IRON MAIDEN (uk) - Waldbühne à Berlin (31/05/16)
Groupes Présents au concert : THE RAVEN AGE (uk), GHOST (se), IRON MAIDEN (uk)
Date du Concert : Mardi 31 mai 2016
Lieu du Concert : Waldbühne (Berlin, Allemagne)
La tournée The Book Of Souls de IRON MAIDEN ne passant en France qu'à l'occasion du Download Festival, j'ai choisi d'aller voir les anglais en Allemagne, dans la prestigieuse Waldbühne de Berlin. Construite à l'occasion des Jeux Olympiques de 1936, la Waldbühne est un amphithéâtre à ciel ouvert. Imaginez une extrémité d'un grand stade dominant une fosse circulaire. Vous entrez par le haut, traversant un bout de forêt pour déboucher sur cette salle très pentue dont les zones sont séparées par des haies de buis et de petits murs de pierre sèche. Même si c'est très grand, vous n'êtes jamais vraiment éloigné du spectacle et vous pouvez l'apprécier en vous passant de la retransmission sur l'écran. Entourée par la sombre frondaison, la Waldbühne est un lieu assez magique. Le site accueille 500 000 visiteurs par an mais le meilleur moyen de découvrir ses charmes c'est lors d'un concert. On constate alors que l'aménagement du lieu a contribué à une acoustique de premier ordre. En fait, le seul problème d'une salle à ciel ouvert, c'est le temps. La saison des concerts ne dure que six mois et il y a toujours un risque de pluie. Heureusement, malgré une météo épouvantable dans toute l'Europe, les orages annoncés ont finalement contourné la ville et le concert s'est déroulé sans une goutte, dans une agréable chaleur printanière.
Ce soir MAIDEN est dans la place et la Waldbühne est sold out. 20.000 fans chauffés à blanc vont acclamer les six anglais. Vénérables vestes à patch, T-Shirt, drapeaux, les colifichets à l'effigie d'Eddy sont sur tous les dos. Nous allons à n'en pas douter assister à une grande célébration entouré d'un public averti et engagé.
Contrôles de sécurité oblige, la Waldbühne se remplit très lentement et la première partie assurée par THE RAVEN AGE démarre devant un parterre clairsemé. Originaire de Londres, THE RAVEN AGE est un jeune groupe de Heavy Metal mélodique mené par George Harris, le fils de Steeve Harris. Nonobstant les liens du sang, le groupe n'est pas tout à fait à sa place sur cette tournée car toute sympathique que soient ses chansons, c'est dans l'ensemble sans grande envergure et ça manque un peu de relief. Le combo se démène pourtant sur scène et parvient à capter l'attention de la fosse (déjà bien garnie), tandis que reste du public entrant dans l'amphithéâtre est surtout soucieux de trouver une bonne place, acheter une première bière et de quoi se sustenter en attendant les choses sérieuses. Le set se déroule donc dans une ambiance tout sauf recueillie et devant un public moyennement enthousiaste
Phénomène musical en puissance qui soulève tantôt l'enthousiasme, tantôt l'incompréhension, les suédois de GHOST qui prennent le relais sans tarder ne laissent en général pas indifférent. Ils bénéficient sur cette tournée du statut de special guest, mais leur set ne dure pourtant guère plus longtemps que celui de THE RAVEN AGE. Le groupe emmené par Papa Emeritus III semble être en pilotage automatique sur les premiers morceaux :"Spirit", "From The Pinnacle To The Pit" et "Ritual". Musiciens statiques, se déplaçant mécaniquement de la petite estrade où sont installés le batteur et le clavier jusqu'à l'avant scène, frontman un peu guindé dans son déguisement papal, tout cela manque de peps et de folie. Il faut attendre que Papa Emeritus laisse tomber la mitre et l'aube papale et apparaisse sur scène dans sa nouvelle incarnation (une sorte de baron samedi en frac, gants blancs et masque blanc et noir) pour que le set prenne une tournure moins guindée et plus délirante. Malgré tout, et contrairement aux concerts où le groupe est tête d'affiche, ce show à la Waldbühne manque un petit peu d'ambition en se contentant de reprendre fidèlement les morceaux de la courte discographie du quintet, et plus particulièrement de son dernier chapitre, le très bon Meliora. Si une partie du public semble apprécier le Rock démoniaque des suédois masqués, on parlera plus de bienveillante indifférence que d'enthousiasme. On applaudit mollement et on attend que ça se passe.
A la vue des réactions du public sur ces deux premières parties un peu poussives, on pourrait penser que les allemands n'ont pas beaucoup de jus dans le poireau. Il est vrai que l'assistance se compose de fans de la première heure et que l'âge moyen se situe dans la tranche 35 ans et plus. Les jeunes headbangueurs à longue crinière sont plutôt rares ce soir. Mais il s'avère bien vite que les 20.000 spectateurs ont choisi de concentrer leur énergie sur le clou du spectacle, car dès que retentissent les premières notes de "Doctor, Doctor", la chanson d'U.F.O qui annonce le début du set de la Vierge de Fer, tout le public se lève tel un seul homme pour acclamer ses héros.
