HELLFEST OPEN AIR (FRA) - Clisson (17-18-19/06/16)
Date du festival : du 17 au 19 juin 2016
Lieu du festival : Open Air (Clisson, France)
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Live reports des autres éditions : Fury Fest 2004, Fury Fest 2005, Hellfest 2009, Hellfest 2010, Hellfest 2011, Hellfest 2012, Hellfest 2015, Hellfest 2016
Interviews : PHAZM (FRA) - Pierrick Valence (Juin-2016), RATOS DE PORAO (br) - Boka (Juin-2016/VF-EV), ALEA JACTA EST (FRA) - Olivier et Pierre (Juin-2016)
Les pérégrinations d'un membre du Staff de METAL-IMPACT, le mot du Patriarche
A croire que le rendez-vous annuel du Hellfest va devenir le 11 Novembre des metalleux où l'on va, toujours plus nombreux, ranimer la flamme en souvenir de nos héros qui ont rendu leur dernier soupir, et vendu leur âme à Satan. Cérémonie qui ne se fera pas au son des clairons mais avec des gros riffs assénés à satiété. Dans le roc du monument dressé, obélisque du Metal, se gravent de plus en plus nombreux les noms de ceux qui ont marqué à jamais notre adolescence et les étapes de notre vie, notre chemin de croix. Selim Lemouchi, Jack Bruce, Wayne Static, Dio, Lemmy... D'autres font leur tournée d'adieux comme BLACK SABBATH, TWISTED SISTER, certains en perdent leur voix comme AC/DC... Le cycle implacable de la vie à appréhender toutefois avec la sagesse bouddhiste pleine d'espérances : "tout meurt, tout renaît".
On se surprend parfois à être exhaussé dans ses prières. L'an dernier, à la fin de ma bafouille lors de la dixième édition, j'espérais voir RAMMSTEIN dans la programmation 2016. C'est aujourd'hui chose faite. Du The Big 4, il nous manque toujours METALLICA. Avec cette dernière pierre, les festivaliers qui collectionnent les bracelets du HF auront bouclé la boucle. On se désespère de voir un jour RUSH, un autre grand absent.
Le Hellfest a atteint ses limites en capacité d'accueil et de mobilité sur le site. Tout est blindé, et le vendredi, le premier jour, on est condamné à faire la queue partout : pose des bracelets, achat de la carte cashless, ainsi qu'au merchandising avant le sold-out prématuré. Pour la pré-vente des billets pour le HF 2017, tout est parti en deux heures. Pendant le festival, il est pathétique de voir des festivaliers qui ont réussi à arracher un pass au prix fort, réduits à prendre en photo son groupe fétiche sur l'écran de la scène, photo ratée, floutée, zébrée par les bandes passantes. Plusieurs, au fil des années, rentabilisent leurs déguisements de Spiderman, de centurion romain, de soeur carmélite, de Blanche-Neige. Tout cela a un petit goût de réchauffé. Pour s'envoyer en l'air, on peut désormais bouder la grande roue pour aller mettre un baudrier pour la tyrolienne qui passe au-dessus du public des 2 mainstages. Un nouveau parc d'attractions. On croise des visages familiers au fil des éditions, candidat à l'Amour est dans le pré, ou pas...
Des habitués renoncent désormais à approcher des mainstages, véritable parcours du combattant, à l'issue incertaine. Beaucoup se reportent sur les tentes Altar/Temple, et Valley qui restent un tantinet plus intimistes, pour combien de temps ! Belle surprise par contre au niveau de la Warzone, l'endroit est complètement revu, remanié pour mettre fin au goulot d'étranglement qui avait posé de sérieux problèmes l'an dernier lors des prestations des RAMONEURS DE MENHIRS et BODY COUNT. Le décor reprenant celui du camp de Guatànamo avec miradors et barbelés fait déjà débat. La scène de la Warzone est désormais dominée par un mémorial dédié à Lemmy Kilmister avec sa statue qui culmine à 15 mètres confiée au créateur-designer Jimmix. Une pyramide de zombies enchainés en bas pour se libérer de leurs chaînes au fur et à mesure qu'ils grimpent grâce à la musique libératrice de Lemmy... Au pied du mémorial, un petit oratoire avec des barreaux où trônent les reliques offerts par la famille: Une paire de santiags, et un chapeau de l'US Cavalery. On y jette des pièces, des billets, histoire que Lemmy puisse refaire le plein de Jack Daniel's, car on a dû lui faire les poches là-haut quand il est passé au purgatoire histoire de financer le parti de Christine Boutin. Les fémurs de dinosaures côtoient les cranes poubelles. La porte Kingdom of Muscadet nous invite à entrer dans le petit bois à la frondaison recherchée, parasol sous le soleil, parapluie sous les averses. De nombreux billets changent de main à l'Extreme Market, les portefeuilles se vident pour l'album convoité qui se fait rare, une version vinyle, le T-shirt qui va rendre jaloux les copains, la grenouillère aux couleurs de Kiss pour le petit neveu qui vient de naitre...
Alors bien sur, force est de constater que les groupes d'aujourd'hui ne sont pas aussi subversifs que dans les années 70-80's, on est là beaucoup par nostalgie, adolescence évaporée. Peu de nouvelles formations sont porteuses de concepts innovants, beaucoup de plagiats, des machines bien réglées dépourvues de sentiments, d'émotions. Certains groupes toutefois continuent à faire polémique à l'image de DOWN. Le geste et les paroles de Phil Anselmo ont animé les débats sur les réseaux sociaux. Le groupe a été déprogrammé. On n'a pas vocation à commenter cette décision.
Il faut reconnaitre qu'un grand nombre de festivaliers de la première heure ont envie d'aller sous d'autres cieux, retrouver des genres plus extrêmes, une programmation moins grand public, dans un site à taille humaine, Motocultor, Sylak Open Air, Fall of Summer...
Mais ne soyons pas ingrats et saluons le travail, la persévérance de Ben Barbaud et de son équipe ainsi que le dévouement des bénévoles qui facilitent notre séjour mais les derniers clichés de jeunes couples se promenant avec la poussette du bébé, les invités des sponsors complètement détachés,... participent à galvauder un genre musical que nous tenons à préserver. Il est l'heure de repartir en croisade ! (Le Patriarche)
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Trois ans. Voila trois ans que je rêve de participer au Hellfest. En 2014 je m'y suis pris trop tard, en 2015 je n'étais pas disponible mais pour 2016, j'ai acheté mon billet avec la ferme intention de faire les trois jours, dussé-je faire le trajet en stop et dormir au camping. Pass en poche, patienté huit mois. Il y a bien sûr eu les traditionnels rageux pour dire que c'était mieux avant, que l'affiche n'était pas extraordinaire, le pass trop cher, le nombre de festivaliers trop important, la bière coupée à l'eau, la bouffe trop grasse, etc. Mais moi, je me voyais traversant le rond-point de la guitare, passant les portes de la cathédrale, moshant sur la pelouse de la War Zone. J'avais tant et tant attendu ce moment que toutes les critiques qui pouvaient pleuvoir sur le Hellfest ne m'atteignaient nullement. J'étais venu pour voir, entendre et goûter... Le vendredi 17 juin, j'étais aussi excité qu'une pucelle à sa nuit de noces... (Rivax)
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Vendredi 17 juin 2016
11h30, entrée dans Clisson. Des véhicules garés partout. Sur le bord des routes, sur les ronds-points, dans les allées des maisons. La petite ville est devenue un immense parking dans lequel nous errons pendant près d'une heure à la recherche d'une place. Plus on se rapproche de l'enceinte du Hellfest, plus on perçoit le son sourd des rythmique miaulant sur des amplis poussés au max. Ce grondement de basse occupe tout l'espace sonore et nous guide au rond-point de la guitare. “Clisson Rock City”. J'ai une pointe d'émotion en découvrant enfin ce monument mythique même si la guitare semble plus petite en vrai.
Je pénètre sur le site et sans prendre vraiment le temps de souffler ni de m'étourdir dans l'admiration de la décoration, ni même d'aller chercher ma Cashless, je me précipite sous la Valley estimant que le meilleur moyen de rentrer dans le festival, c'est en m'envoyant un première shoot de Metal. (Rivax)
WO FAT (12h50 - 13h30 : The Valley par Rivax)
WO FAT est un trio texan fondé en 2005 qui tout au long de ses six albums studio développe un Stoner / Heavy Psych chargé de feeling. Ce set clissonais est un petit événement pour tous les fans de fuzz puisque c'est la première visite de WO FAT au Hellfest et seulement sa sixième venue dans l'hexagone. Le trio entre en scène et sans coup férir, envoie la purée. Au propre comme au figuré. Car même si l'on aime le gras et la disto, le son vomi par les amplis est tellement fort et saturé qu'il est inaudible. Je savais que ça jouait fort sous la Valley, mais là c'est vraiment pénible. Dix minutes à subir un assaut sonore qui me fait vibrer des pieds à la tête ont vite fait d'émousser ma motivation et je dois sortir de la tente pour que la musique devienne audible. Si le son devient supportable, l'ambiance n'est pas top. On profite bien moins d'un concert assis dans l'herbe au milieu d'une forêt de fauteuils pliants. Puisque je n'arrive pas à entrer dans le concert, je pars explorer le site et acheter ma carte Cashless.
SHINEDOWN (13h35 - 14h15 : Mainstage 1 par Le Patriarche)
Les formalités d'accès au site faites on s'approche de la mainstage 1 pour prendre notre première dose de Metal alternatif avec les américains de SHINEDOWN pourvoyeurs de hits pour les radios US. Brent Smith nous cueille à froid avec les incontournables "Asking For It", "Diamond Eyes". Le son est bon, le jeu de la guitare n'est pas écrasé par la section rythmique comme c'est souvent le cas. Le public qui n'est pas encore dedans a du mal à réagir aux nombreuses sollicitations de Brent Smith qui n'hésite pas à rejoindre les premiers rangs et les inviter à sauter en rythme. Trop tôt, et scène trop vaste pour profiter de ce set punchy. Un bon échauffement pour MASS HYSTERIA que j'irai voir plus tard.
14 heures, j'ai rendez-vous avec ALEA JACTA EST. Le groupe de Hardcore toulousain se produit le dimanche matin à la War Zone mais donne ses interviews le vendredi. Bon contact et bonne interview détendue même s'il est difficile de s'entendre dans la tente presse, collée à la Main Stage 1. (Rivax)
VICTIMS (15h05 - 15h45 : Warzone par Rivax)
Il fait encore frais et humide en ce début d'après-midi mais les plus enragés d'entre nous ont bravé le crachin pour venir piétiner l'herbe verte de la nouvelle War Zone pour le set de VICTIMS. Le quatuor de Punk Hardcore suédois jouit d'une solide fanbase dans le public à en croire les nombreux T-Shirt et vestes à patch portant le logo du groupe. En terme de logo, les gars de VICTIMS sont également dans le ton, le chanteur Johann Eriksson arbore un Tshrit DISCHARGE tandis que son comparse, le guitariste Jon Linqdvist porte les couleurs de BLACK FLAG. Et ce qui sort des amplis du combo est à la hauteur de ces glorieuses références. On n'en attend pas moins de la part de ce groupe fondé en 1997 dont le mot d'ordre est de ne jouer que du Hardcore. Avec un engagement pareil, VICTIMS ne trompe pas sur la marchandise. Malgré un bel ensemble furieux, et une énergie communicative, les chansons de la setlist on une fâcheuse tendance à toutes se ressembler. La faute à un son un peu trop mastoc et mal détouré, très oldschool lui aussi.
MASS HYSTERIA (15h50 - 16h40 : Mainstage 2 par Le Patriarche)
Entre furieuses et furieux, on vient se recharger en énergie positive et retrouver MASS HYSTERIA en pleine promotion de leur album Matière Noire. Mouss que je retrouve en bonne forme suite à la période de deuil qu'il a traversée il y a peu de temps, réitère les mêmes messages d'espoirs, et crache toujours sa rage à la face des politiques et des profiteurs de tous poils. Une débauche d'énergies, un gros son, entre Hardcore et Indus, un public conquis. Mouss se noie dans la foule pour se trouver au coeur d'un circle pit, entrainant avec lui ses guitaristes. De retour sur scène, il propose un wall of death à figurer dans le livre des records. Avec une setlist qui va de "Chiens De La Casse" à "Furia" on ne peut qu'être "Positif A Bloc" et se dire que c'est "Plus Que Du Metal".
