FALL OF SUMMER (FRA) - Torcy (02-03/09/16)
Date du festival : du 2 au 3 septembre 2016
Lieu du Concert : Base de loisirs (Torcy, France)
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Live reports des autres éditions : Fall Of Summer 2015 avec repotage vidéo, Fall Of Summer 2016
Interviews : HEXECUTOR (FRA) - Joey Demönömaniac, Putrid Vön Rötten et S.Chainsaw-Maestör (Sept-2016), HELL MILITIA (FRA) - Antoine, Seb et Zak (Sept-2016), MERRIMACK (FRA) - Perversifier et A.K. (Sept-2016)
Le mois de septembre signifiait la fin des congés estivaux et la rentrée des classes, il est désormais également le mois du Fall Of Summer. Pour la troisième année consécutive, ce festival a planté ses tentes au bord du lac de la base de loisir de Torcy (77) et attiré les quelques milliers de metalleux exigeants venus voir et écouter des groupes tantôt rares, tantôt précieux et souvent les deux. Metal-Impact était comme il se doit de cette fête que nous allons vous raconter par le menu.
Source d'inspiration pour veste à patch, la setlist de cette troisième édition est une nouvelle fois constituée d'un savant mélange de formations historiques ou culte n'ayant pas joué depuis une paye en France, de groupes de légende qui profitent de l'occasion pour présenter un show unique, de gangs hexagonaux underground blanchis sous les harnais et de quelques jeunes pousses méritantes. Death, Black et Thrash constituent le fer de lance d'une affiche mêlant Metal extrême, Heavy old-school et un ou deux ovnis à la limite du hors sujet.
Tout ce beau monde se produit sur deux scènes extérieures séparées par une colline dont les pentes herbues accueillent les postérieurs d'un public qui assiste à une grande partie des sets confortablement vautré sur le gazon. Les transats des deux premières éditions ont en revanche disparu (on en a retrouvé quelques survivants dans la zone de presse). La Blackwater stage tourne le dos à l'étang de Torcy et offre au public un spectacle majestueux. De l'autre côté de la colline, la Sanctuary stage fait face à un parking bitumé. La scène n'offre pas un panorama aussi envoûtant que sa voisine mais bénéficie en revanche d'un pit plus profond. Les concerts alternent sur l'une et sur l'autre scène, les festivaliers ont juste à franchir la colline pour rejoindre le spectacle.
Point noir de l'organisation en 2014 et 2015, la question de la restauration a enfin été résolue. Finies les queues interminables se soldant par un "désolé, plus de merguez, faites la queue aux crêpes il leur en reste un peu". Cette année, les points de vente de nourriture sont éparpillés sur le site, un food truck a fait son apparition et tous les bars proposent des sandwich, il n'y donc plus de risque de mourir de faim, de rater un set pour manger ou de sauter un repas pour assister aux concerts. Il n'est pas possible de manger assis à table, une option qui trouverait pourtant un lieu d'accueil idéal sur la grande esplanade désespérément vide de l'entrée, ce no man's land, uniquement jalonné par trois Toi-Toi et deux pissotières mobiles et manquant cruellement d'animation. Progrès au niveau des bars également puisqu'une échoppe de bières spéciales propose des ale, de la stout et autres joyeusetés qui changent de la traditionnelle Amstel. Pour finir ce tour d'horizon des activités extra-musicales offertes aux festivaliers en goguette, chacun a pu visiter le market où il y avait toujours du monde mais jamais une foule impraticable. Une trentaine d'exposants étaient installés sous un petit chapiteau. On y retrouve l'habituel lot de marchands de t-shirt, pins et patches, vendeurs de disques introuvables ailleurs ainsi que les stands de labels emblématiques de la scène extrême hexagonale : Kaotoxin, Les acteurs de l'ombre, Season of Mist.
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Le premier jour : vendredi 2 septembre 2016
Le fest devait s'ouvrir à midi pétante mais à 12h15, nous patientons toujours devant les barrières closes. A l'intérieur de l'enceinte, les bénévoles s'activent comme une nuée de fourmis pour boucler les derniers détails. Enfin nous franchissons le cordon de sécurité et, non sans avoir acheté une collation, nous prenons place face à la Blackwater stage pour le premier concert de cette édition 2016.
