UGLY KID JOE (usa) - Le 106 à Rouen (14/10/16)
Groupes Présents au concert : BLACKRAIN (FRA), DALLAS FRASCA (au), UGLY KID JOE (usa)
Date du Concert : vendredi 14 octobre 2016
Lieu du Concert : Le 106 (Rouen, France)
Ce soir à Rouen, les californiens de UGLY KID JOE donnent l'un des cinq concerts français de leur tournée 2016. Le groupe qui a connu un certain succès dans les années 90 s'est séparé en 1996. Reformé en 2012, il sort un EP, Stairway To Hell. Puis tourne, participe à de gros fest et décide de sortir un album. Avec leur carrière, leur passif, leurs connexions et leurs copains dans le music business, les mecs auraient pu passer la porte de n'importe quel gros label et obtenir un financement. Ils choisissent de tenter l'aventure en crowdfunding...et là grosse surprise, les fans donnent en masse et UKJ collecte 206 pourcents du montant réclamé plus de trois semaines avant la clôture de la campagne ! Radieux, le gang s'enferme pour trois semaines dans le studio de Dave Fortman, guitariste historique du combo. Outre Whitfield Crane (chant) et Klaus Eichstadt (guitare), les indéboulonnables, on retrouve Sonny Mayo (guitare), Shannon Larkin (batterie), Zac Morris (batterie... aussi !), Cordell Crockett (basse) et Dave Fortman (guitare) qui assure également la prod de l'opus (ainsi que celle de SLIPKNOT et EVANESCENCE... quand je vous disais que les gars ont des potes sympas !). Le quatrième album, Uglier Than They Used Ta Be sort le 18 septembre 2015.
UGLY KID JOE multiplie les clins d'oeil aux formations emblématiques, comme dans "My Old Man" qui sonne comme AC/DC période Bon Scott, "Under The Bottom" qu'on croirait interprété par BLACK SABBATH période Ozzy ainsi que la cover de "Ace of Spade" pour laquelle Phil Campbell himself est venu faire le boeuf. Mais pas besoin de l'assistance de tiers pour envoyer du bois. Les californiens sont des musiciens accomplis et ce disque est une partie de plaisir qui se déguste, le doigt suspendu au-dessus de la touche replay. Ce disque est sorti en septembre 2015 mais pour des raisons non élucidées, la tournée promotionnelle a été décalée d'un an. Voici donc UGLY KID JOE version 2016, constitué de trois membres historiques : Whitfield Crane, Klaus Eichstadt et Cordell Crocket et de deux musiciens de tournée, Shannon Larkin et Dave Fortman laissant respectivement les fûts et la guitare à Zak Morris et Sonny Mayo. Le passage des ans a été plutôt clément avec nos lascars qui ne sont pas devenus obèses, n'ont pas perdu leurs cheveux et ne sont pas trop ridés. Mis à part la coupe courte arborée par le frontman et un chant plus mature, on retrouve sans peine l'insolence et l'énergie des sales gosses des années 90. Mais avant de mettre le feu au 106, les têtes d'affiche accueillent deux premières parties. Les français de BLACKRAIN et les australiens de DALLAS FRASCA. Pas de surprise pour ces derniers, la chanteuse guitariste de Melbourne ayant participé à l'enregistrement de la cover de "Papa was a Rolling Stone" pour Uglier Than They Used Ta Be. L'apparition des savoyards de BLACKRAIN sur l'affiche est un peu plus surprenante. Le quartet s'est greffé tardivement à la tournée et seulement pour les dates de Rouen et Paris (à l'Elysée Montmartre, le lendemain du set normand).
