Dans le domaine du Death ultra technique (notez bien que l’emploi de l’adjectif n’est pas anodin, mais bien destiné à apporter une précision utile), il existe bien sur des références incontournables, des incunables, qu’on ne peut ignorer sous aucun prétexte.
Peu de groupes se sont aventurés sur ce terrain, et le chiffre se réduit d’autant plus si l’on ne prend en compte que les réussites. Ainsi, vous pourrez limiter votre champ d’investigation à une poignée de combos, en prenant soin de ne pas dépasser ce cercle d’initiés. Et si l’on souhaite par esprit tatillon, se restreindre aux chefs-d’oeuvre ultimes, je ne vois plus guère que quatre albums à citer.
Unquestionnable Presence d’ATHEIST, Focus de CYNIC, Testimony Of The Ancients de PESTILENCE (avec toutefois une petite réserve pour ce dernier), et bien sur Individual Thought Patterns de DEATH.
Trop restrictif ? Vous avez des objections ?
Non ?
Tant mieux, continuons.
Alors évoquons je vous prie le cas de GNOSTIC. Quintette US sortant ici son premier effort, GNOSTIC agace (dans le bon sens du terme) les oreilles et l’esprit, comme si quelque vieux souvenir remontait à la surface…Un je ne sais quoi que l’on aurait déjà entendu, apprécié, et savouré jusqu’à l’overdose…
Et puis, après une bonne quinzaine d’écoutes et un coup d’œil attentif au livret, on comprend de suite d’où viennent ces réminiscences…
Oyez, oyez braves gens, car voici venu le quatrième album qu’ATHEIST n’a jamais pu sortir, saluez comme il se doit je vous prie l’excellentissime Engineering The Rule !
Et le parallèle n’est ni innocent ni mesquin, et en aucun cas une attaque de plagiat en règle, puisqu’en guise de caution morale, je vous annonce derechef que trois des membres de GNOSTIC jouent aussi dans un ATHEIST fraîchement reformé !!
Mais le contenu me dira le naïf passant par la par hasard ? Et bien, s’il est clair que la bande à Kelly Shaeffer a bien influencé le gang de Kevin Freeman, on retrouve aussi dans les influences une bonne louche de DEATH et de son diptyque magique (Individual Thought Patterns et Symbolic).
Au menu donc, des rythmiques franchement Free Jazz, des lignes de basse en équilibre permanent que n’auraient pas reniées Tony Choy, Roger Patterson ou Steve DiGeorgio, des soli franchement tranchants et époustouflants de dextérité, qu’on aurait très bien pu entendre sur le Elements d’ATHEIST, mais surtout, et c’est ici que la nouveauté ne se vautra pas, une voix très agressive, évoluant plutôt dans les graves, et extrêmement véhémente. Bien loin des cris suraigus de Kelly, de la voix planante de Paul Masvidal ou des grognements malsains de Chuck (RIP), Kevin a su adapter son chant à l’extraordinaire puissance instrumentale qui anime Engineering The Rules, et qui de fait, emmène cet album vers des cimes qu’on croyait ne plus avoir à grimper !
Alors attention, il est évident que la majorité des morceaux se placent dans une perspective très démonstrative, mais l’énergie proprement hallucinante saura aussi bien convaincre les puristes du chromatisme impétueux que les amateurs de sensations fortes.
On comprend mieux au final pourquoi trois des membres de GNOSTIC font office de musiciens d’emprunt pour Kelly et les autres…
Une réussite totale pour une prise de risques maximale.
Ca paye forcément.