HEXECUTOR (FRA) (12h00 - 12h45 : Blackwater) | Lire l’interview de Joey Demönömaniac, Putrid Vön Rötten et S.Chainsaw-Maestör
"Comment ça va, bande d'enculés ?" Groupe rennais soufflant ses cinq bougies cette année, HEXECUTOR peut se targuer d'être le plus jeune combo de la programmation. Tout comme son logo plaqué sur le backdrop, constitué d'instruments d'exécution et de torture, la musique agressive du combo est toute en violence. Tout de cuirs vêtus, arborant moult clous et bracelets de force, leurs longues chevelures au vent, les quatre musiciens d'HEXECUTOR prennent possession de la scène devant une assistance déjà bien dense. Les festivaliers avaient hâte d'en découdre et que ce soit dans le pit ou sur la pente de la colline, il y a du monde. La fureur n'attendant pas le nombre des années, le combo envoie la gomme sans traîner et avec une énergie qui a tôt fait de donner le ton. Égrenant sans temps morts les pièces maîtresses de sa courte discographie (deux EP, un split avec MANZER et un debut album à paraître), HEXECUTOR balance une prestation scénique à la hauteur de nos espérances. Des poses outrageuses au headbanguing en passant par les grimaces de Joey Demönömaniac (lead guitare) ou Putrid Vön Rötten (batterie) quand ils sortent une compo un brin technique, le spectacle est au rendez-vous. Seule ombre au tableau, le chant poussif du frontman et guitariste Jey Deflagratör. Il est à la peine sur les fins de couplets, s'essouffle très rapidement et mange une bonne partie des lyrics. Le rendu douloureux donne aux compos un côté démoniaque et vénéneux mais manque vraiment de force. C'est d'autant plus dommage que les paroles écrites par le groupe, notamment celles de "la sorcière du marais" en français mériteraient une meilleure mise en lumière. Mettons cela sur le compte de l'émotion, ce petit défaut mis à part, les rennais nous ont offert une très belle entrée en matière.
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MERRIMACK (FRA) (14h30 - 15h15 : Sanctuary) | Lire l’interview de Perversifier et A.K
L'organisation essaye de rattraper le retard de 30 minutes pris au démarrage en poussant MERRIMACK à démarrer sa prestation alors que ADX qui joue les prolongations sur la Blackwater se fait brutalement couper. On peut comprendre la nécessité de remettre les pendules à l'heure, mais niveau respect pour les artistes et le public, c'est un peu moyen. MERRIMACK démarre donc devant un public très clairsemé, les spectateurs d'ADX n'ayant pas encore rejoint le pit. La mise en place est laborieuse, notamment au niveau de la sonorisation qui a du mal à se caler. Tout de noir vêtus et portant un sinistre corpse paint dégoulinant, les cinq musiciens vomissent leur Black satanique et atmosphérique. MERRIMACK, qui n'est pas un groupe de Black Death ou Black Thrash mais plutôt le genre à développer des ambiances a choisi les chansons qui s'ajustent le mieux à un set court, sans light show et à une heure peu propice à la transe. Il faut une quinzaine de minutes au public pour se caler dans l'ambiance, au combo pour trouver ses marques et au son pour s'améliorer. Passé cette intronisation, on peut se laisser sombrer dans l'ambiance poisseuse et délétère. La formation profite de ce set pour présenter quelques extraits de son prochain album à paraître. Tombant rapidement la chemise, et comme habité, Vesper (chant) exhibe un torse maigre, pâle et complètement scarifié. La tête rejetée en arrière, les yeux mi-clos, le corpse paint lui dégoulinant dans le cou, le frontman incarne MERRIMACK. Le public accueille la proposition avec un enthousiasme respectueux.