Construit sur les quais de Seine dans un ancien entrepôt, le 106 essaye de prendre la place laissée vacante par le défunt et regretté Exo7, mythique salle rouennaise qui a fermé ses portes il y a une quinzaine d'années. L'espace, superbement aménagé, est constitué de deux salles, un grand bar et un studio vitré où une radio locale réalise les interviews des têtes d'affiche. Quand nous arrivons, c'est UGLY KID JOE qui répond au feu roulant des questions devant un public clairsemé. Un public qui a l'âge d'avoir connu UGLY KID JOE dans les années 90. Les concerts de Metal ne sont pas si fréquents que ça à Rouen et on dirait que tous les metalleux de la capitale normande ont revêtu leurs plus beaux atours pour l'occasion. Il y a de la veste à patch, du blouson Hellfest Support, du Tshirt de groupes en veux-tu en voilà. Il y a aussi quelques coreux nostalgique du dernier passage en ville de LOFOFORA qui nous ont bien saoulé avec des tentatives de stage diving, mais j'y reviendrai. Tous ces nostalgiques ne suffisent pas à remplir le vaste espace dévolu au concert de ce soir et la salle a été artificiellement raccourcie en poussant les gradins mobiles vers le milieu de la fosse. En résulte un espace carré, aussi large que long, avec une scène immense, plutôt élevée et protégée par des crash barrières.
BLACKRAIN ouvre les hostilités devant une salle aux deux tiers vide. Depuis qu'ils ont remercié leur ancien manager et repris leur destin en main, les savoyards ont opéré un virage stylistique, laissant tomber leur look exagérément Glam et leurs pieds de micros fleuris pour quelque chose de plus Rock'n Roll. Ils n'ont que trente minutes pour chauffer la salle et Swan (chant, guitare), Max 2 (lead guitare), Matt (basse) et Franck (batterie) ont décidé de tout donner comme s'ils étaient tête d'affiche jouant devant une assistance conquise et chaude comme la braise. Le quartet fait des efforts méritoires pour éveiller le public mais en vain. Que ce soit l'invitation à tous taper dans les mains ou à chanter en choeur un morceau de chanson, la salle reste de marbre. Pourtant sur scène, la formation donne sans compter et mis à part quelques petits soucis de balance à l'ouverture du show, le concert donné ce soir a été un bon moment de Rock. Ce n'était juste pas le bon public, ni le bon moment.
C'est une toute autre ambiance avec DALLAS FRASCA. Le trio de Melbourne est composé de Dallas Frasca (chant, guitare), Jeff Curran (guitare) et Chris Windley (batterie). Pas de bassiste, Jeff Curran s'occupant simultanément de tous les postes de cordiste. Certes Dallas Frasca gratouille un peu sa guitare sur certains morceaux, mais c'est son comparse qui assure la plus grosse partie du boulot. Il utilise pour ce faire une énorme guitare triangulaire avec un manche interminable et des barres de fer pour renforcer le corps (on comprend l'utilité desdites barres quand, en fin de set, le gratteux termine un morceau en jouant debout sur son instrument). Musicalement, DALLAS FRASCA est présenté comme du Heavy Funk, ce qui n'a pas plus à voir avec UGLY KID JOE que BLACKRAIN, mais il faut reconnaître que les australiens s'accommodent bien de leur rôle de chauffeurs de salle. Outre les prestations guitaristiques bluffantes de Curran, la chanteuse frontwoman Dallas Frasca est un show à elle toute seule. Leur répertoire rentre dedans y contribue bien sûr, même si le moment phare dont tout le public se souviendra, c'est celui où la chanteuse, enjambant la barrière de sécurité, descend dans la fosse demande à toute l'assistance de s'agenouiller au sol, de couper les portables, de ne pas prendre de photos et de chanter avec elle a cappella. C'est original. Un peu étrange également, mais c'est quelque chose que vous ne vivrez pas tous les jours. Ce set est aussi l'occasion pour un duo de coreux particulièrement en forme de faire un peu de stage diving. Un premier gros chauve grimpe sur la barrière de sécurité, invite le public de la fosse à se rassembler et se lâche sur les mains tendues pour être porté, pas très loin, et déposé à terre. Enhardi par ce beau succès, son comparse grimpe à son tour sur la barrière et sans s'assurer qu'il y a du monde derrière, se jette brutalement en arrière, dos à la salle. Il est réceptionné in extremis par son pote mais je pense qu'il a dû se ruiner un peu et n'a plus tenté sa chance pour le reste de la soirée (un mal pour un bien, donc). Son pote ayant eu plus de succès remet ça à plusieurs reprises en faisant suer une grande partie du public qui n'a absolument pas envie de le supporter (le bestiau doit peser son quintal et il sue comme un porc).