ANTHRAX (16h45 - 17h35 : Mainstage 1 par Le Patriarche)
Nos thrashers des années 80 sont à nouveau là devant nous pour une prestation toujours aussi speedée. Jonathan Donais, guitariste qui a rejoint le groupe depuis 2013 a aisément trouvé sa place et s'impose dans des soli imparables, bien maitrisés. Scott Ian, au look aisément reconnaissable fait partie de notre mémoire collective, une référence en guitare rythmique. Joey Belladonna compense certaines faiblesses vocales par un jeu effréné de frontman courant en long en large de la scène, dépossédant le cameraman pour filmer lui-même le public, caméra sur l'épaule. Sur "Antisocial", le public chante à l'unisson, belle communion. Titre de TRUST à la réputation mondiale à l'image de "Comme D'Habitude" : "Eh ! oui ma petite dame, c'est du Made In France, je vous en mets deux kilos ?"
Joey Belladonna à l'approche du dernier titre "Indians" a repéré dans le public un fan abhorrant une coiffe de chef indien, et l'invite à lui prêter le temps du morceau, et c'est parti pour une danse tribale. ANTHRAX semble bien se sentir dans l'enceinte du Hellfest et nous le prouve par une énergie et une communication avec son public qui fait plaisir à voir. Cela n'a pas toujours été le cas, une lassitude semblant parfois s'emparer du combo.
VISION OF DISORDER (16h45 - 17h35 : Warzone par Rivax)
Une heure et quelques bières plus tard, je passe une deuxième couche de HxC avec VISION OF DISORDER. Le groupe fondé en 1992 foule pour la deuxième fois les planches clissonnaises. Il vient cette fois-ci défendre son dernier album, Razed To The Ground (2015) dans un set mêlant nouvelles compos et classiques absolus. La balance est un peu mauvaise sur les premières minutes, rendant le chant enragé de Tim Williams inaudible. Le frontman hurle à s'en faire péter les veines du cou et rien ne sort des amplis. Le son s'améliore après un petit quart d'heure mais le pit a du mal à se mettre dans l'ambiance, la faute à un groupe relativement statique et peu communicatif qui ne fait pas grand chose pour aider à l'immersion. Dommage, mais malgré ce manque de communication, car ça envoie du lourd sur scène et ce qui coule des enceintes est du miel pour mes oreilles.
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Entracte
Profitant d'un intermède entre deux concerts, je vais découvrir la statue hommage à Lemmy. C'est une sorte de pièce montée grumeleuse noire et ocre hérissée de zombies et squelettes au sommet de laquelle trône un Lemmy de bronze. Le chanteur esquisse une mano cornuto de la main droite et tient dans la gauche le sceptre du Hellfest. Au pied de la statue, une petite niche sert de chapelle ardente et aux côtés d'une paire de santiags offerte par la famille et de quelques bouteilles de Jack, les fans ont envoyé des souvenirs et de la menue monnaie.
INQUISITION (18h35 - 19h25 : Temple par Le Comte De La Crypte)
INQUISITION, ce sont deux types, Dagon et Incubus, qui, depuis plus de 20 ans, croient tout autant en leur musique que dans les valeurs satanistes qu'elle véhicule. En un mot : intégrité. Et lorsque certains comparent le chant de Dagon à celui d'un crapaud, celui ne s'en offusque pas, bien au contraire. En effet, à la différence de nombre de ses confrères qui ont opté pour le chant hurlé, il a tenu à se forger sa propre identité et si sa voix est comparée à celle d'un animal, c'est qu'il a atteint son but en lui ôtant toute humanité... Les growls porcins qu'on retrouve dans le Grind, c'est pas mal non plus pour évincer toute humanité, mais Dagon a un message à faire passer et celui-ci se doit d'être audible. L'avantage en n'étant que deux sur scène – un batteur et un chanteur-guitariste – c'est qu'il y a peu de risque que la guitare soit en retrait et c'est tant mieux car les riffs lancinants marquent aussi l'identité profonde du combo. Le show est statique, mais il n'en est que plus hypnotique... On en ressort un peu sonnés...
KILLSWITCH ENGAGE (18h35 - 19h25 : Warzone par Rivax)
Après les deux sets en demi-teintes de VICTIMS et VOD, j'avais vraiment besoin d'une bonne dose de Metalcore pour l'apéro. Un concert de Metalcore, ce n'est pas uniquement un bon chanteur et des riffs cool. C'est une ambiance d'ensemble. De la brutalité, de la rage sur scène et dans le pit. Des gens qui moshent, des slammeurs. Un bon concert de core, c'est une vague d'énergie qui déferle sur la Warzone et détruit tout sur son passage. C'est un concert qui se vit autant qu'il s'écoute. Et c'est un truc que les petits gars de Westfield, Massachussets savent bien gérer. Quand Jesse Leech pousse un de ses fameux hurlements bestial sur l'ouverture de “A Bid Farewell” en se cassant littéralement en deux comme pour faire sortir le monstre qui semble s'être lové dans ses entrailles, je sais que nous allons vivre un pur concert de Metalcore avec des morceaux bien couillus, tout en énergie dévastatrice. La discographie de KSE contient hélas quelques morceaux mous du genou où un chant clair et mielleux pose des lyrics sirupeux et la setlist en contient quelques uns. On se passerait bien de cette alternance de rudesse et de mollesse, mais ce sont heureusement de petites parenthèses dans un concert par ailleurs bien brutal. Le show de KSE ne serait sans doutes pas le même sans les interventions (cul)cul de Adam Dutkiewicz. Le guitariste géant à la voix de stentor ne perd pas une occasion pour sortir ses blagues sexistes et (à la longue) plutôt lourdingues. Le numéro de duettistes bien rôdé avec Jesse Leech qui joue les témoins de moralité (hou qu'il est vilain) est d'ailleurs un peu forcé également. Cependant, l'un dans l'autre, on peut dire que KILLSWITCH ENGAGE a bien retourné la Warzone.
SACRED REICH (19h30 - 20h25 : Altar par Rivax)
Un backdrop représentant un soldat zombie, des paquets d'enceintes encadrant un gros kit de batterie et une salle bien chaude et bien remplie. Tout est en place pour l'entrée en scène des vétérans de SACRED REICH. Même si c'est la troisième fois qu'il foule les planches de Clisson, le groupe de Thrash new-yorkais séparé en 2000 donne si peu de concerts que chaque occasion est un événement à marquer d'une pierre blanche. Le groupe s'installe sur fonds de “Ainsi parlait Zarathoustra”, et démarre son set avec “The American Way” classique, archi connu mais toujours aussi efficace, suivi sans temps mort par un “Death Squad” d'anthologie qui voit le pit exploser en pogos de furieux. Le concert se poursuit avec une setlist qui pioche dans la courte discographie du quatuor en proposant une à deux chansons de chaque album. Phil Rind (basse, chant) ne loupe pas une occasion de communiquer avec le public : “This is a song from our very first album, who's got it” ou “Is everybody having a good time in Hellfest”. Les autres musiciens se contentent de se défoncer sur tous ces morceaux qui n'ont pas pris une ride et que les new-yorkais prennent un plaisir communicatif partager avec un public connaisseur. Phil Rind annonce une chanson qu'ils ne jouent pas souvent avant de demander “Is anybody have the Heal Record?”, puis, faisant mine de compter les quelques bras qui se sont levés, “All seven of you will know this song”. Le groupe balance alors “Heal”, l'un des morceaux les plus badass du répertoire de SACRED REICH. Rythmique pachydermique, riff en mode tronçonneuse, lyrics rentre-dedans, soli de guitare, un grand moment de Thrash. Voila une demi-heure que le set a commencé quand retentit une sirène d'alerte au bombardement aérien qui s'étire sur une longue minute avant que vienne s'y superposer le riff signature de “War Pigs”. Une cover de BLACK SABBATH particulièrement jouissive et énervée. Après ce qui pourrait ressembler à une apothéose, le set se poursuit avec l'excellent “Who's To Blame”. A la fin de la chanson, Phil Rind, décidément très en forme, sort une longue tirade pacifiste à l'issue de laquelle il demande à chaque spectateur de se tourner vers son voisin pour lui faire un câlin. Le public ne se fait pas prier et joue le jeu à fonds avant que le groupe entonne ses deux dernières morceaux, “Independant” et “Surf Nicaraga”.
SACRED REICH (19h30 - 20h25 : Altar par Stef.)
Il est 19 heures 30, H+10 après le début de l'apéro, quand un curieux magma de fidèles, de curieux et d'experts se masse devant la Altar. La raison de l'attroupement ? SACRED REICH ! Ce nom ne parlera surement ni d'Eve, ni d'Adam à nos lecteurs nés après 1990, où alors faut-il aimer le Metal depuis ses 6 ans pour avoir pu apprécier comme il se doit le dernier album des américains, Heal, paru en 1996. Car qu'on se le dise, SACRED REICH demeure un nom, un nom qui aura bercé la jeunesse de notre chef vénéré, un nom qui aura sévi pendant une grosse quinzaine d'années dans l'ombre du Big Four, rigolant au nez et à la barbe du système U.S et déversant sur quatre albums magistraux (dont l'incontournable The American Way, 1990) son fiel thrashy et nerveux. Le combo déboule sur le célèbre air du "Ainsi Parlait Zarathoustra" de Strauss, une façon comique et décalée de soigner son arrivée. Car rassurez-vous, les fioritures sont laissées au vestiaire. Il y a pour eux le plaisir simple et inaltérable d'être là, et de jouer. D'ailleurs, le bien-portant Phil Rind débarquera sur les planches avec une banane jusqu'aux oreilles (qu'il ne quittera plus) et clamera son amour pour la France juste avant "Love… Hate", preuve s'il en fallait une que SACRED REICH, bien qu'engagé, cherche aussi à divertir et à diffuser du fun taille XXL à son public. Rayon setlist, on redécouvre les classiques : "The American Way" en ouverture, puis "Death Squad", "Ignorance", le furieux "Blue Suit, Brown Shirt" ou la redondante reprise du "War Pigs" de BLACK SABBATH. Tout y passe au rythme d'un Thrash Metal souriant, agréable, décomplexé et teinté de sarcasme. La recette, peut-être élimée par le temps, conserve néanmoins ses ingrédients phares ; guitares ciselées, basse grondante, rythmiques galopantes, agrémentés d'un feeling particulier avec le pit, ce qui rend le show de SACRED REICH foncièrement sympathique et lui confère sa qualité première : assoiffer le magma de fidèles, curieux et experts de bière et d'hymnes Thrash un peu cultes sur les bords.
VOLBEAT (20h45 - 22h00 : Mainstage 1 par Le Patriarche)
On retrouve une nouvelle fois VOLBEAT au Hellfest. Beaucoup d'attente et d'impatience à les revoir. Mais bizarrement cette année, la communion ne se fait pas, trop loin pour recevoir l'hostie, foule trop dense pour amorcer quelques pas de danse dans un esprit bon enfant avec les copains. VOLBEAT est en tournée pour promouvoir son dernier album Seal The Deal And Let's Boogie. Michael Poulsen fait sa petite blague au public comme au Download : "je vais retirer mes protections auditives pour mieux vous entendre, mais attention certains se font virer de leur groupe après avoir perdu une partie de l'ouïe et j'ai pas envie qu'Axl Rose vienne chanter dans VOLBEAT". Le combo fait bien son boulot, et délivre son cocktail de Rock'n'Roll, de Boogie, de Country, de Punk, de Thrash. Rob Caggiano a toujours son bonnet noir, les codes vestimentaires sont respectés, et plaque ses riffs pesants entrecoupés de groove bien senti.