ABIGAIL (jp) (15h20 - 16h05 : Blackwaters)
Adoptant un mouvement de balancier, le public se dirige une nouvelle fois vers le bord de l'étang de Torcy pour un set événement. ABIGAIL est un groupe peu fréquent sous nos latitudes et leur venue au FoS est à marquer d'une pierre blanche. Fondé à Tokyo en 1992, c'est un projet de Black Metal dont la musique a évolué au fil des temps vers un cocktail Thrash Black très personnel. La formation a publié quatre albums studio seulement. Son dernier album (live), Alive in Italy, remonte à 2005. Malheureusement, le démarrage du set est assez laborieux, le son étant très mal calé. Du sommet de la colline on n'entend qu'une bouillie sonore qui ne s'améliore hélas guère si l'on se rapproche de la scène. Je déclare donc forfait assez rapidement pour me replier vers le comptoir accueillant du bar à bières spéciales.
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TRIBUTE TO MASSACRA (FRA) (16h10 - 17h00 : Sanctuary)
Voici l'un des premiers gros événements de ce festival et si l'on en doute, il suffit d'un regard panoramique sur la foule compacte qui se presse devant la Sanctuary malgré un soleil toujours aussi agressif. On trépigne d'impatience dans le public où, à n'en pas douter, tout le monde a gardé en mémoire les riffs immortels des pères du Death hexagonal et attend de pied ferme que le super-groupe constitué autour de ce tribute lance les hostilités. Loin de se laisser intimider par l'orga et les horaires serrés, les quatre musiciens prennent tout leur temps pour peaufiner le soundcheck. Le quatuor principal est constitué de Alex Colin-Tocquaine (AGRESSOR) et Frédéric Leclerc (DRAGONFORCE) aux guitares, Stéphane Buriez (LOUDBLAST) à la basse et Kévin Paradis (AGRESSOR) à la batterie. Pas exactement des lapins de six semaines. Au cours du set, de nombreux guests viennent se greffer au line-up principal : Pierrick Valence (PHAZM), Michael Crass Da Silva (CRUSHER), Alain Clément et Mick (NO RETURN), Phil Courtois (MISANTHROPE) ainsi que Chris Palengat, batteur historique de MASSACRA, qui s'installe aux fûts pour le dernier morceau du set.
Le tribute à MASSACRA réalise l'une des meilleures performances scéniques de ce Fall Of Summer avec sa ribambelle de frontmen charismatiques, ses performances de guitare de haut vol et un jeu de chaises musicales aux différents postes qui ne nuit en rien à la qualité d'ensemble. Il y a même un petit pogo qui démarre dans les premiers rangs. C'est peut-être cet enthousiasme qui donne à Pierrick Valence l'idée de réclamer un wall of death puis un circle pit, demandes qui reçoivent un accueil glacial du public, personne ne faisant mine de donner suite à sa proposition. Il est comme ça le public au FoS. Exigeant, respectueux, mais plutôt passif-contemplatif qu’actif-engagé.
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ORANSSI PAZUZU (fi) (17h05 - 17h55 : Blackwaters)
Vers 17h sur les pentes de la colline qui domine les étangs de Torcy, la chaleur commence enfin à tomber et le soleil déclinant projette une lumière orangée sur le plan d'eau. Au loin, un vol d'oies sauvages (ou bien de cygnes) traverse paisiblement le panorama. Après ce tribute à MASSACRA explosif, on a carrément changé d'univers. L'ambiance est à la contemplation, un silence méditatif s'installe tandis que sur la scène plongée dans la pénombre, les musiciens du groupe finnois ORANSSI PAZUZU prennent possession de leurs instruments et démarrent le set le plus envoûtant de cette journée. Ils ont de la chance, les démons orange, parce que leur Black Metal Psychédélique trouve dans ce cadre grandiose un environnement idéal. La setlist est exclusivement constituée d'extraits de Värähtelijä, le quatrième projet sorti en février 2016. La sono est cette fois-ci parfaite. La représentation commence par un grondement de basses poussées à leur paroxysme. Même à plusieurs dizaines de mètres de la scène, je ressens la vibration physique et dérangeante qui s'étire pendant plusieurs minutes avant de laisser la place aux premiers accords de "Saturaatio". Le temps suspend son vol pendant cinquante minutes et nous sommes plongés dans l'univers fantasmagorique et délétère des finnois. Une musique très complexe, qui se développe en couches successives. Des sons organiques, difficiles à identifier, un chant qui est surtout un râle d'agonie, douloureux, qui s'étire pendant d'interminables minutes. Un set magique, d'autant plus marquant que je ne m'attendais vraiment pas à être ainsi happé.
