIST projette au premier plan, ce sont les mélodies et les harmonies. Les guitares vacillent entre un Thrash moderne et un Death old-school. Les solos sont nombreux et accordés très hauts avec distorsions et descentes. On frôle même les intonations Heavy sur la magnifique et planante « Failure On Repeat ». Chacune des propositions a un rôle précis à jouer. Il y’a les méchantes (« Immaculate Misconception ») et les gentilles (« Failure On Repeat »). A coté, il y’a le super héros (« Amnesia Ln. ») et le super vilain (« Final Words For An Unknowm Friend »). Cet Exist est donc comme un Marvel : juste trépidant. Par contre, s’il y’a bien d’une chose dont il faut vous avertir, c’est de l’utilisation d’un chant clair en opposition à un autre, Hardcore. Les deux sont tenus par Carlos Garcia et je sais que la communauté de poilus que vous êtes rechigne souvent quand ça s’arrête un peu de gueuler. A ceux-là : reculez ! Car ici, ça s’arrête souvent. Et quand les vocaux clairs prennent le relais, c’est un feu d’artifice émotionnel qui est tout ce qu’il y’a de plus sincère. Alors certes, c’est très à la mode, très dans le coup. Mais c’est aussi très bon. Pourquoi bouder son plaisir ? D’autant qu’ils le font cent fois mieux que SONIC SYNDICATE, avec pourtant la même vision des choses. Cherchez l’erreur.
En tout cas, l’erreur n’est certainement pas dans l’achat de ce full-lenght, qui m’a fait réaliser qu’ANTAGONIST est un vrai professionnel dans l’art complexe de manier le Hardcore et ses dérivés. Exist est un opus à la fois puissant, structuré, robuste, varié et propre. Que demande le peuple ?