MORSÜRE (FRA) - Acceleration Process (1985)
Label : Devil's Records
Sortie du Scud : 1985
Pays : France
Genre : Pré Grind culte
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 30 Mins
Nous allons traiter là, avec des pincettes, l’album le plus culte sans doute de la discographie du Hard Français. Il y a des albums qui ont séduit tout le monde, d’autres qui ont divisé, mais rares sont les disques qui ont provoqué des réactions aussi épidermiques.
A gauche, les adversaires. Ceux qui ont lapidé le groupe avec des parpaings de 30 jusqu’à ce que mort s’ensuive. Tous les épithètes y sont passés, nul, archi-nul, lamentable, insupportable, inconcevable, un vrai festival de rhétorique négative qu’on avait rarement vu jusqu’à lors.
A droite, les partisans, relativement peu nombreux. Jugeant le disque avant-gardiste, diablement provocateur, rapide comme la foudre, et prêts à faire exploser leur boombox jusqu’à saturation totale des piles.
Avouons le tout de go, nous étions peu à l’époque à vraiment savoir de quoi il en retournait. Je n’ai moi-même découvert cet album qu’un an plus tard, avec les ouies déjà exercées au Reign In Blood de SLAYER et Pleasure To Kill de KREATOR. Donc, relativement rompues à l’exercice douloureux de l’extrême.
Alors parlons en puisqu’il le faut. Mais retranscrire par les mots ce que cette « musique » exprimait parait vraiment vain au moment de coucher mes pensées sur papier.
Responsable d’une première démo l’année précédente, c’est un euphémisme de dire que personne n’attendait MORSÜRE au tournant. Mis à part une poignée de fidèles proches, nul n’était préparé à cette agression de tous les instants.
D’abord, le son. Vraiment très spécial, assez étouffé, dû sans nul doute à la batterie électronique de Frank, kit inhabituel pour 1985 il faut l’admettre.
Ensuite le chant de Didier, très nasillard, dans la veine d’un Le CALVEZ de KILLERS. Mais surtout, ce qui choqua énormément le public, ce fut la vitesse d’exécution, hallucinante pour l’époque. Il est vrai que le son du drumkit ne permettait pas de saisir avec précision le rythme, et c’est justement ce qui en faisait le charme.
La basse avait aussi de quoi déstabiliser. En admettant que dans le Thrash des années 80, elle se contentait de doubler les parties de guitares, en maniant la double croche comme moi la flûte à bec, la façon de jouer d’Eric avait de quoi troubler. Il offrait effectivement en permanence des mini soli, très souvent en bas du manche, ce qui n’avait rien en commun avec le bassiste lambda.
Et puis si l’on rajoute à ça des textes assez surprenants, comme « L’irrémédiable » adapté de Baudelaire, ou encore « Vreder Strack », qu’auraient pu chanter les Droggies de Kubrick, on était à cent lieues des lieux communs du sexe et de l’alcool bien trop souvent chantés par la majorité des meutes hurlantes.
Les titres forts ne manquaient pas, prenant même bien souvent les allures d’hymnes à l’ultra violence, mais je dois admettre une affection particulière pour « M.A.D », le morceau d’ouverture pour le choc qu’il a représenté à la première écoute, « Morsüre », pour sa gueulante finale, et « Neither Pity Nor Remorse » pour sa profession de foi très pure.
Alors bien sur, nous nageons là dans la subjectivité la plus totale. Et il faut aussi prendre en compte que depuis, la frontière entre la sauvagerie et le vacarme a été franchie plus d’une fois. Alors il est évident qu’un adepte juvénile de MARDUK ou autre joyeuseté Black Metal ne saurait comprendre le scandale auditif que la sortie d’Acceleration Process a provoqué il y a de cela 24 ans.
Pourtant, combien de journalistes ont voulu y voir l’album le plus calamiteux de l’histoire du Hard dans l’hexagone ?
Depuis, MORSÜRE a fait l’objet d’un véritable culte outre atlantique, et un fan-club a même été crée, ainsi qu’une réédition agrémentée de la démo de 1984.
Un peu le syndrome Jean Rollin en fait, plus adulé à l’étranger qu’à domicile.
Nul n’est prophète en son pays.
Ajouté : Mardi 21 Avril 2009 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Hits: 11993
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