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MANILLA ROAD (us) (18h00 - 18h50 : Sanctuary)
Après la grosse claque esthétisante que vient de nous mettre ORANSSI PAZUZU, difficile de redescendre sur Terre pour le Heavy Metal de MANILLA ROAD. Il y a un public nourri pour assister à une prestation qui ne m'a pas ému plus que cela. Non pas qu'elle fut mauvaise, je la trouvais seulement un peu déplacée au beau milieu d'une journée de Metal extrême. Certains diront que ces vieux groupes culte de Heavy Metal qui ne se sont pas produits depuis des lustres sont aussi l'une des composants phares du Fall Of Summer et je l'accepte. Cependant, lorsque je suis dans une phase de Metal extrême, je préfère éviter des expériences musicales hors du propos. C'est pourquoi je laisse le trio américain à ses nombreux fans du jour pour aller m'en jeter un ou deux derrière la cravate au bar où j'ai l'occasion de saluer la fine équipe du tribute à MASSACRA qui fête comme il se doit cet excellent concert. Car l'un des aspects positifs du Fall Of Summer c'est que la plupart des groupes qui s'y produisent restent sur place pendant tout l'événement, assistent aux concerts de leurs potes, boivent des coups avec les festivaliers et confirment qu'ils sont autant fans de Metal que nous.
VADER (pl) (18h55 - 19h00 : Blackwaters)
VADER fait du VADER. Il le fait d'ailleurs avec la même rigueur, la même prestance et sensiblement la même setlist que deux mois plus tôt au Hellfest. C'est carré, certes, mais le groupe est en pilotage automatique...
SAMAEL (ch) (20h55 - 21h55 : Blackwaters)
Un nouveau show événement que celui des suisses annoncés par l'orga comme un retour aux sources autour des trois premiers projets de SAMAEL. Le booklet insiste d'ailleurs largement sur le côté commémoratif du spectacle pour lequel les fils de Guillaume Tell ont repris leur logo historique, bien plus organique et Black Metal que le lettrage actuel, tout en barres et bâtons. Petite déconvenue à l'arrivée devant la scène, c'est bel et bien le logo actuel qui est installé en backdrop, ainsi que les pieds de micro néon, des claviers, un attirail Electro et un kit de batterie réduit à deux toms. Sur les collines, la foule est compacte. La température est bien tombée depuis le coucher du soleil et il fait un petit peu humide, mais le gros du public a pourtant décidé, comme de coutume devant cette scène, d'assister au spectacle assis. L'introduction tout en clavier, lumière rouge, néons et fumées méphitiques rappelle un petit peu l'entrée en scène de RAMMSTEIN au Hellfest, en moins grandiloquent il est vrai. Après cette ouverture théâtrale, Vorph annonce que son groupe va jouer l'intégralité du mythique Ceremony Of Opposites (1994). Le son est parfait, le light show plongeant le groupe dans une semi-pénombre rougeâtre sur laquelle la lumière crue du néon vient découper en motifs chirurgicaux le jeu théâtral des musiciens : Makro et son corpse paint binaire, une partie du masque tout blanc, l'autre tout noir, Xy debout sur un plan surélevé martelant ses fûts et ses claviers avec rage et Vorph qui accompagne la musique avec une ample gestuelle. Le set est une relecture SAMAEL 2016 de Ceremony Of Opposites. Le Dark Metal Indus dans lequel évolue désormais la formation sied à merveille à cette perle de Black Metal minimaliste.