Quand UGLY KID JOE entre en scène, tout le monde rejoint la salle et c'est loin d'être plein. 16 ans d'absence, un an depuis la sortie du dernier LP, ça rabotte un peu la fanbase. Mais ceux qui ont fait le déplacement sont les purs et durs qui connaissent par coeur tout le répertoire des californiens et reprennent en choeur les refrains. Les UKJ n'ont pas renié leur attitude moqueuse et hors des codes. Ils arborent ce soir des tenues clin d'oeil. Klaus porte un t-shirt Justin Bieber en lettrage Black Metal, Cordell Crockett arbore un look que ne renierait pas Mike Muir : chemise de base-ball, casquette visière relevée, énormes ray ban miroir, short, basket, chaussettes hautes. Zak se présente en mini-slip et Whitman a revêtu un t-shirt à la gloire du Phil Campbell Allstar Band. Le second hommage à la formation de Lemmy est le dessin du backdrop qui fusionne la tronche rigolarde de Joe, la figure de proue de UKJ, avec le chien enragé de MOTÖRHEAD. Le troisième hommage est la reprise de "Ace Of Spade" que les californiens interprètent à tous leurs concerts et qu'il joue ce soir en toute fin de set.
La setlist est essentiellement constituée d'extraits des trois premiers disques, America's Least Wanted (1992), Menace To Sobriety (1995) et Motel California ainsi que de quelques chansons issues des deux disques publiés depuis la reformation. Le concert dure presque deux heures et l'énergie pure déversée de la scène et canalisée par un frontman survolté maintiennent l'assistance en haleine. A l'instar d'Ozzy Osbourne, il demande régulièrement au public d'applaudir, faire la vague avec les bras (on lève les bras en l'air et on les remue langoureusement de droit à gauche), dire si ça va, faire un concours d'applaudimètre, bref, une série de gimmick fun la première fois mais lassants à la longue tout comme le sont les séances de stage diving répétées de notre coreux de tout à l'heure qui ne s'est toujours pas calmé.
A chaque fois que le chanteur sollicite son public, une énorme rampe lumineuse éclaire la salle, comme pour s'assurer que tout le monde joue bien le jeu. Ce qui est également bien pénible à la longue, car on n'a pas forcément envie d'être mis en lumière quand on participe à un concert en tant que public, surtout quand on est du genre introverti.
Outre les savoureuses reprises des hits d'hier que tout le monde connaît et les extraits du dernier album, le set réserve quelques surprises, notamment une session de deux morceaux acoustiques pour lesquels seuls restent sur scène Whitfield Crane et son guitariste avec une guitare sèche, la cover de "Ace Of Spade" (même si c'est devenu, depuis la disparition de Lemmy, le morceau de cover quasi systématique de tous les concerts Metal), ainsi bien sûr que le final survolté sur le célébrissime "Everything About You" qui vient clôturer un concert extrêmement généreux et bien produit : un light show superbe, une sono extra, un groupe au top, une programmation très cohérente et une équipe de bar dynamique et souriante (un fait suffisamment exceptionnel en concert pour que ce soit souligné).
Voici comment on peut occuper une belle soirée avec trois concerts pour seulement 23 euros. Une générosité louable dont certains combos qui torchent des sets de première partie d'une petite heure seulement feraient bien de s'inspirer.
Ajouté : Mardi 01 Novembre 2016 Live Reporteur : Rivax Score : Lien en relation: Ugly Kid Joe website Hits: 7989
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