WHITESNAKE (uk) - L'Olympia à Paris (19/07/16)
Groupes Présents au concert : THE ANSWER (ie), WHITESNAKE (uk)
Date du Concert : mardi 19 Juillet 2016
Lieu du Concert : L'Olympia (Paris, France)
En cette début de soirée du 19 Juillet à Paris, le soleil cogne comme jamais. Et dans quelques instants, la température montera encore d'un cran lorsque David Coverdale et son WHITESNAKE débarqueront sur la scène de l'Olympia. En guise de mise en bouche, ce sont les Irlandais de THE ANSWER qui ouvrent en première partie. Ce quatuor avait déjà retenu notre attention lors de la sortie de Everyday Demons (2009), et depuis THE ANSWER s'est forgé une belle réputation scénique sans pour autant atteindre les sommets de la renommée. Il faut dire que leur style s'adresse à un public nostalgique des années 70, et lorsqu'on entend Cormac Neeson chanter, difficile de ne pas penser au timbre pourtant inimitable de Robert Plant (LED ZEPPELIN). Légèrement handicapé par un son un peu confus sur les premiers titres, leur prestation décolle franchement sur le pêchu "Come Follow Me". Par la suite, Cormac Neeson n'hésite pas à faire participer le public, scindant les gradins en deux chorales bien distinctes – c'est d'ailleurs l'un des moments les plus sympas de leur show. Mais THE ANSWER est surtout là pour promouvoir son futur album, Solas, qui sortira en octobre 2016, et dont est extraite cette ballade poignante à forts relents irlandais ("Thief Of Light") quand Neeson et le bassiste Micky Waters jouent de leurs voix planantes. Comme le disait la chronique que nous avions faite de Everyday Demons à l'époque, THE ANSWER balance donc un bon Rock britannique d'un autre temps pendant 45 minutes... mais sans convaincre vraiment.
Après un court temps d'attente, les bannières ornées du logo du SNAKE sont dévoilées en fond de scène. Et là, soudain, pendant que la sono envoie "My Generation" des WHO, le doute s'installe. Au-delà du fait de découvrir enfin la légende Coverdale en concert, comment va sonner ce groupe né dans les années 70 ? A l'excitation s'ajoute l'angoisse d'une éventuelle déception : la peur d'assister à un défilé de vieux beaux à la limite de la ringardise existe bel et bien. Alors, lorsque ces belles lumières bleues annoncent leur arrivée et que résonnent les premières notes d'un énergique "Bad Boys", tous les doutes s'envolent.
David Coverdale, tout sourire, à l'attitude Rock et au look indémodable (jean classe mais déchiré, chemise blanche à l'effigie du Serpent), déglingue son pied de micro et fait mine de bander ses muscles pour montrer à quel point il est fort. D'entrée, le ton est donné : ce concert sera "pro" mais restera "fun". A sa droite, le géant Joel Hoekstra et ses jambes de sauterelle multiplie les poses de guitar-hero (la présence visuelle de Doug Aldrich se voulait plus sobre mais techniquement, Hoekstra n'a rien à lui envier). A sa gauche, Reb Beach régale tout le monde avec ses soli très fluides et ses grimaces en continu (un vrai Mr Bean de la guitare). A plus d'une reprise, Coverdale montre quelques faiblesses vocales, mais rien de bien grave : d'abord parce que là on parle de l'ex-chanteur de DEEP PURPLE qui a tout d'un Dieu vivant, et donc on ne peut lui en tenir rigueur ; ensuite, parce que le bassiste Michael Devin et le clavier Michele Luppi assurent comme des chefs au micro, soutenant grandement leur leader et faisant office de choeurs de qualité. Derrière, le fidèle Tommy Aldridge (65 ans !!!) tape comme un fou et semble inépuisable.