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Entracte
Après ce concert au top, il faut un petit temps calme histoire de digérer la grosse baffe qu'on vient de se prendre. Je rate donc THE ARRS venus remplacer ARCHITECTS au pied levé. Les parisiens ont profité de ce second passage au Hellfest à un horaire optimal pour défendre leur dernier album, Khronos, sorti fin 2015. Il parait que le set était super, petit regret donc mais j'ai choisi de tenir compagnie à des potes en faisant 45 minutes de queue pour acheter un hot dog tiédasse que j'ai mis la soirée à digérer. Pendant mon repas, la nuit tombant, j'assiste émerveillé à l'illumination du site. Les bénévoles allument un à un les photophores, les superstructures dominant les bars crachent des jets de flammes polychrome. On embrase également les foyers autour desquels des artistes commencent à danser tandis que, dans la petite forêt, un ingénieux système de lanternes et de paravents diffuse une lumière tamisée et colorée. Afin de ne pas être trop mal placé pour le concert de RAMMSTEIN, je prends position sur un petit promontoire qui me permet de dominer légèrement la forêt de têtes qui s'étend entre ma place et la Main Stage 1, au loin. (Rivax)
RAMMSTEIN (23h10 - 00h40 : Main Stage 1 par Rivax)
Une minute avant le show, les écrans s'allument et un décompte égrène les 60 dernières secondes. Lorsque le compteur arrive à zéro. Un feu d'artifice crève le toit de la Main Stage 1 et un énorme nuage de fumée rose assombrit le ciel, la scène jusque-là plongée dans l'obscurité s'illumine. Un décor métallique à étages apparaît. C'est la même configuration que pour tous les concerts de RAMMSTEIN avec, la section rythmique et le clavier installés sur une estrade au fonds de la scène. Les premières mesures d'un morceau inédit retentissent tandis que Richard Z. Kruspe et Paul Landers, les deux guitaristes, apparaissent sur des plateformes surélevées qui les dépose sur la scène. Till Lindeman fait son entrée sur un petit air de claquettes qui se termine en pétarade. Le frontman porte une tenue rappelant celle du Live aus Berlin (1999). Cheveux teints en gris acier, visage blême, mains sales comme s'il avait monté lui-même le décor et accoutrement cyberpunk, moitié Mad Max moitié soudeur à l'arc. La chanson qui ouvre le set, "Ramm4", est un inédit dont les lyrics sont constitués des titres de toutes les chansons du répertoire de RAMMSTEIN entrecoupés d'un couplet simpliste et fédérateur "Ya, Nein, Rammstein". Le groupe n'ayant rien sorti de neuf depuis 2009, la setlist rappelle en bien des points celles des derniers concerts que RAMMSTEIN a donné en France en 2013. Les fans de lance-flammes restent un petit peu sur leur faim, le groupe ayant dû adapter son show à la configuration festival. Beaucoup d'effets pyrotechniques sont remplacés par des jeux de lumière de toute beauté mais bien moins ébouriffants que ce que le groupe est capable de faire avec une allumette et un jerrican d'essence. Moins de feu, plus de light show et pour le reste, à peu de choses près les mêmes effets que sur la tournée "Liebe ist für alles da". Les lance-flammes bucaux sur "Feuier Frei", l'arc de feu sur "Du Reichst so Gut", la transformation de Flake en homme scintillant après s'être fait inonder d'étincelles par Till ou la spectaculaire et poétique armature d'ange endossée par le chanteur sur "Engel". La setlist traverse toute la discographie des allemands mais privilégie Mutter (6 extraits) et Reise Reise (3 extraits). Les chansons les plus posées du répertoire sont laissées de côté, RAMMSTEIN ayant choisi de privilégier les morceaux qui mettent le feu, y compris "Stripped", la cover de Depeche Mode que le groupe n'avait plus joué en live depuis 2005.
Un set très spectaculaire à défaut d'être vraiment surprenant mais qui offre quand même son lot d'émotions et de moments d'anthologie. Le seul point noir de ce concert, c'est le public un petit peu trop dense. Le parterre de la Main Stage était en effet plein comme jamais auparavant, la foule compacte s'étendant jusqu'au pied de l'arbre du Hellfest. Après ces trois heures passées debout, en tension perpétuelle, mon organisme réclame un siège et une bière de toute urgence, je choisis donc de me replier lâchement vers le bar le plus proche. Rideau sur la première journée.
KVELERTAK (00h20 - 01h50 : Warzone par Le Patriarche)
A minuit, sous l'oeil perçant du hibou, hôte de la nuit, on gagne la Warzone pour revoir ou découvrir KVELERTAK, groupe norvégien, qui fait l'objet en ce moment de beaucoup d'intérêts de la part des médias spécialisés et de metalleux en quête de nouvelles sensations. Les influences musicales sont nombreuses pour un résultat ébouriffant. On y perd nos repères, plus rien n'est à sa place, rien n'est là où on l'attend, KVELERTAK le Picasso du Black Metal Rock. Erlend Hjehvik, au chant, avec sa fougue vous dégèle un iceberg en moins de temps qu'il vous faut pour finir votre esquimau. Le groupe assure la promotion de leur dernier album Nattesferd. Le titre "Mjodn" fédère tous les fans présents, amassés devant la scène. Le chanteur Erlend Hjelvik a laissé tomber le maillot, et en fin de set il agite un immense drapeau noir et arpente la scène de long en large. Fiez-vous à mon étendard ! La présence des trois guitaristes apporte avec évidence un relief dans chacune des interprétations. Une belle façon de terminer la première journée de cette onzième édition.
ABBATH (00h50 - 01h50 : Temple par Line44)
Et voilà notre gros nounours d'ABBATH qui arrive en grommelant comme à son habitude. Un chat est toujours visiblement coincé en travers de sa gorge, mais nous n'en sommes pas fâchés, c'est un des points qui le caractérisent si bien. Peu de blabla tout de même on entre vite dans le sujet.
Bon on ne va pas revenir sans cesse sur le fait qu'il (ABBATH) est l'un des membres fondateurs d'IMMORTAL puisque de toute façon en assistant au concert ce soir-là on est effectivement frappés par la ressemblance, et oui qu'on se le dise, monsieur ABBATH n'a pas changé un poil de registre et c'est tant mieux puisqu'il le fait avec tant d'aisance.
On passera toutes fois sur cette énorme farce qu'était la reprise du titre tant adoré "Tyrants" qui fut saccagé dès les premières notes pour être interrompu tout aussi rapidement. Et tout ça pourquoi ? Pour un récital de vocalises des plus ridicules.
Cette attitude clownesque aura au moins eu le mérite de lui accorder une petite pause et aura bien amusé les moins exigeants d'entre nous.
Bon nous devons bien admettre que tout le reste fut à la hauteur, une ambiance qui n'était pas sans nous rappeler les excellents sets d'IMMORTAL.
Prestance, blast beat et lourdeur à n'en plus finir. Un régal pour les amoureux des débuts du norvégien.
THE OFFSPRING (00h45 - 02h00 : Mainstage 2 par Le Comte De La Crypte)
Le Hellfest est connu pour sa programmation éclectique, ce qui lui fait faire des grands écarts que même Jean-Claude Van Damme aurait mal aux adducteurs. Ainsi, certains diront qu'un groupe comme THE OFFSPRING n'a pas sa place au Hellfest, car ses racines ne sont pas dans le Metal. Il est vrai que les Californiens pratiquent un Punk US assez inoffensif, parfois insolent mais essentiellement radio-friendly. Mais en 1994 – à part les puceaux du fond qui tétaient encore leur mère – qui a échappé à la vague de leur troisième album Smash, qui s'est écoulé à plus de 10 millions d'exemplaires dans le monde ? La setlist proposée permettait en outre, en commençant par quelques hits ("Come Out And Play"), avant de partir sur des titres réservés aux fans (car pour apprécier "Original Prankster", il faut sûrement être fan...), pour conclure sur des classiques ("Pretty Fly", "The Kids Aren't Allright" et "Self-Esteem"), de ne participer qu'à une partie du show sans rater l'essentiel. Un bon moment régressif.
Bilan du Vendredi 17 juin 2016 pour le Patriarche
- Révélation : KVELERTAK
- Coup de coeur : Pour la famille de Boussay qui s'est improvisée "accueil festivaliers" pour compenser les lacunes de la centrale de réservation Accor Hôtels.
- Déception : En vieux réac, je regrette de plus en plus le Hellfest d'antan.
Bilan du Vendredi 17 juin 2016 pour Rivax
- Favori : SACRED REICH
- Découverte : HAVOK
- Déception : WO FAT
Bilan du Vendredi 17 juin 2016 pour Le Comte De La Crypte
- Coup de coeur : KVELERTAK
- Déception : trop de monde pour apprécier les têtes d'affiche (cela vaut pour RAMMSTEIN et cela vaudra pour MEGADETH, que je renoncerai d'ailleurs à aller voir alors qu'il a bercé mes premières années métalliques)
Bilan du Vendredi 17 juin 2016 pour Line44
- Coup de coeur : INQUISITION
- Déception : RAMMSTEIN
Bilan du Vendredi 17 juin 2016 pour Stef.
- Moment marquant de la journée : Voir RAMMSTEIN et mourir.
- Révélation : KAMPFAR
- Coup de coeur : N'ayant pas pu faire le déplacement lors de l'édition 2015 et sachant que j'y passerai les trois quarts de mon temps, découvrir la réorganisation côte-à-côte des scènes Altar et Temple fut un vrai coup de coeur !
- Déception : Voir RAMMSTEIN de très, très, très, très loin et mourir. DROPKICK MURPHYS qui n'avait pas grand-chose à faire là, et encore moins à cette heure. SOLEFALD, un peu chelou avec son peintre, trop conceptuel à l'heure de la sieste.
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Samedi 18 juin 2016
Le samedi, nous somme à pied d'oeuvre dès midi et à 13 heures, je retrouve Yves Cessinas et Fred Giraud des SALES MAJESTES pour une interview très Punk. On dirait bien que les organisateurs ont organisé une journée à thème sur la Warzone ce samedi car depuis les SALES MAJ' jusqu'à LUDWIG VON 88 en passant par DISCHARGE, UK SUBS ou THE TOYDOLLS, les représentants de la scène Punk Oldschool se retrouvent aujourd'hui sur une scène qui était plutôt orientée Hardcore vendredi et qui se tournera résolument vers le Crossover et les styles hybrides le dimanche. (Rivax)
HANGMAN'S CHAIR (11h40 - 12h10 : The Valley par Le Patriarche)
11h40, c'est jouable ! Je ne veux pas rater la prestation des parisiens d'HANGMAN'S CHAIR. J'ai interviewé Mehdi et Julien hier soir à 18h. Leur sympathie, et leur démarche sincère, dépourvue de calcul donnent envie de partager ce moment live avec les fans de la première heure. Le groupe enchaine les festivals d'été pour promouvoir leur quatrième album This Is Not To Be Positive. Cet album a indéniablement permis au combo de prendre une nouvelle dimension, et susciter un intérêt parmi les amateurs de gros sons, ambiance sombre qui s'enrichit parfois de quelques mélodies portées par la voix captivante de Cédric au timbre agréable. HANGMAN'S CHAIR a hérité de l'étiquette Stoner/Doom. En les écoutant vous comprendrez qu'ils savent s'en affranchir. Sur scène, pas de guillotine reprenant le visuel de la pochette du dernier album, on la découvre toutefois sous forme d'un tatouage rouge sur l'avant bras de Cédric qui porte aussi le t-shirt aux couleurs de ES LA GUERILLA, les cendres fumantes de Metalcore d'où est né le combo actuel. Le groupe enchaine "Dripping Low", "No One Says Goodbye Like Me", "Cut Up Kids", "Flashback", et "The Rest Is Silence", la setlist idéale pour revoir HANGMAN'S CHAIR ou les découvrir.
CROBOT (12h50 - 13h30 : The Valley par Le Patriarche)
Le charismatique Brandon Yeagley embarque tout le monde dans son Heavy Rock'n'Roll, et enchaine les titres comme "The Necromancer", "Easy Money", indomptable comme il est ce combo américain n'est décidemment pas à vendre et assure la promotion de son Not For Sale avec beaucoup d'énergie. Pour les fans de BD, sachez que vous pourrez prochainement retrouver les planches narrant l'univers de la Legend Of The Spaceborne Killer qui date de 2014. La musique proposée fédère les jeunes et moins jeunes par ses sonorités années 80, on y retrouve même l'harmonica joué par Brandon, certes il n'y a rien d'innovant mais seule l'envie de passer un bon moment prime en cet instant.
DARK FORTRESS (13h35 - 14h15 : Temple par Line44)
Rien ne pouvait me faire déserter la Temple en ce début d'après-midi du samedi. Il faut bien avouer que la concurrence des autres scènes n'était pas très alléchante. Bref passons, j'ose espérer, à juste titre, que les indécis auront eu le courage d'errer jusqu'aux méandres de ce havre obscur pour y découvrir les allemands de DARK FORTRESS.