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REVENGE (ca) (22h00 - 22h55 : Sanctuary)
Même si le Metal bruitiste de REVENGE peut taper sur les nerfs à haute dose, ce set est l'occasion de découvrir la lecture que le gang canadien fait du Black Death. Comme le dit le booklet du FoS : "La recette des canadiens est assez simple : tout à fond, le plus violemment possible et sans s'encombrer de mélodies, de bons sentiments ou de quelconques tergiversations. Un Black Death primaire, brut et sauvage". Le trio maltraite ses instruments et plonge l'auditoire hébété dans un chaos sonore. La transition avec le son ciselé de SAMAEL est plutôt rude mais elle a le mérite de sortir les festivaliers de la torpeur post-prandiale en leur rappelant que la soirée ne fait que commencer. C'est à mon avis l'un des mérites de la Sanctuary stage : les abords herbus y sont moins accueillants pour les postérieurs, le pit est plus profond et on profite mieux du concert debout dans la fosse qu'assis sur le bord. Seule (et récurrente) ombre au tableau, le public est toujours aussi contemplatif et cette musique qui appelle des danses brutales et des joies brutes ne suscite ce soir ni pogo, ni circle pit pour égayer un petit peu un set monolithique.
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PARADISE LOST (uk) (23h00 - 00h00 : Blackwaters)
Dernier concert sur la Blackwaters stage pour ce premier jour, PARADISE LOST attire un public nourri. La scène est décorée par l'immense backdrop de The Plague Within, le dernier album du groupe, paru en 2015. En 25 ans d'existence, PARADISE LOST est passé par plusieurs caps, a connu des hauts et des bas et expérimenté dans différents styles plus ou moins proches de celui qui nous réunit ce soir. Le groupe, capable du meilleur comme du pire, ne m'ayant jamais bouleversé sur scène, je suis plutôt dubitatif. Il est vrai que l'horaire tardif et l'immense cirque naturel plongé dans la pénombre offrent un cadre idéal à un concert de Doom Death, et c'est justement dans cette direction que le combo de Halifax a décidé de s'orienter puisque Nick Holmes et son groupe interprètent des extraits de Gothic, Shade of God et Icon ainsi que deux morceaux tirés du dernier album qui, il est vrai, marquait un retour aux sources après plusieurs années de tergiversation.
Bilan du vendredi
Favori : MERRIMACK (FRA)
Découverte : ORANSSI PAZUZU (fi)
Déception : ABIGAIL (jp)
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Le deuxième jour : samedi 3 septembre 2016
Au risque de vous décevoir, toute la ville de Torcy ne vit pas au rythme du Fall Of Summer et dès qu'on a passé les limites de la base de loisirs, la vie charmante d'une petite bourgade champêtre reprend son cours. Pourtant, de la boulangère au marchand de quatre saisons, tout le monde est au courant de l'événement et l'accueille avec bienveillance, y compris les nombreux clients de la plage de la base de loisirs qui, en ce samedi chaud et ensoleillé ont assisté à leur corps défendant aux concerts de la Blackwaters stage. C'est justement là que nous démarrons cette deuxième journée, une deuxième journée qui sera ponctuée par trois interviews et notamment celle du groupe à qui échoit la dure tâche d'ouvrir les hostilités, HELL MILITIA.
HELL MILITIA (FRA) (12h00 - 12h45 : Blackwaters) | Lire l’interview de Antoine, Seb et Zak
Y-a-t-il une bonne heure pour un concert de Black Metal ? Vous pourriez penser que cette musique s'apprécie mieux dans l'obscurité et la nuit. Pourtant, tout comme MERRIMACK hier, la milice de l'enfer doit démontrer qu'il est possible de créer un climat Black Metal en festival open air, en plein jour et à une heure peu propice puisque c'est à midi que les parisiens ouvrent la deuxième journée du Fall Of Summer. Ils craignaient de jouer devant personne, ils avaient tort car la pelouse et le pit se remplissent petit à petit de festivaliers dont la mine témoigne d'une nuit dans le bruit et la fureur d'un camping de festival.