La tournée se nomme Greatest Hits Tour et elle porte bien son nom car WHITESNAKE envoie tubes sur tubes : "Slide It In" (Reb Beach et Hoekstra se partagent ce riff d'anthologie), "Love Ain't No Stranger" (où le public répond à Coverdale sur les premières mesures, frissons garantis), "The Deeper The Love" (ce mid-tempo ravageur prend une toute autre ampleur "live"), ou encore un "Fool For Your Loving" plus proche de la version Slip Of The Tongue que de son enregistrement d'origine. Quelques mois après la sortie du Purple Album, pas une chanson de DEEP PURPLE ne sera jouée (pas même "Burn"), et c'est fort dommage...
Pour se faire pardonner, WHITESNAKE nous réserve une petite surprise, que Coverdale dédie à notre "ville magnifique" : c'est la ballade "Ain't No Love In The Heart Of The City", avec un public parisien qui répond au grand David sans se faire prier. Le genre d'instant de communion intense qui fait tellement de bien en ces temps obscurs... D'autant que le Heavy et plus grave "Judgement Day" survient soudainement, et là, difficile de ne pas faire le lien entre cet enchainement et les évènements récents qui ont touché notre pays.
S'en suit le moment le moins pertinent du concert : les interludes en solo de chaque musicien (sauf le clavier). Si Hoekstra nous sort sa six-cordes acoustique et sa guitare mauve à paillettes d'un goût fort douteux, et si Reb Beach doit vraiment être atteint d'une maladie incurable qui provoque des grimaces rigolotes, on classera ces démonstrations dans le rayon "anecdotique". La vérité, c'est que pendant que ses musicos se la pètent un peu, Coverdale se repose en coulisse et il en a bien besoin, car avouons-le, il finira le concert à bout de souffle et avec la voix complètement cassée... Il n'empêche, le bonhomme continue de parcourir la scène sans faillir, il danse et prend son pied comme s'il débutait franchement dans le métier. A l'image de son leader, visiblement heureux d'être là et dégageant une sincère gentillesse (où est le dragueur invétéré qu'on aime conter à son sujet ?), l'enthousiasme du groupe tout entier semble vraiment communicatif : sans tricher, ces gars là-sont contents d'être sur scène ensemble. Les interludes de chacun ont amené un remuant "Slow And Easy" (difficile de ne pas remuer du popotin là-dessus, ma voisine de gauche en est la preuve vivante) et le plus progressif "Crying In The Rain". Et le meilleur reste à venir.
Avec la ballade romantique "Is This Love", passage obligatoire du SNAKE et redorant le blason d'une chanson qu'on aurait cru un peu datée, on rentre définitivement dans le chapitre Whitesnake '87. Sur la très Rock "Give Me All Your Love Tonight" (putain, ce riff...), Coverdale va chercher Cormac Neeson (THE ANSWER) qui regardait le show sur le côté de la scène, et l'invite à pousser la chansonnette avec lui. Sympa ! Et puis, là, enfin, la jouissance totale : les premiers notes au synthé de Michele Luppi, tout le monde les reconnait. "Here I Go Again". Coverdale n'a plus besoin de chanter. Les 2000 spectateurs de l'Olympia ont pris le relais...
"And here I go again on my own
Goin' down the only road I've ever known
Like a drifter I was born to walk alone
An' I've made up my mind,
I ain't wasting no more time..."
Enorme.
Pas un mot ne saurait mieux décrire la lueur qui brille dans les yeux de chacun.
En guise de rappel, WHITESNAKE se fend d'un prévisible et incontournable "Still Of The Night", ce titre même qui rappelle que oui, en des temps plus anciens, le combo de Coverdale a flirté avec des sonorités très Metal. Et oui, Blues, Rock, Metal, WHITESNAKE c'est un peu tout ça à la fois, et le groupe s'est chargé de nous le rappeler, avec une bonne humeur encore une fois indescriptible. Quand la sono balance ce "We Wish You Well" toujours émouvant, on comprend tous que WHITESNAKE va repartir, une fois encore.
Mais David Coverdale est venu en Roi... Et il est reparti en Légende.
Ajouté : Lundi 15 Août 2016 Live Reporteur : NicoTheSpur Score : Lien en relation: Whitesnake website Hits: 8004
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