Moi je les attendais impatiemment, persuadée de l'émotion que j'allais ressentir en les voyant en live pour la première fois. Je ne suis pas de ses groupies idiotes qui vocifèrent des éloges sur leurs idoles même lorsque ces dernières dégueulent un set bâclé ou inaudible.
Alors en toute objectivité je vous dirais qu'effectivement, en début de prestation, Morean (chant) peine à se faire entendre, ce n'est pourtant pas faute d'essayer... Les choses rentrent petit à petit dans l'ordre à notre grand soulagement. Il aurait été dommage et peut-être même fatal de ne pas jouir pleinement de son organe vocal tant il y met du coeur. Les claviers aussi sont tout justes perceptibles, mais là encore, comme un diesel, après un temps de chauffe, ils exultent fièrement.
Le jeu de scène est sobre, loin des clichés connus des groupes de Black. Un grimage discret, des tenues noires sobres, sans accessoire excessif (comme bien souvent), un drapé (pochette de l'album "Venereal Dawn") pour le moins ridicule aux vues de la grandeur de la scène, rien n'est fait pour épater la galerie. Là c'est certain ils vont tout miser sur la prestation. Félicitations messieurs, vous avez effectivement gagné à ne concentrer vos forces que sur le jeu.
La qualité de ce concert égal en tout point la qualité du studio avec l'envoûtement en plus. Des riffs qui vous déchirent la nuque, cette lourde froideur qui vous parcoure l'échine, l'auditoire est absorbé, possédé. Les non-initiés ressortiront avec l'envie de creuser davantage ce qui se cache derrière un combo aux capacités si larges. La palette est vaste, allant du morceau lancinant, à la compo flirtant avec le Black'N'Roll.
DARK FORTRESS et son pouvoir à, tantôt nous bercer, nous hypnotiser, et tantôt nous habiter d'une hargne extrême. Si ce n'est déjà fait, sortez de vos contrés douillettes et rassurantes pour parcourir l'univers des bavarois.
MANTAR (14h20 - 15h00 : The Valley par Le Patriarche)
MANTAR, un duo qui s'est encanaillé sur les docks d'Hambourg, et dans les bars enfumés du port avec son Sludge Punk. Sur scène, à Clisson, les embruns de la mer du Nord vont vous parvenir et vous fouetter le visage. Lors des réglages des balances, on s'étonne de voir installés en vis-à-vis le micro de Hanno et la batterie d'Erinc semblant ignorer le public sur le côté. C'est majoritairement de profil que le duo déroulera son set, nous jouant entre autres "Era Borealis" de leur dernier album Ode To The Flame paru sous leur nouveau label Nuclear Blast. Tout est animal et surexcitation chez Hanno qui ne s'économise pas, possédé comme à l'époque des STOOGES et MC5.
DISCHARGE (15h05 - 15h55 : Warzone par Rivax)
Les vétérans du Punk anglais nous livrent un set dans les règles de l'art, projetant le public trente ans en arrière. Des chansons brûlots, un jeu de scène minimaliste, une musique directe, sans chichis et un poil répétitive. Sur scène, le frontman Jeff Janiak vocifère sa haine, torse nu et musclé, tatouages de taulard, ceinture cloutée et crête au vent. Bien que les anglais aient sorti un nouvel album cette année (après huit ans de silence), la setist n'en propose qu'un seul extrait contre huit du référentiel Hear Nothing See Nothing Say Nothing. Comme d'habitude, il ne faut pas longtemps au public pour se mettre dans le bain et les premiers rangs sont, comme toujours, très engagés, les pogotteurs pogottent et les slammeurs voltigent. Je me suis installé à quelques rangs de la limite des circle pit et je constate que, mis à part le pit, le reste de l'assistance n'est pas à fonds dans le concert. Pas mal de spectateurs assis, qui n'écoutent pas vraiment, beaucoup de gens qui quittent la Warzone qui se vide petit à petit de son public au fur et à mesure que les anglais enfoncent leur clou. J'ai moi-même un petit peu de mal à entrer dans ce concert Punk jusqu'à la caricature.
TORCHE (15h50 - 16h40 : The Valley par Le Patriarche)
Alors que certains s'approchent de la Mainstage 1 pour aller danser enlacés des slows sur FOREIGNER, je me colle à la barrière de la scène de la Valley pour ne pas rater TORCHE et m'immerger dans un bon Rock Stoner de la Floride, et fermer les yeux en rêvant au sable chaud de Miami. Bien placé devant la scène, je profite du jeu des guitares de Steve Brooks, et Andrew Elstner sur un fond de lumière rouge. TORCHE nous offre une setlist avec des titres comme "Sandstorm" en ouverture, "Grenades", "Loose Men", ... rien de nouveau mais on reste en famille, des riffs, un gros son qui nous vont bien.
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Entracte
Je retrouve Pierrick Valence, le chanteur de PHAZM (interview). Son groupe ne se produit pas au Hellfest cette année mais le nancéen a fait le déplacement pour promouvoir son quatrième album, Scornful of Icons. Une bien belle rencontre en attendant de voir le groupe à la rentrée sur la scène du Fall Of Summer. Je rejoins ensuite Charlu et Jean-Mi, deux des quatre LUDWIG VON 88 pour une interview brève (moins de dix minutes) mais très intéressante au cours de laquelle ils m'ont fait revivre l'âge d'or de la scène alternative française. (Rivax)
WITH THE DEAD (17h40 - 18h30 : The Valley par Le Patriarche)
Ceux qui ont grandi avec CATHEDRAL et qui veulent vénérer Lee Dorian ressuscité, grand prêtre du Doom, sont forcément là. Lee Dorian est entouré de ses apôtres venus d' ELECTRIC WIZARD et de BOLT THOWER. Dans la setlist on retrouve entre autres "Crown Of Burning Stars", "The Cross", "Living With The Dead", pour clôre avec "Screams From My Own Grave". Lee Dorian en contre-jour, sur un fond de fumées, tel l'encens de l'autel, oscille comme le serpent hypnotisant les fans qui se trouvent dans son angle de vision, pris au piège, paralysés. Image reptilienne. La musique distille son poison dans le sang, devenir noir, boisson de prédilection des vampires, les veines se sclérosent, le foie est depuis longtemps bouffi par la cirrhose : "Prepare To Die".
THE TOYDOLLS (18h35 - 19h25 : Warzone)
Encore un groupe Punk anglais qui a eu son heure de gloire dans les années 80. Comme DISCHARGE, me direz-vous. Certes, mais la comparaison s'arrête là. THE TOYDOLLS est un ensemble de joyeux lurons qui ont plus à voir avec Benny Hill qu'avec le Punk militant. Costards gris, cravates rouges, tignasses peroxydées en pointe, chorégraphies et jeu scénique rigolos, le trio de Sunderland joue à fonds la carte de l'amuseur de galerie et ça marche, le public répondant au quart de tour. C'est aussi la carte de la nostalgie qui sort ce soir, avec une majorité de chansons tirées de Dig That Groove Baby, le debut album de 1983 que l'assistance connaît sur le bout des doigts et reprend régulièrement en choeur. C'est donc un set rigolade qui vient mettre une première parenthèse de fun en attendant celui nos compatriotes de LUDWIG VON 88 qui sera tout aussi déconnant, quoique dans un genre un peu différent. N'étant pas particulièrement branché par la gaudriole, je quitte cette ambiance cotillons pour l'Altar que le groupe hollandais ASPHYX est sur le point de démolir à coup de riffs et de Death growl. (Rivax)
Si pour des oraisons funèbres, une bande son de WITH THE DEAD est tout indiquée, vous pouvez, pour le spectacle de fin d'année de votre Comité d'Entreprise faire appel à THE TOYDOLLS, perruques oranges, grosses lunettes rouges ou vertes, costumes de clown aux couleurs bigarrées, et leur punk festif à faire toute la nuit la nouba avec la frigide Jeannine, secrétaire du Boss.
C'est sur le conseil d'un copain festivalier que je suis allé jeter un coup d'oeil sur la Warzone, et il m'a sauvé la vie car j'allais me flinguer après le set de Lee Dorian, pas d'autres alternatives avec lui... Depuis tout a changé, j'ai une carte de fidélité au magasin Bamboula-Mégafêtes.
Le titre "Harry Cross" tourne en rond dans ma tête. J'ai raté le concert des TOYDOLLS du 27 décembre 1989 au club Quattro à Tokyo, je me rattrape aujourd'hui en écoutant "She Goes To Finos", "Glenda & The Test Tube Baby", "Wipe Out" avec toujours le charismatique chanteur, guitariste Olga, membre originel de ce groupe britannique depuis octobre 1979. Le public est déchainé, tout ce qui passe sous sa main vole, les copeaux de la Warzone volent en confettis dans le ciel, et sur les festivaliers bons enfants. Les premiers rangs sont à la fête, agitant des drapeaux, lançant des bouteilles d'eau quand Olga revient sur scène avec une bouteille géante gonflable... A maintes reprises, sur les refrains, petites chorégraphies entre le guitariste et le bassiste, pas de danse synchro, tout cela sans se prendre au sérieux le moindre du monde. Belle ambiance, beau moment de détente où l'on se sent entre copains à refaire les rituels de la grosse déconne au lycée. (Le Patriarche)
ASPHYX (19h30 - 20h20 : Altar par Rivax)
"We're ASPHYX from Netherland and we're playing Death fuckin' Metal". En une phrase, l'ogre Martin Van Drunen met les choses au point. Si vous voulez en prendre plein la gueule, vous êtes bien tombés car ça joue très fort sous l'Altar. La musique nous arrive dessus par tous les côtés. Face à la scène, devant la console de l'ingé son, je reçois les rythmiques par tous les pores, ressentant la musique qui fait vibrer mon organisme. L'impression s'atténue peu à peu, le son baissant d'un iota pour atteindre une fréquence humainement supportable, mais la déferlante de son est énorme et bien méchante. C'est une pure leçon de Death que les battaves assènent au public clissonnais et qu'on soit ou non familier avec leur répertoire, on ne peut qu'adhérer à ce set hallucinant de brutalité positive.
ASPHYX (19h30 - 20h20 : Altar par Stef.)
De mon point de vue, il n'y aura pas eu de véritable claque dans la gueule lors de ce Hellfest 2016. Quelques déceptions, beaucoup de bons concerts, quelques très bons concerts. ASPHYX a manqué de peu de sortir du lot et de devenir THE groupe qui m'aura scotché sur place, et, du fait de son échec, demeurera néanmoins l'un de mes meilleurs souvenirs de cette édition. Déjà présents sur l'affiche de 2013, les néerlandais sont comme chez eux sous les armatures de la Altar, et la foule considérable qui s'agglutine tout près de la scène atteste d'ailleurs de l'aura intacte de la bande à Martin Van Drunen. Ce dernier arrive sous les vivats, habillé d'un t-shirt PUTRID OFFAL (pas un hasard si vous voulez mon avis) et commence par des politesses sur le Hellfest dans un français plus que correct avant d'envoyer la sauce avec l'incroyable "Intro The Timewastes", le même qui donnait le la de Deathhammer, nous rappelant qu'ASPHYX n'a plus rien sorti depuis déjà quatre trop longues années. Gras et mastoc, le Death Metal des bataves n'en oublie jamais son penchant affirmé pour le Doom, ce qui lui confère sa saveur unique. Ceci étant, le groupe n'est plus un jeune premier et pour trouver un peu de nouveauté, mieux valait décortiquer le line-up actuel puisque la vraie curiosité de ce show était pour moi de voir jouer pour la première fois ASPHYX avec Tormentor, arrivé derrière les fûts en 2014 en remplacement de Bob Bagchus. Et il faut dire que le garçon, outre ses expériences avec DECAYED, DESASTER ou encore METALUCIFER, a du métier. L'alchimie entre les membres opère sur le public qui exulte en profitant des coups de boutoir d'une "Food For The Ignorant" sortie du placard ou de "The Rack", vieille de 25 ans mais qui n'a pas pris une seule ride. Le spectacle est jubilatoire. A une seule guitare, les mecs piétinent leurs adversaires de précision et de force, emmenés par un Martin toujours en grande forme et dont la voix si particulière, animale, donne tout son cachet au groupe. ASPHYX, bientôt trentenaire, a toute la vie devant lui. Et pourvu que "Last One On Earth" résonne encore longtemps sous les tentes de Clisson !