THE MONOLITH DEATHCULT (nl) (12h50 - 13h35 : Sanctuary)
Changement de scène et changement d'ambiance. Après la sobriété du set de HELL MILITIA, la Sanctuary mise aux couleurs du groupe batave THE MONOLITH DEATHCULT envoie du rêve. Un immense backdrop représente un démon à huit bras devant un océan de flammes et affiche, en sous-titre du nom du groupe un "Supreme Avantgarde Death Metal" qui en dit long. Nous avons donc droit à notre première dose de Death Metal et si nous en doutions, la formation a tôt fait de remettre les pendules à l'heure. Mais, puisqu'on n'est pas juste dans du Death mais du Supreme Avantgarde Death, THE MONOLITH DEATHCULT enrobe son propos avec des nappes de claviers et autres effets samplés (qui se veulent) grandioses. En pratique, le coeur de Death, porté par la voix de stentor du frontman Michiel Decker et enrichi de quelques soli lumineux du guitariste Carsten Altena offre quelques agréments. En revanche, les enrobages samplés sont tout sauf trve et cette recette peine à convaincre le public. Ce n'est pas le concert du siècle, TMDC ne révolutionne pas le genre mais c'est carré et efficace, toutefois, fatigue, faim, chaud ou ennui... Il y a quelque chose qui cloche car le pit se vide progressivement au fil du set.
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PHAZM (FRA) (14h35 - 15h20 : Sanctuary)
"Bonjour Fall Of Summer, nous sommes PHAZM" (on dit Phazem). Pierrick Valence, que nous avions vu hier en frontman du tribute à MASSACRA revient aujourd'hui avec sa propre formation, PHAZM. Le quatuor qui s'était fait connaître entre 2004 et 2008 avec un Brutal Death, coloré de Black et d'accents cajuns avait ensuite mis le projet en veille pour éviter, selon Pierrick, de tourner en rond. Le gang revient cette année avec Scornful of Icons, un projet Black Pagan sur lequel les lorrains explorent des territoires nouveaux. Aux nostalgiques de la première époque de PHAZM, il reste le plaisir des concerts dans lesquels la formation mélange des extraits de ses quatre albums. C'est le cas cet après-midi où la setlist, si elle puise largement dans Scornful Of Icons, propose également des réjouissances tirées du reste de la discographie des lorrains. Visuellement, le virage de PHAZM se présente sous la forme d'un nouveau logo que nous découvrons sur un backdrop aux tons automnaux. Arrive le groupe, tout de noir vêtu et arborant des instruments luisants comme des carapaces de coléoptères. Le soleil tape fort sur l'asphalte, le thermomètre avoisine les 30 degrés mais il faudrait plus qu'une chaleur torride pour décourager le public massé devant la scène dans lequel on reconnaît quelques un des artistes qui se sont produits durant le festival (notamment les camarades de Pierrick dans le tribute à MASSACRA). Ils viennent assister, en toute simplicité et mélangés aux festivaliers, à un set très attendu. Et c'est sans surprise avec plusieurs extraits de Scornful of Icons que PHAZM lance les hostilités. N'ayant pas pu emporter sur scène le nickelharpa, cet instrument traditionnel suédois dont Pierrick Valence joue sur l'album, plusieurs parties enregistrées sont utilisées pour "ambiancer" et donner aux chansons la même tonalité que sur le disque. Le son est parfait, le groupe est au top et le public aux anges. Pierrick multiplie les apartés et se fend d'un très émouvant hommage à Mika Bleu (chanteur de BLOBFISH KILLER et MISERABLE FAILURE décédé le 22 juillet 2016) avant de terminer le set par un "So Withe, So Cold, So Blue" d'anthologie.