Les techniciens découvrent le décor de scène qui était jusque là masqué. Suivant la thématique de l'album The Book Of Souls la scène prend des airs de temple Maya. Le concert est introduit par un film d'animation assez laid où on retrouve le Flight 666 emprisonné dans une jungle inextricable. Une énorme main rouge surgit alors du sol et pousse l'avion vers le ciel où il peut reprendre son vol. La scène s'illumine alors laissant apparaître un parterre moussu, des lianes et un backdrop figurant un ensemble de construction Maya. Le un chemin de ronde formé par les enceintes qui encadrent l'énorme kit orange et or de Nicko McBrain est recouvert d'un décor imitant les murs de granit verdâtre d'un temple perdu. Les premières notes de "If Eternity Should Fail" transpercent l'air et Bruce Dickinson, treillis beige, chaussures de randonnée et sweet à capuche fait son apparition perché sur une estrade à l'aplomb de la batterie. Il incante les premières paroles de la chanson penché au-dessus d'une vasque d'où dégouline une inquiétante fumée blanche. Le reste du groupe prend possession de la scène et envoie la sauce, rejoint par un frontman bondissant comme un cabri. Le show démarre au quart de tour et les inquiétudes du public sont au moins levées sur la capacité de Bruce Dickinson à tenir le chant. Le cancer de la gorge n'a pas altéré la voix du frontman. Certes, Bruce Dickinson n'est plus aussi fluide que dans ses vertes années. Mais s'il peine parfois sur les parties les plus rapides (comme l'introduction de "The Red and The Black" un peu bafouillée) ou sur les notes étirées (comme l'ouverture de "Hallowed By The Name" un peu écourtée), le chanteur est toujours capable de moduler et assurer le show sur la majeure partie du répertoire du groupe, en reposant son organe pendant les nombreuses, longues et jouissives parties instrumentales qui jalonnent la setlist. Le dernier opus est bien mis à contribution avec six titres sur les quinze interprétés ce soir. Et entre la doublette d'ouverture que le théâtral "If Eternity Should Fail" et l'électrisant "Speed Of Light", ou le grandiose "The Red And The Black". Ce morceau contient tous les éléments qui font le bon hymne de live : son refrain scandé par le public, ses parties de chant épiques et ces duels de guitares qui n'en finissent plus, voila une vraie partie de plaisir pour apprécier toutes les facettes du groupe. Un groupe qui donne tout ce qu'il a, multipliant les soli épiques et puisant généreusement dans son back catalog pour le plus grand plaisir des fans. C'est la quarantième date de la tournée et le show est bien rodé. Car sur cette tournée grandiose, le gang reproduit le même concert chaque soir. De l'ordre au choix des chansons en passant par les running gags : Bruce Dickinson titillant Janick Gers avec son Union Jack sur "The Trooper", le même Janick passant en courant entre les jambes de la marionnette géante Eddy sur "The Book Of Souls". Mais la recette ne gène pas le moins du monde un public qui est venu pour entendre les hymnes éternels de la Vierge. Ce public répond au quart de tour et exulte quand le groupe envoie "Powerslave", "The Trooper", "Hallowed By the Name", "Fear of the Dark" (dont l'intro est chantée d'une seule voix par toute l'assemblée) et bien sûr quand résonne la sombre introduction de "Number of the Beast", hymne parmi les hymnes. Le quinzième et ultime morceau de la soirée, "Wasted Years", tiré de Somewhere In Time est l'occasion d'un ultime duel de guitare et un solo magique et envoûtant d'Adrian Smith, histoire d'enfoncer le clou. Après deux petites heures de concert menées tambour battant, la scène s'éteint et le public se dirige sagement vers la sortie accompagné par "Always Look On The Bright Side of Life" (Monthy Python). On peut rester hermétique, voire rejeter la théâtralité outrancière de ce show, son film d'animation très laid, le nom moins laid Eddy de trois mettre de haut qui se gratte ostensiblement l'entrejambe sur "The Book Of Souls", ou le décor à la Tomb Raider, tous ces à côtés sont bien vite oubliés dès que retentit la musique de la Vierge de Fer. Ce qu'on retient de ce set magique, ce n'est pas ce décorum grand barnum digne d'une comédie musicale de Broadway mais bien les chansons interprétées ce soir là par un groupe qui blanchit sous les harnais mais tient encore bien haut l'étendard du Heavy Metal.
Setlist IRON MAIDEN
1. If Eternity Should Fail
2. Speed of Light
3. Children of the Damned
4. Tears of a Clown
5. The Red and the Black
6. The Trooper
7. Powerslave
8. Death or Glory
9. The Book of Souls
10. Hallowed Be Thy Name
11. Fear of the Dark
12. Iron Maiden
Rappels:
13. The Number of the Beast
14. Blood Brothers
15. Wasted Years
Ajouté : Samedi 11 Juin 2016 Live Reporteur : Rivax Score : Lien en relation: Iron Maiden website Hits: 8601
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