MOONSORROW (20h25 - 21h15 : Temple par Line44)
Je me souviens des premières éditions, à regret, où les tentes narguaient leurs poteaux centraux comme les mâts d'un navire viking (et oui mais ça c'était avant), et où les guerriers se hissaient armés des drapeaux de leurs nations aux premières notes d'un MOONSORROW guerrier et combattant.
Aujourd'hui les choses ont changé, les normes de sécurité ne laissent plus la part belle à ce folklore si typique et fantaisiste du Pagan. Les mâles les plus rustres trinquent à coup de cornes emplies de bière. Alors tout laisse à penser qu'on va moins s'amuser ou en tout cas moins festoyer. Et pourtant...
Erreur, le groupe entame un set prometteur avec un titre issu d'un de leur meilleur album (Kivenkantaja) "Raunioilla"et l'ambiance est épique dès les premières secondes. Les fans de la première heure sont là et entonnent avec eux le dialecte des Finnois le poing levé. Ils ont donc planté le décor, on sait à quoi on aura à faire pour l'heure qui vient.
La fraternité, au coeur même de leur chant en duo, transpire déjà sur l'assemblée qui ne cesse de frapper dans ses mains aux rythmes festifs des récits qu'ils sont venu nous conter.
MOONSORROW c'est ça. Nul besoin de fioritures, et ce que la modernité et l'évolution ont ôté de plus majestueux au Hellfest n'a pas d'impact sur nos cinq conquérants.
Ils oscillent du nouvel album aux plus anciens sans difficultés, offrant toute leur aisance dans le style et peuvent se vanter une fois encore d'électriser tout le monde. La prestation va passer tel un éclair nous laissant même un peu sur notre faim, comme s'ils n'avaient pas terminé leur mission. Messieurs nous en voulions encore.
TERRORIZER (21h20 - 22h10 : Altar par Stef.)
Du culte ! On veut du culte ! Encore du culte ! Pour les amateurs, impossible de louper le show TERRORIZER, car TERRORIZER, c'est l'épicurisme sous sa forme la plus extrême, c'est la fève de cacao brute, d'abord amère pour le palais non-exercé, puis raffinée, douceâtre, exquise, fruitée. Il faut savoir l'appréhender pour mieux la savourer. Pour replacer les choses dans un contexte moins exotique et ne retenir qu'un fait d'armes, sachez que TERRORIZER aura sorti l'un des albums les plus incontournables de l'histoire du Metal extrême avec l'hyper-minimaliste World Downfall en 1989, marquant à jamais le Death / Grind léché de Punk au fer rouge. Le reste, qu'il s'agisse de Darker Days Ahead en 2006 ou de Hordes Of Zombie en 2012 oscille entre le moyen et le pas trop mauvais. On l'aura compris, tout s'est joué il y a bientôt trente ans, et en 2016, TERRORIZER reste un groupe marginal, pour ne pas dire incompris. Le public est clairsemé (on dira volontiers qu'il ne se mélange pas aux torchons, WITHIN TEMPTATION et BRING ME THE HORIZON se partageant le même créneau), les spots virent au rouge sang et le trio investit la scène. Austère mais puissante, antipathique mais brûlante, la musique des californiens envoie marrons sur marrons dans la fosse, avec notamment les indécrottables classiques de World Downfall : "After World Obliteration" qui ouvre leur set, "Storm Of Stress", "Fear Of Napalm", "Human Prey", "Corporation Pull-In", les cinq premiers titres de l'album sont joués, et dans l'ordre ! Mais la side-B de leur chef-d'oeuvre est aussi à l'honneur avec "Ripped To Shreds", "Injustice", "Infestation" ou "Enslaved By Propaganda"... preuve s'il en est que le groupe lui-même, délaissant sans vergogne ses deux autres opus, à conscience de l'importance majeure du disque sorti en 89. Sans un mot ou presque pour ses fans, le trio joue très fort, très vite, de façon presque trop statique pour du Death / Grind, mais le sentiment d'assister à un show marquant est omniprésent, et le bonheur de voir Pete Sandoval s'éclater derrière ses fûts, planqué sous sa casquette, reste un moment clé de mon festival. Pour ce show nickel, conforme au statut légendaire de TERRORIZER en tant qu'entité, rien ne m'aurait persuadé que j'aurais mieux fait d'aller voir les pleureuses sur les Mainstages. Un concert d'hommes, de vrais !
HERMANO (21h20 - 22h10 : The Valley par Rivax)
Ce groupe fondé par John Garcia en 1998 joue pour la première fois en terre clissonnaise même si son leader est quant à lui déjà venu à plusieurs reprises avec ses autres formations, notamment UNIDA en 2014. Nous avions gardé en mémoire ce set en demi-teinte durant lequel le chanteur semblait un peu ailleurs. Heureusement, ce soir, John Garcia est à 200 pourcent au taquet et nous sert un show pleurant le groove par toutes les enceintes et électrise un public chaud bouillant qui sait reconnaître un moment d'exception. La scène est d'une sobriété monacale. Pas de backdrop, des éclairages blancs qui jouent sur les contrastes et les ombres, un jeu minimaliste mais un plaisir manifeste d'être là ce soir. Tout de noir vêtu, John Garcia est égal à lui-même. Humble, habité, magnétique. Dans la setlist qui pioche dans les trois albums du combo vient se glisser une petite nouveauté inédite en milieu de set, laissant espérer que ce concert puisse annoncer une réactivation du groupe dont le dernier projet date de 2007. Même si le concert met le feu à la Valley on aurait bien aimé une ou deux cover de KYUSS en souvenir du bon vieux temps mais ce soir la setlist est 100 pourcent HERMANO.
TWISTED SISTER (23h00 - 00h15 : Mainstage 1 par Le Comte De La Crypte)
Je n'ai jamais vraiment écouté TWISTED SISTER, j'ai bien dû avoir une oreille qui traînait lors de leurs précédentes venues au Hellfest, en 2010 et 2013, mais rien de plus. J'ai donc droit à une ultime chance pour une séance de rattrapage puisque, après 40 ans de bons et loyaux services, le blondinet Dee Snider et sa bande vont raccrocher les gants. Et Dee Snider tient d'ailleurs à mettre les points sur les "i" au début du show : ceci n'est pas qu'une annonce (à visée lucrative ?), comme peuvent le faire SCORPIONS, AEROSMITH, BLACK SABBATH ; 2016 consacrera bien la fin de TWISTED SISTER. Certes, le groupe a été profondément marqué par le décès en 2015 de leur batteur AJ Pero (remplacé pour l'occasion par l'incontournable Mike Portnoy), mais ce show ne sera pas mis sous le signe de la nostalgie larmoyante mais bien sous celui de l'énergie communicative. A plus de 60 ans, Dee Snider est d'une vitalité et d'une voix incroyables, et on se dit qu'il en a encore sous le capot ! D'autres ont fait le choix de mourir sur scène, comme Lemmy : le combo nous offrira un coup d'oeil appuyé à ce dernier en se faisant accompagner par le guitariste Phil Campbell sur "Shoot 'em Down" et "Born To Raise Hell". A la fin du show, nous sommes loin d'être étreints par l'émotion comme nous avons pu l'être l'année dernière en suivant la prestation de MOTORHEAD, tant TWISTED nous semble en forme. Pas de regret donc. Je pourrai toujours dire que j'y étais avec des titres taillés pour le live comme "I Wanna Rock", "We're Not Gonna Take It", "SFM" mais aussi d'autres nettement plus Heavy mais tout aussi impactants ("Burn In Hell").
NAPALM DEATH (23h15 - 00h15 : Altar par Stef.)
Parmi les choix les plus cornéliens à faire en termes de programmation, il y avait incontestablement ce créneau tant redouté du passage de la journée de samedi à dimanche. En effet, peu avant les douze coups de minuits, s'affrontaient à quelques centaines de mètres deux mastodontes du Metal extrême : sur ma droite, côté Altar, les légendes vivantes de NAPALM DEATH, et sur ma gauche, côté Mainstage, les travelos rigolos de TWISTED SISTER. Autant dire que je me foutais clairement de vos pommes quand je disais que le choix était cornélien, et vous me connaissez peut-être assez pour savoir que peu d'autres groupes m'auraient dissuadés d'aller mater une fois encore la bande à Barney. Remarque, vu la foule de pèlerins massée devant la scène, je n'étais pas seul dans ce cas. Les lumières s'éteignent à 23h15, l'écho du show dantesque de PRIMORDIAL résonne encore, que débute la sépulcrale intro de leur petit dernier, Apex Predator – Easy Meat. Shane, Mitch, Barney et Danny s'installent, saluent, échangent des sourires et débutent leur set de malades avec la bien-nommée "Silence Is Deafeaning". Et direct, le décor est posé. La fosse se soulève et s'agite au rythme des blasts furieux de Danny et des gesticulations typiques de Barney, en grande forme vocale mais aussi physique, avec cette impressionnante perte de poids. C'est d'ailleurs toujours un brutal émerveillement de voir ce grand gosse en culottes courtes de 47 ans s'agiter comme un épileptique devant un os à moelle. Infatigables, les Anglais assènent leurs coups de boutoir avec les indémodables "Scum", "Deceiver", "Breed To Breathe", "Mentally Murdered", "Hierarchies" et autre "Nazi Punks Fuck Off". Une grande partie de leurs meilleurs morceaux y passe, mais c'est un poncif, tant chacun de leur titre offre une orgie de Death / Grind caramélisé aux oreilles les plus gourmandes. NAPALM DEATH, c'est la valeur sûre, l'impossible déception, et avec pas moins de 21 titres en une heure, sans parler des tribunes enflammées de Barney à la foule, des discours biaisés d'intelligence (chose rare) qui offriront un court répit aux spectateurs, personne n'aura rien à redire sur la performance haut-de-gamme de ces affreux monstres au coeur de guimauve. Comme s'il pouvait en être autrement...
FU MANCHU (23h15 - 00h15 : The Valley par Rivax)
FU MANCHU joue également pour la première fois au Hellfest cette année. Si les disques du groupe californien ont une légère tendance à tous se ressembler, sur scène, ils avoinent la pouliche. La tente se remplit copieusement et se retrouve pleine à craquer au début du concert. Le temps semble ne pas avoir de prise sur le quatuor californien qui joue ce soir la carte du souvenir en arborant le backdrop de la tournée King Of The Road et les éternels polos polychrome de Scott Hill. Pour rester dans le ton, FU MANCHU ouvre les hostilités avec "Hell on Wheels" tiré de l'album King of the Road (1999). La setlist égrène les grands moments de la carrière du groupe et ça groove sec. Le combo a tôt fait de nous faire oublier l'air humide et le sol boueux en convoquant un petit morceau de Californie à Clisson. A mi set, la traditionnelle reprise du "Godzilla" de BLUE ÖYSTER CULT vient remettre l'église au centre du village en rappelant à l'assistance magnétisée que les grands morceaux ne vieillissent jamais. Si on a tous un air favori, le mien est "Evil Eye" et la version qu'en donne le groupe ce soir en concert vaut à elle seule le déplacement. Le célèbre riff d'intro résonne sous la tente tandis que la rythmique lumineuse, portée par la batterie virtuose de Scott Reeder fait exploser un énorme pogo dans la salle. La vague grignotte peu à peu du terrain et à la fin du set, le premier tiers de la fosse est submergé par les danseurs extatiques et comme emportés par la musique. Si après ce spectacle il reste encore quelques crânes de puce pour penser que FU MANCHU est un groupe secondaire sur la scène Stoner, ils devraient se nettoyer les cages à miel !
A minuit 15 pétante, tous les concerts s'arrêtent tandis que sur les Main Stage démarre l'hommage à Lemmy et le traditionnel feu d'artifice que j'aperçois de loin (je ne suis pas un grand fan de feux d'artifice et j'ai laissé ma dernière once d'énergie dans le pit de la Valley). (Rivax)
GUTTERDÄMMERUNG (01h00 - 02h00 : Warzone par Le Comte De La Crypte)
L'intention était louable : proposer au festivalier une expérience nouvelle, mêlant l'image au son, "mi-concert rock, mi-expérience immersive dans un film dans lequel on retrouve certains des plus grands rockeurs de la planète". Telle est l'ambition de l'artiste suédo-belge Bjön Tagemose. Si sur l'écran apparaîtront des figures aussi éminentes qu'Iggy Pop, Lemmy Kilmister, Slash, Tom Araya, Marc Lanegan ou Jesse Hugues, le backing band est censé interpréter un certain nombre de classiques du Metal. Encore faut-il avoir fait preuve de patience. Car la mise en place du spectacle est particulièrement longue et, mis à part le fait qu'il fasse nuit, rien ne nous plonge dans l'ambiance intimiste requise par ce type d'expérience. La Warzone a certes été réaménagée et constitue désormais un endroit agréable où déambuler, mais cela reste difficile de voir ce qui se passe sur scène en ce début de show : il faut tendre le cou et d'ailleurs, pour pas grand-chose ; c'est assez minimaliste : on se croirait au Festival d'Avignon ! Non seulement, il faut tendre le cou, mais aussi l'oreille, car en fond sonore, KORN, qui est en train de jouer sur la Mainstream, prend le dessus. On saluera donc l'initiative ; le résultat, lui, est nettement moins probant.