MEMORIAM (uk) (16h15 - 17h00 : Sanctuary)
Il fait encore une chaleur de bête sur la Sanctuary et pour éviter l'insolation, j'assiste au set de MEMORIAM à l'abri de la tente du market. Même à cette distance, je profite pleinement du son et de l'image. Il s'agit d'un supergroupe constitué de Andy Whale et Karl Willets, batteur et chanteur de BOLT THROWER auxquels se sont greffés le guitariste Scott Fairfax (BENEDICTION, SACRILEGE) et le bassiste Frank Healy (BENEDICTION). Formé en 2016, le projet signé chez Nuclear Blast ne compte pas d'album à son actif (ils sont entrés en studio pour l'enregistrer quelques jours après leur set au Fall Of Summer). Il propose un Death Metal old-school aussi incisif qu'efficace. Initialement destiné à jouer des covers des groupes originels de ses différents membres, le combo a composé plusieurs chansons originales et bien couillues. C'est du pur et dur sans chichis : un backdrop avec le nom du groupe en noir sur fonds blanc, deux kakémonos martiaux, quatre musiciens droits dans leurs bottes, un son énorme pour un set carré pendant lequel MEMORIAM va méticuleusement ramoner les esgourdes d'un public que le Funeral Doom de GRIM REAPER a quelque peu anesthésiées. Groupe jeune constitué de vieux routiers, MEMORIAM est bien accueilli par le public, surtout à l'entrée en scène du spectaculaire Karl Willets, que la carrure, la longue chevelure blonde, le chant brutal et la présence scénique pourraient faire passer pour le frère jumeau de Martin Van Drunen (ASPHYX). La setlist s'ouvre sur un "Memoriam" éponyme avant de distiller une dizaine de morceaux, pour la plupart originaux, une cover de SACRILEGE ("The Captive") et deux de BOLT THROWER ("Sparhead" et "Power Burns"). A l'heure du goûter, sur la Sanctuary, les anglais n'y vont pas par quatre chemins pour faire passer leur message et vu que les quatre musiciens ne sont pas vraiment des lapins de six semaines, ça passe comme une lettre à la poste. Après ce set en béton armé, on attend impatiemment le debut album !
NIFELHEIM (se) (17h05 - 17h55 : Blackwaters)
Backdrop démoniaque, tout en cuir et clous, les suédois de NIFELHEIM sont très attendus et la pelouse de la Blackwaters bien garnie pour ce set détonnant. Beau temps oblige, la plage de la base de loisirs de Torcy est également noire de monde et offre un contraste saisissant entre d'un côté des metalleux tout de noir vêtus qui assistent à un set de furieux bardés de ferraille et de l'autre côté de la barrière des estivants court vêtus qui se baignent l'air de rien. Deux mondes se côtoient sans haine ni animosité dans le respect et le fracas des guitares. Car pour ce qui est de fracasser, le gang qui colonise la Blackwaters stage en cette fin d'après-midi nimbée d'une douce chaleur sait y faire. NIFELHEIM était attendu et dès les premières notes de "Unholy Death", on sent que le groupe a bien envie de retourner le fest avec une de ces prestations scéniques de malade mental dont il a le secret. Le reste de la prestation ne dément pas ce constat, les titres mythiques de la formation s'enchaînent comme à la parade et si l'on aurait aimé assister à ce set de nuit pour profiter pleinement d'un light show ajoutant sa touche de soufre au set, ceux qui sont venus ici pour entendre Satan ont été exaucés.
SHINING (se) (22h00 - 22h55 : Sanctuary)
L'orga avait demandé aux photographes d'être sur leur garde et surtout, surtout, de ne pas fixer Niklas Kvarforth dans les yeux. En effet le bouillonnant leader de SHINING a déjà balancé des coups de tatane dans les objectifs de photographes un peu trop insistants. Heureusement, cette fois-ci aucun drame n'est à déplorer. Niklas entre en scène tout de noir vêtu avec la main gauche bandée. Le bandage ne tient pas bien longtemps et le chanteur se traîne une espèce de pansement partant à vau l'eau sans se décider à l'enlever. Pour ce set, l'artiste emprunte des extraits à toutes les périodes de sa discographie en privilégiant des morceaux rarement joués sur scène. On remercie également le groupe d'avoir retenu les chansons les plus en phase avec le Fall Of Summer (pas de saxophone à l'horizon). Le concert se déroule dans une ambiance lumineuse entre bleu indigo et vert acide. Comme à l'accoutumée, le volubile Niklas introduit tous ses morceaux d'un petit speech de présentation. Il ne faut pas longtemps au novice pour comprendre à quel point l'oeuvre de SHINING et la vie de son frontman sont en symbiose.