Bilan du Samedi 18 juin 2016 pour le Patriarche
- Révélation : LOUDNESS
- Coup de coeur : Avoir réussi à enchainer WITH THE DEAD avec THE TOYDOLLS, le choc des genres, le choc des cultures et avoir fait un grand voyage dans le temps.
- Déception : JOE SATRIANI, pas le lieu, pas le moment, pas à sa place... Le Hellfest n'est pas "Guitare en Scène" festival de Saint Julien en Genevois.
- Hors Concours : Notre adieu à Sir Lemmy Kilmister, anobli par tous les festivaliers, avec une explosion d'étoiles, rien que pour lui.
Bilan du Samedi 18 juin 2016 pour Rivax
- Favori : FU MANCHU
- Découverte : ASPHYX
- Déception : DISCHARGE
Bilan du Samedi 18 juin 2016 pour Le Comte De La Crypte
- Coup de coeur : THE TOY DOLLS
- Déception : j'ai raté "I Want To Know What Love Is" de FOREIGNER parce que j'étais en interview.
Bilan du Samedi 18 juin 2016 pour Line44
- Coup de coeur : DARK FORTRESS
- Déception : DARK FUNERAL (ils ont réussi à m'endormir !)
- Surprise : FU MANCHU
Bilan du Samedi 18 juin 2016 pour Stef.
- Moment marquant de la journée : "I Want To Know What Love Is" en live et mourir
- Révélation : DARK FORTRESS
- Coup de coeur : SIXX :A.M, ASPHYX, PRIMORDIAL
- Déception : Le nouveau gueuleur de DARK FUNERAL qui n'arrive pas à la cheville d'Emperor Magus Caligula, AGORAPHOBIC NOSEBLEED dont je ne sais toujours pas si j'ai adoré ou détesté et le feu d'artifice "hommage à Lemmy"... tout un pataquès pour ça ?
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Dimanche 19 juin 2016
C'est le dernier jour qu'on prend conscience de tout ce qu'on aimerait voir dont on n'a pas encore profité. Le Hell City Square, l'Extrême Market, le bar à Muscadet, les stands de merch, le tatoueur officiel... Tant de choses que je vais essayer de caser dans un programme bien chargé par une affiche réjouissante côté Warzone et deux interviews hautes en couleur, les texans de POWER TRIP et les brésiliens de RATOS DE PORAO. (Rivax)
MUNICIPAL WASTE (12h15 - 12h45 : Main Stage 2 par Rivax)
Le groupe américain se produit devant un public clairsemé et encore mal réveillé. Le backdrop représentant Donald Trump se tirant une balle dans la tête ne laisse planer aucun doute sur les convictions politiques du quartet de Richmond. Et pour bien enfoncer le clou, Tony Foresta en grande forme annonce qu'il a composé une nouvelle version de la chanson "I want to kill the President" écrite en 2003 en l'honneur de George W. Bush. Et d'enquiller sur la version originale et la nouvelle version, le tout en moins d'une minute, chacun de ces deux brûlots durant exactement 17 secondes. Le son est excellent, le groupe motivé et les méchantes claques se succèdent sans répit mais il manque une petite once de folie pour sortir le public un peu éteint de sa torpeur dominicale. Sous les derniers applaudissements, Tony Foresta nous remercie en nous invitant à aller découvrir deux excellents groupes qui se produisent cet après-midi, TURNSTILE et POWER TRIP, ça tombe bien, c'est exactement ce que j'avais l'intention de faire.
DEATH ALLEY (12h50 - 13h30 : The Valley par Le Patriarche)
Ceux qui ont suivi le parcours de THE DEVIL'S BLOOD jusqu'à l'écran final "The End" se doivent d'être là pour retrouver Oeds Beydals, ex guitariste du défunt combo. Il nous revient avec le groupe batave DEATH ALLEY. Le combo vient présenter son album Black Magick Boogieland avec notamment son titre phare "Supernatural Predator" qui avoisine les quinze minutes mettant en lumière l'univers psychédélique du six-cordiste Oeds Beydals et le groove distillé dans son jeu. Le chant de Douwe Truijens détonne par son côté plus agressif, nous tiraillant entre deux mondes, chacun semblant tirer de son côté, nous empêchant de décoller pleinement, cherchant notre voie, mais DEATH ALLEY ne prétend pas être un chemin de promenade.
ORPHANED LAND (12h50 - 13h30 : Mainstage 2 par Le Comte De La Crypte)
Les Israéliens, par la voix de leur leader New Age aux pieds nus, Kobi Fahri, sont venus nous délivrer un message de paix. Cela faisait un bail que je ne les avais pas entendus puisque cela remontait à l'édition 2011 du Hellfest. Entre-temps, je n'avais pas suivi particulièrement le groupe ; pourtant, leur prestation m'avait marqué : la preuve, je suis encore là à les attendre en 2016. Il faut dire que cet Heavy Prog aux sonorités orientales prend toute sa dimension en live, les interpellations du public étant nombreuses. Il y a une vraie communion entre le groupe et le public : pas de pogots ici mais plutôt des vagues que créent les festivaliers, les bras levés... En mêlant dans un même symbole, l'étoile de David, le croissant et la croix (non inversée), ORPHANED LAND appelle au dialogue interreligieux, car nous sommes tous frères et soeurs comme ils le proclament à travers "All Is One". Et pour les réfractaires, n'exagérons pas non plus : il ne s'agit pas d'un prêche et l'on peut très bien en faire abstraction pour se laisser bercer par ces mélodies envoûtantes et dansantes ("Sapari"). Et parce que nous les metalleux, on est de vrais méchants, on pourra se rattraper plus tard dans la soirée – histoire de sauver la face – avec DEICIDE !
FALLUJAH (12h50 - 13h30 : Altar par Stef.)
Brutalisée par les vieux briscards d'ASPHYX, de NAPALM DEATH, de TERRORIZER, d'ENTOMBED A.D, de SACRED REICH, d'OVERKILL, de VADER et de TESTAMENT pendant deux jours, la Altar se réjouissant de voir en ce dimanche matin ensoleillé les légers petits californiens de FALLUJAH fouler ses planches rabotées. Manque de bol, leur Death Metal atmosphérique, lui, est plutôt du genre hyper fat, borderline, pas loin de brouiller la frontière entre Deathcore et Death atmo, mais ne franchissant jamais la ligne jaune. Pour leur première apparition en festival européen, FALLUJAH aura littéralement chauffé à blanc le public, emmené par Alex Hofmann, un frontman très habile dans son rôle de tornade scénique. Techniquement au point – ce bassiste inoubliable qui a un calamar dans chaque main et un onion-ring à chaque lobe d'oreille -, rôdé aux planches, le groupe fait parler la poudre et défend avec maestria son dernier opus, Dreamless : "Amber Gaze" et "The Void Alone" font mouche ! Entre breakdowns, growls et batterie un chouïa triggée (allez, ça passe pour ce matin), FALLUJAH aura fait le job, même si son principal atout, les parties technico-atmosphériques seront passées à la trappe, faute d'un son suffisamment propre.
SKALMOLD (13h35 - 14h15 : Temple par Line44)
SKALMOLD arrivant tout droit d'Islande est là en ce dimanche pour nous offrir son Folk Metal. Rien de bien neuf me direz-vous. Effectivement, ce genre n'est pas en reste sur le festival. Vous avez tout entendu, tout vu ? J'en doute.
Alors oui nous assistons aux contes de légendes nordiques en tous genres (paroles intégralement écrites en islandais par le bassiste Snaebjorn Ragnarsson), oui l'ambiance est épique et folklorique, mais la surprise réside dans l'attitude du combo.
Dès lors qu'ils ont pénétré sur la scène de la Temple nous avons été frappés par les sourires. Tous les protagonistes affichent une mine plus que réjouie d'être là, en France, pour nous et pour partager ensemble un intense moment festif.
L'heure était, en n'en pas douter, à la simplicité et au plaisir. Certains diraient que vu le jeune âge du groupe (sept ans) ils n'allaient pas se la raconter aux côtés de pointures comme EMPYRIUM ou KORPIKLAANI, mais de vous à moi, ils n'en avaient aucunement besoin.
Ils sont, de par leur complicité sur scène mais aussi avec le public, une entité à eux seuls. La proximité qui s'installe immédiatement insuffle un élan de générosité et de bonheur extrêmement contagieux. Rares sont les fois où j'ai eu l'impression de faire partie de la tribu. Cette humilité était la preuve qu'ils ne venaient pas pour en mettre plein la vue, mais bien pour échanger autour d'une passion commune, la musique.
C'est simple, outre le set effectué à la perfection, leur attitude restera imprimée dans la mémoire de tous ceux qui auront eu le plaisir de partager avec ses hommes, ses frères, ses amis, ce merveilleux instant de communion.
TURNSTILE (13h35 - 14h15 : Warzone par Rivax)
Les américains ont attiré pas mal de monde pour leur premier concert au Hellfest. Le public a peut-être été alléché par le booklet qui annonce clairement la couleur : "Tous ceux qui ont assisté à un concert du combo peuvent en témoigner : quand le groupe investit une scène, il est simplement impossible de ne pas se laisser contaminer par ce putain de groove, quoi." Nous voilà prévenus. Quand les cinq musiciens prennent possession de la scène, on a bien vite fait d'oublier qu'ils ressemblent à une bande de collégiens venus ambiancer le bal de la promo. Car sous leurs allures de gentils ados propres sur eux, les yankees sont de vrais coreux qui bottent des culs. Les musiciens sont tous très mobiles et communicatifs mais c'est bien sûr vers le frontman Brendan Yates que tous les regards sont le plus souvent braqués. Coupe de cheveux proprette, tout de noir vêtu, le chanteur virevolte sur la scène et saute régulièrement dans la fosse photographe d'où il invite les slammeurs à le rejoindre, déclenchant dans le pit une génération spontanée de slam qui vient frétiller vers le jeune américain comme un banc de requins à qui on jetterait le cadavre d'un bébé phoque. L'équipe de sécurité a du mal à contenir le flot de fans qui dégouline depuis le pit. Un pit dans lequel tout le monde mosh à qui mieux mieux. TURNSTILE envoie une musique de killer, pas hyper originale certes, mais diablement efficace et rentre dedans. Une musique collégiale qui fait bien le ménage entre les oreilles. La pression ne retombe jamais, les morceaux s'enchaînent à un rythme de fou, taillés dans le béton, Hardcore. Les 40 minutes passent vitesse grand V et Brendan Yates réserve une dernière petite surprise finale quand il se précipite à son tour dans la fosse où il se laisse porter par la foule en délire. Oui, ce set était une tuerie, probablement un des points d'orgue du festival. Même si les deux disques publiés par le groupe à ce jour ne cassent pas des briques, l'expérience de TURNSTILE en live ne laisse pas indemne.
KING DUDE (14h20-15h00 : The Valley par Line44)
J'avoue, KING DUDE est l'artiste que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam avant de voir la prog du Hellfest. Alors en grande curieuse que je suis je me suis aventurée dans les méandres de ce dandy gothique, pour voir, et peut-être ne pas passer à côté d'une petite pause salvatrice dans le week-end.
Bingo, je suis conquise. Ce travers atypique (pour moi) me tente bien.
Je suis donc à l'heure pour la prestation de ce monsieur. Je ne m'étais pas trompée, aucune agressivité, pas de hargne intempestive. De la noirceur pour sûr, mais déballée avec beaucoup de douceur et de torpeur.
La troupe réalise une prestation très classe, dress code noir certes, mais attention pas le vulgaire tee-shirt difforme d'un groupe adulé, chemises s'il vous plaît et rentrée dans le pantalon.
Quand on fouine du côté du net on associe souvent KING DUDE (Thomas Jefferson Cowgill de son vrai nom) à Johnny Cash, mais il est vrai que c'est parfois à s'y méprendre.
Là où tout est figé, la musique exulte. Peu voire pas de mouvement, pas de déplacement, mais une énergie développée avec minutie dans l'oeuvre musicale avant tout.
Cet élégant monsieur m'aura offert cette petite bulle d'air, plus sain que celui que je respire habituellement, un bref instant de rêve et d'imaginaire, orchestré à coup de voix rocailleuse et de sobriété.
THE SKULL (14h20-15h00 : Altar par Stef.)
Comment résumer la performance de THE SKULL à l'heure de la sieste en une seule lettre ? Facile ! ZzZzZzZzZz. Certains l'auront trouvé culte ou magnétique, d'autres sympathique mais sans plus... La vérité, c'est que je ne suis ni d'une école, ni de l'autre. Je suis de ceux qui pensent que quand on porte le nom de Wagner ou qu'on a joué 16 ans dans TROUBLE comme Ron Holzner, on n'a pas le droit de produire une prestation aussi creuse, en dilettante, dénuée de ce feeling "Doom" qui a construit la réputation de ses membres. Personnellement, je n'avais pas envie de me mettre au premier rang (par curiosité, il est vrai), pour entendre quatre chansons dont deux reprises de TROUBLE ("At The End Of My Daze" et "The Tempter"). Je n'avais pas envie de voir d'aussi près Eric Wagner chantonner nonchalamment, s'enfiler un paquet de clopes, me sourire de ses dents gâtées et simuler à la fin que c'était le meilleur concert de sa vie en pointant sur moi son gros pouce jauni par le filtre de ses cigarettes. Ce côté "rockstars du Doom" en déambulateur m'a gêné, moins d'ailleurs que la musique en elle-même, qui, si on la décortique, n'est qu'un aggloméré pas bien vilain de riffs Doom beurrés de psychédélisme bon marché comme on en trouvait d'ailleurs beaucoup sous la... Valley. Car oui, outre le show pathologiquement soporifique, il y a pour moi une vraie erreur de placement pour ce mini-mini-mini-supergroup dont les influences balaient de façon sporadique les vieux de la vieille encore plus vieux qu'eux, de BLACK SAB' à PENTAGRAM en passant pas SAINT VITUS et compagnie, tout ce qu'un public bien défini qui aura passé son week-end sous la tente voisine aurait apprécié. Bref, un show fleurant bon la naphtaline et la cendre froide, réservé aux initiés qui, contrairement à moi, n'en avaient rien à cirer de la venue imminente des furieux de BRODEQUIN sous cette même Altar.
POWERTRIP (15h05 - 15h45 : Warzone par Rivax)
Originaire de Dallas, POWER TRIP est un groupe de Crossover fondé par en 2008. Le groupe jouit d'une réputation sulfureuse car les concerts qu'il donne finissent souvent en boucherie. C'est le genre à démarrer un concert en balançant un pied de micro dans la tronche du premier rang du public ou inciter les fans à sauter du balcon dans la fosse. Ces mecs sont là pour mettre le feu à n'importe quel prix et leur fanbase est prête à les suivre dans tous leurs délires. POWER TRIP a sorti un album en 2013, Manifest Decimation, et il porte bien son nom, car là où le quintet passe, l'herbe ne repousse pas. C'est devant une assistance un petit peu moins dense que pour TURNSTILE que POWER TRIP nous balance sa rouste. C'est une nouvelle fois un groupe de teenagers withe trash yankee qui investit la scène. Cheveux longs, tshirt noirs, shorts ou treillis... classique. Riley Gale (chant) arbore une casquette SLAYER, une longue tignasse et une petite moustache filandreuse. Même si les cinq texans n'ont pas exactement la tête de boys scouts vendant des cookies au porte à porte, ils n'ont pas non plus la méchante dégaine des vétérans de RATOS DE PORAO qui doivent jouer plus tard sur la Warzone. Pas de backdrop, pas de salut au public, pas de présentation du groupe, POWER TRIP est là pour faire le job et balancer toute son énergie dans le pit. Cela commence par une énorme vocifération du chanteur qui laisse ensuite passer quelques minutes avant d'entonner le premier brûlot du set. Tout comme Brendan Yates (TURNSTILE) précédemment, le frontman ne tient pas en place, il courre d'un coin à l'autre de la scène, descend régulièrement dans la fosse photographe d'où, hissé sur le bord des crash barrières il harangue la foule qui se masse convulsivement devant lui. On serait d'ailleurs tenté de comparer les deux sets qui ont pour point commun l'énergie brutale de leur musique et la folie communicative de leur frontman. Mais musicalement parlant, le Crossover de POWER TRIP joue une ou deux divisions au-dessus du Hardcore de TURNSTILE. Chez POWER TRIP, il y a bien sûr de la grosse musique mastoc en mode bulldozer lancé dans ta gueule à plein régime, mais il y a aussi une construction mélodique, des compos bien foutues, du soli de guitare quand il faut et de super bons lyric, politiques, sociaux et anticléricaux, à l'instar de leur hymne "Crossbraker" : "The Crossbreaker, the pain reliever / I'll rip the nails from your veins / To the believers who shout deceiver: Dare you to spit in my face / Offered you a finer truth, a realm beyond your shallow pain / The universe becomes a pulpit lose yourself in infinity space". C'est à l'écoute de cette musique qu'on comprend que la casquette de Riley Gale n'a rien d'un artifice. Ces mecs ont biberonné du SLAYER et bien retenu la leçon du bon hymne Thrash à la sauce Araya. Il y a chez POWER TRIP la même rage, la même énergie et le même groove que chez leurs aînés qui doivent d'ailleurs se produire sous peu sur la Main Stage 2. Inutile de vous dire que l'ambiance est bien bouillante sur la Warzone où les mosheurs, slammeurs et furieux en tous genre s'en donnent à coeur joie. Cette première visite à Clisson est la deuxième date que le groupe donne en France. Elle vient clôturer la première tournée européenne de POWER TRIP et je ne peux qu'espérer revoir le groupe en concert rapidement.
THE VISION BLEAK (15h05-15h45 : Temple par Line44)
Postée quasiment au premier rang je me suis délectée d'un, c'est quoi ce genre déjà, ah oui de l'Horror Metal ou du Dark si vous préférez. Bref, oui Monsieur Ulf Theodor Schwadorf (EMPYRIUM) a eu la soudaine envie il y a quelque temps déjà d'aller flâner dans d'autres contrés que le traditionnel Folk Metal d'EMPYRIUM et de s'amuser un peu du côté de l'horrifique et du fantastique.
Grand bien nous fasse, on va se régaler de multiples démonstrations de ce sous-genre sorti d'on ne sait où, mais qui offre un panel assez alléchant.
THE VISION BLEAK a l'art et la manière de nous raconter les pires horreurs savamment enrobées de somptueuses orchestrations et ponctuées d'une narration glauque, oeuvre de Allen B. Konstanz (chant). D'ailleurs on sent bien le travers autoritaire de l'accent allemand et il se marie à la perfection avec la tragédie qui se joue dans chaque épreuve. Pourtant ce blondinet au teint blafard n'a de cesse de prendre un aspect sarcastique qui donne au set une part de théâtralité et donc d'un peu de légèreté dans cette marche funeste.
Quarante minutes à errer dans les couloirs sombres d'un manoir hanté c'est flippant, mais c'est aussi délicieux lorsque l'on est accompagné d'un majordome tel que Scwardof (guitare). Il n'en est pas à son coup d'essai et ça s'entend. Il est habité par sa musique et nous emmène avec lui dans des solos à couper le souffle.
OK on a compris on n'est pas là pour assister au bal de la marquise, mais bien pour chasser les badauds venus fureter dans la propriété maître allemand sans y avoir été invité.
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RATOS DE PORAO (16h45 - 17h35 : Warzone par Rivax)
Ce groupe de Hardcore brésilien fondé en 1980 se produit assez rarement en Europe et je n'ai pas envie de louper l'occasion de voir ces légendes en chair, en os et en tatouages, surtout que je dois également les interviewer plus tard. Il y a beaucoup de monde, y compris des supporters brésiliens qui arborent fièrement le drapeau national. C'est un set qu'on dirait taillé exprès pour un festival de Metal que nous proposent les brésiliens puisque, comme l'atteste leur backdrop, ils ont choisi d'interpréter l'intégralité de Anarkophobia, leur cinquième album paru il y a 25 ans. C'est le premier disque de la phase Crossover de RxDxPx et l'album considéré comme le plus Metal de leur énorme discographie. A l'instar de DISCHARGE hier ou de VISION OF DISORDER vendredi, RATOS DE PORAO suinte le Hardcore par tous les pores. Tatouages de gangs, bandana noir, lunettes de soleil, mine patibulaire et grosse voix d'ogre, l'énorme Joao Gordo (au propre comme au figuré) n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour faire passer son message loud and clear. Les brésiliens nous servent tout l'attirail d'un bon vieux Crossover bien méchant et pas caricatural pour deux ronds. Les mecs sont à fonds et le public le leur rend bien. C'est donc gonflé à bloc que je me retrouve à la Pressroom pour interviewer Boka, le batteur de la formation. Il est arrivé "seulement" en 1994 mais il a l'avantage de bien parler anglais et l'interview de vingt minutes qu'il nous octroie vaut son pesant de feijoada.
BLIND GUARDIAN (17h40 - 18h30 : Mainstage 2 par Le Comte De La Crypte)
Le Heavy Metal traditionnel existe encore bel et bien, tout n'est pas qu'une question de post, post-Rock, post-Black, post-Core... D'ailleurs, autant qualifier le Heavy de traditionnel paraît redondant, autant parler de post-Heavy semble incongru. Il n'empêche – et ce constat est globalement le même à chaque édition du Hellfest – le Heavy Metal ne se taille pas la part du lion niveau programmation. C'est dire que l'on ne boude pas son plaisir lorsqu'une figure emblématique du genre, tendance Power Metal, se présente sur scène. Cela fait 9 ans que les allemands n'avaient pas foulé les planches de Clisson mais leurs "tubes" qui seront joués ce jour continuent de résonner à nos oreilles : "The Script Of My Requiem", "Valhalla", "The Bard's Song", "Mirror Mirror"... Malgré une foule immense, à l'étroit entre GOJIRA et SLAYER, ces mélodies progressives, mélodiques et folkloriques se frayent un chemin pour venir nous entêter et nous apaiser dans ce monde de brutes. Apaisant ne signifiant pas mou du genou, car Hansi Kürch nous offre de jolies envolées lyriques et les musiciens ne sont pas en reste. Une belle prestation qui donne définitivement envie de voir plus de formations de ce genre sur les Mainstages.
KADAVAR (17h40 - 18h30 : The Valley par Le Patriarche)
Les membres majoritairement berlinois et velus du combo se présentant sous les pseudos de Lupus, Dragon et Tiger font la tournée des festivals pour promouvoir leur troisième album Berlin. KADAVAR introduit son set avec "Lord Of The Sky" piochant pour moitié dans son dernier album et pour le reste entre l'éponyme Kadavar et Aba Kadavar. Pour leur deuxième passage au Hellfest le groupe est attendu d'autant plus que l'album Berlin est unanimement salué. Toujours un rock lourd labellisé vintage, y compris le dress-code de ces messieurs, un mid-tempo omniprésent, le tout teinté de psychédélique, un son entre PENTAGRAM et HAWKWIMD. Le tout est implacable, fiable, maitrisé. On a l'impression de rouler dans une berline allemande, par contre ça consomme beaucoup, c'est fou ce que l'on descend comme liquide houblonné avant d'avoir fait un seul kilomètre...
KATATONIA (19h30 - 20h25 : Altar par Line44)
Les suédois de KATATONIA n'en sont pas à leur première apparition au Hellfest et se positionnent même comme une valeur sûre. Le degré d'exigence en est pour le coup assez élevé. Au grand désarroi de beaucoup d'entre nous, les premières minutes vont être fatales. On peine jusqu'à reconnaître le morceau joué.
Triste constat, le son est ....... Désolée pas de mots pour qualifier vraiment la situation. Quel dommage car ils nous servent de leurs plus beaux attraits malgré tout. Jonas Renkse semble à bout de souffle parfois même si la volonté est là.
Ce n'était pas le bon jour voilà tout.