SATYRICON (no) (23h00 - 0h00 : Blackwaters)
SATYRICON est l'un des points d'orgue de cette troisième édition du Fall Of Summer. Dernier concert de la saison sur la Blackwaters, il attire une foule nourrie. On peut dire sans risque que tous les festivaliers sont réunis sur les pentes de la colline et ce malgré une température bien frisquette. D'ailleurs les stands de merch et de restauration ayant commencé à plier les gaules dès 22h30, il n'y a plus grand chose d'autre à faire que d'assister au concert des norvégiens. Le public se masse donc et attend fébrilement l'arrivée du groupe. Un immense backdrop couvre l'arrière de la Blackwaters Stage, sur la gauche, une haute estrade accueille l'énorme kit de batterie de Frost tandis que bien au milieu, le célèbre pied de micro cornu attend Satyr. La setlist est alléchante. En effet, le groupe a annoncé qu'il interpréterait l'intégralité de son album Nemesis Divina sorti il y a vingt ans. Enfin le concert commence, servi par un light show dantesque et un son réglé aux petits oignons. Le groupe interprète donc l'intégralité de son quatrième album studio (dans le désordre) et enrichit la prestation de trois morceaux tirés du reste de sa discographie avec un final grandiose sur l'immense "K.I.N.G".
Bilan du vendredi
Favori : PHAZM (FRA)
Découverte : MEMORIAM (UK)
Déception : GOBLIN (it)
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Conclusion de ce troisième volet du Fall Of Summer : l'organisation s'améliore (c'est bon signe, on voit qu'ils ont tenu compte des remontées des festivaliers des éditions précédentes). Il reste encore une marge de progression sur la mobilisation de certains bénévoles (bars tournant avec un seul barman en fin de soirée du vendredi), le réassort de la restauration (notamment les stands tartiflette et frites qui étaient souvent sold out) et certaines portions un peu congrues vu le prix réclamé. Enfin, si la fréquentation augmente encore, le parking et le camping risquent de devenir un problème vu que la jauge maximale semble atteinte de ce côté-ci. Pour reprendre les avis de plusieurs festivaliers et artistes, le gros atout de ce festival, c'est le lieu où il se déroule. La disposition des deux scènes, la colline, les faibles distances à parcourir, l'espace moyen par festivalier très supérieur à ce que proposent d'autres festivals, une impression qu'il y a de la place.
Au niveau artistique, l'affiche est toujours aussi pointue et le public se stabilise. Il m'est difficile de dire s'il y avait beaucoup plus de monde que l'an dernier mais on a clairement affaire à des fidèles qui viendront chaque année. Du côté des festivaliers, mon seul regret est le manque de patate sur certains sets qui auraient mérité un peu plus d'engagement. Très rares pogo, totale absence de wall of death ou de circle pit. Je ne vais pas regretter l'absence de slammeurs qui me hérissent au plus haut point en dehors des concerts de Hardcore, mais tout cela manque un petit peu de tonus, même si l'on peut supposer que c'est une marque de respect vis-à-vis des artistes. Quant aux artistes justement, il devient difficile de définir le Fall Of Summer à la lecture de son affiche. Si plusieurs genres du Metal étaient représentés (Death, Thrash, Black et Heavy Metal principalement), on cherche une ligne directrice à toutes ces formations. Mais peut-être est-ce inutile de chercher à tout prix une cohérence dans l'affiche du moment que chacun y trouve son compte. Pour reprendre l'avis de A.K (MERRIMACK), c'est "une affiche qui ne soit pas un best-of des groupes que tout le monde a vu pendant les autres fests de la saison. (..) Une programmation exigeante mêlant des groupes qu'on voit régulièrement mais qui font des setlist différents, des groupes qu'on a jamais vus, des groupes qui ont une actu et des groupes un peu culte"
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Ajouté : Mardi 08 Novembre 2016 Live Reporteur : Rivax Score : Lien en relation: Fall Of Summer website Hits: 10518
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