HEAVEN SHALL BURN (20h30 - 21h25 : Warzone par Rivax)
Avec son show millimétré, très théâtral et pyrotechnique, HEAVEN SHALL BURN pourrait passer pour le petit frangin Deathcore de RAMMSTEIN. Le concert démarre par l'envol d'immenses serpentins de papier blanc qui recouvrent toute la fosse. Plus tard, des geysers de flammes montent de l'avant-scène à intervalles réguliers. Enfin le dernier morceau se termine en apothéose avec en arrière-plan le feu d'artifice tiré pour le final de GHOST et qui se positionne très opportunément pile derrière la scène et un bombardement de confettis. Ces petits à côté ne viennent nullement faire oublier l'essentiel : le groupe envoie un putain de Deathcore des familles et mouille littéralement la chemise, la liquette rouge du chanteur se teintant rapidement d'ombre et finissant bonne à tordre. Bref, ça ne rigole pas du tout ce soir sur la Warzone avec un pénultième concert tonitruant. Le public ne s'y est pas trompé et la fosse est pleine à craquer. Si l'on a pu déplorer une croissance du nombre de touristes sur le site ce weekend, ils sont probablement restés sur la Main Stage pour le concert de GHOST car ici, sur le gazon encore bien dru, il n'y a que du metalleux qui n'est pas arrivé ici par hasard (mis à part peut-être mon voisin de gauche qui s'est endormi dans l'herbe et que je devrai trainer à bout de bras pour lui éviter d'être piétiné par un circle pit). Car du Circle Pit et du wall of death, on en a eu comme qui dirait notre dose, la plupart du temps à la demande de Markus Bischoff qui, voyant que le public réagit au pied levé, lui en demande toujours plus : un circle pit qui aille jusqu'au local son, trois circle pit contigus (pas obtenus, il n'y en a eu que deux), wall of death... ça remue beaucoup ce soir, comme si tout le monde prenait conscience que le festival touche à sa fin.
SLAYER (20h45 - 22h00 : Mainstage 1 par Le Comte De La Crypte)
Le terme "pit" traduit en français ne signifie pas seulement "fosse" : il peut aussi s'agir d'une "arène", dans le sens d'un espace clos dédié au combat. Et bien, un concert de SLAYER, c'est cela : rentrer dans l'arène, être prêt à prendre des coups... Dans la bonne humeur, certes, mais sans compromis. Pourtant, l'espace devant la Mainstage est bondé : à croire qu'ils sont nombreux ici à ne venir écouter qu'une légende sans en percevoir toute la violence qui transpire à travers chaque riff. Dans l'arène, on se prépare donc au déluge. Une entrée sur scène sur fond d'AC/DC : étonnant alors que commencer par l'intro de Repentless aurait amplement suffi... Malheureusement quelques secondes suffisent pour dresser un constat qui va fortement nuire à la prestation du groupe : le son est calamiteux ! Cela casse un peu notre entrain, mais je m'y jette quand même et perds déjà un bout de dent au moment du troisième titre... Le son ne s'améliore pas, mais cela ne semble pas perturber un Tom Araya, plutôt jovial, qui s'essaie au béret, ni un Gary Holt, qui, depuis qu'il s'est rasé le bouc, ne ressemble pas à une chèvre, mais presque... je plaisante, mais ça surprend. Un petit slam sur "Angel Of Death", en fin de show et on va pouvoir aller se poser un peu. Je réalise que j'ai du sang sur la manche droite de mon t-shirt... mais ce n'est pas le mien... moi, c'est l'oreille gauche qui saigne, et pas à cause des décibels ! Pensez aux bouchons !
BLACK SABBATH (23h10 - 00h40 : Mainstage 1 par Le Patriarche)
Impression bizarre, celle d'écrire le mot "Fin" avec cette tournée intitulée BLACK SABBATH The End, surtout pour le festivalier qui, adolescent a piqué en 1970 au Prisunic les premiers vinyles Black Sabbath et Paranoïd, et qui en 2013, s'est payé avec sa carte bancaire le CD laconiquement titré 13. Plus de quarante ans se sont écoulés avec les émois, les joies, les déboires de milliers de fans. Au fil des ans, ont résonné "War Pig", "Iron Man", "Paranoïd", "Sweet Leaf", "Heaven And Hell" et plus récemment "End Of The Beginning" titre tout plein de sens. Bande son de nombreuses vies qui se sont croisées lors de concerts, de festivals. Mais certains disent qu'il est encore trop tôt pour sortir son mouchoir car la vénale Sharon saura envoyer de nouveau au charbon son tendre et cher époux.
Le site du Hellfest est blindé. Chacun est bloqué ne pouvant avancer d'un pas. Certains festivaliers lancent, d'une voix fluette de nombreux "coucous" en écho à ceux qui fusèrent de la bouche d'Ozzy en 2014. Un Ozzy Osbourne qui nous revient en grande forme plaçant mieux sa voix au fil des morceaux. La setlist privilégie les premiers albums du groupe de légende. La période revisitée fait la part belle aux images psychédéliques diffusées sur les écrans géants. Un bonheur pour les photographes qui peuvent capturer les images azurées d'Ozzy ou Tony s'évanouir en milliers de papillons de couleurs, de jolis effets visuels. "War Pigs" nous apportera son lot d'images guerrières. Solo de batterie sur "Rat Salad". Geezer Butler impose le respect, un véritable chêne imperturbable à qui on doit beaucoup pour le gros son originel de BLACK SABBATH et l'écriture des premiers albums, pendant l'ère Ozzy, celle qui est mise à l'honneur ce soir. Et décidemment Tony Iommi s'affirme comme le Django Reinhardt du Metal. Alors, ce n'est qu'un au revoir !
REFUSED (00h45 - 01h45 : Warzone par Rivax)
C'est REFUSED qui va clore cette saison 2016 du Hellfest sur la Warzone. Un groupe de Punk Rock suédois silencieux depuis dix-sept ans dont le dernier disque, Freedom attendu comme les saintes écritures, a laissé pas mal de fans sur leur faim. Mais à l'instar de bien d'autres formations qui ont foulé les planches du Hellfest ce week-end, il y a les disques et il y a la scène. Et le spectacle de REFUSED a fait l'unanimité pour lui ce soir. Le groupe craignait un peu de passer après les légendes de BLACK SABBATH et il est vrai que le public aurait légitimement pu être rincé après trois jours de musique, mais grâce à l'excitation du dernier concert et l'énergie de fou déployée sur scène, cet ultime spectacle a été une tuerie intégrale.
Les techniciens finissent leur sound-check, les lumières de la scène s'éteignent, une unique poursuite blanche est braquée sur un ampli sur lequel un roadie semble avoir oublié de débrancher une basse qui crache une note qui s'éternise, saturant l'atmosphère d'un son blanc, presque désagréable, comme un concert de Drone... ça dure, ça dure... ça dure tellement que le doute n'est plus permis : c'est fait exprès. Enfin, le son s'arrête tandis que le quartet emmené par le charismatique Dennis Lyxzén en costard rose fushia, chemise noire et bottines à talons entre en scène. Le groupe est servi par une sonorisation aux petits oignons et balance sans coup férir les plus gros morceaux de sa courte discographie. Le chanteur ne perd pas une occasion de dynamiser le public, l'interpellant ou esquissant l'un de ses fameux sidekick. Le set s'achève sur une version survoltée de "New Noise", le groupe quitte la scène en réitérant le coup de la guitare oubliée sur l'ampli. Le public se dirige lentement vers la sortie. Mon Hellfest 2016 s'est terminé en apothéose.
Bilan du Dimanche 19 juin 2016 pour le Patriarche
- Révélation : On compte sur nos doigts les éditions du Fury, du Hellfest, les années qui passent, et en regardant autour de soi on prend conscience que les premiers compagnons de route, les premiers avec qui on a partagé les concerts devant les mainstages, sous les tentes, sous le soleil, sous la pluie, et parfois quand on y pense jusqu'à sept dans la même chambre, sont devenus des amis, de véritables amis.
- Coup de coeur : Est-ce vraiment bien raisonnable !
- Déception : Après une éducation que l'on a cru parfaite voir son grand garçon de près de quarante ans se casser un morceau de dent et se couper l'oreille dans un circle pit, et un wall of death sur l'air de "Raining Blood" de SLAYER. Incorrigible ! que va dire sa mère !
Bilan du Dimanche 19 juin 2016 pour Rivax
- Favori : THE TOY DOLLS
- Découverte : POWER TRIP
- Déception : MEGADETH
Bilan du Dimanche 19 juin 2016 pour Le Comte De La Crypte
- Coup de coeur : THE TOY DOLLS
- Déception : le son catastrophique sur SLAYER (difficile à comprendre pour un groupe de cette trempe).
Bilan du Dimanche 19 juin 2016 pour Line44
- Coup de coeur : THE VISION BLEAK
- Déception : PARADISE LOST
- Surprise : KING DUDE
Bilan du Dimanche 19 juin 2016 pour Line44
- Moment marquant de la journée : Voir DEICIDE et mourir (sur un gazon qui aura bien tenu le choc !)
- Révélation : SKALMÖLD
- Coup de coeur : TAAKE, FALLUJAH
- Quand j'ai voulu quitter le set de TAAKE avant la fin pour aller me placer sur AMON AMARTH, Mainstage 02, et que j'ai dû faire demi-tour tant le mur de métalleux présent pour SLAYER était infranchissable. Sinon, MGLA est à revoir dans une petite salle obscure et l'enchaînement GHOST / BLACK SABBATH / KING DIAMOND m'aurait bien plu, mais on ne peut pas être partout hein...
A l'heure des bilans, une fois la tension retombée, je confirme, j'ai adoré ces trois jours. J'ai apprécié chaque minute de ma présence sur le site du fest mais pourtant force m'est de reconnaître que je m'attendais à une affiche plus dingue. Elle rassemblait des valeurs sûres et proposait quelques bonnes surprises mais on y trouvait, une majorité de groupes blanchis sous les harnais et près de 50 pourcent de récidiviste (45 pourcent des groupes étaient déjà venus au moins une fois et 39 groupes participaient au Hellfest pour la troisième fois ou plus !). A voir cette affiche, on peut s'inquiéter sur la santé de la scène Metal. Sans dénigrer les groupes fondateurs, on est en droit de se demander si le rôle d'un festival est de nous surprendre ou d'entretenir la flamme de nos souvenirs. Et partant de là, le festival s'adresse-t-il à des fans avertis et curieux ou à des novices, des metalleux du dimanche ou des touristes en goguette venus faire un tour de grande roue ou une descente en tyrolienne. Car s'il est un autre record qui n'a échappé à personne, c'est la croissance du nombre de "touristes" venus fouler le gazon du Hellfest pendant ce week-end : familles nombreuses avec enfants, petits couples de quinquas proprets, gros lourdauds bourrés venus exclusivement pour prendre l'apéro à toute heure du jour et de la nuit, mosheurs fous qui pogottent sur tout et n'importe quoi, même le jingle publicitaire de Arte Concert, pisses froids prenant des mines choquées, chiens, fauteuils pliants et attitudes déplacées... la liste est longue. Ce qui reste marginal pourrait se développer si la programmation continue à ne proposer que des vieux de la vieille et des groupes de Rock fédérateurs mais qui n'ont rien de Metal et consacrer une part de plus en plus conséquente de son budget aux installations au détriment de la qualité de l'affiche. Oh oui, le Hellfest bénéficiera encore pour quelques temps de l'aura des précédentes éditions et de la promesse de la venue de METALLICA pour vendre tous ses pass avant d'avoir dévoilé son affiche, car le public compte encore une majorité de fans fidèles et de metalleux passionnés. Mais combien continueront à lâcher 200 euros à l'aveuglette si c'est pour participer à une fête foraine avec une affiche manquant carrément d'audace. Le Hellfest est-il vraiment toujours un festival "par les fans, pour les fans" ou est-il en train de devenir une sorte de Wacken français où on va par habitude, quelle que soit l'affiche ? C'est la question que beaucoup d'entre nous se posent. On entend souvent qu'il faut avoir fait le Hellfest au moins une fois pour voir, mais après ? Qu'est-ce qui nous donnera envie de revenir l'année suivante ? Et si ce public Metal se met à bouder le Hellfest, que deviendra le festival ? (Rivax)
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Ajouté : Samedi 30 Juillet 2016 Live Reporteur : Rivax Score : Lien en relation: Hellfest Open Air website website Hits: 22315
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